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Article publié le 14 novembre 2008. oOo
La Dame de Shalott Alfred Tennyson Traduction de Joachim Zemmour
Chant premier
Il y a là une rivière. Sur l’une et l’autre berge, S’étirent à l’infini des champs d’orge Et de seigle.
Et ceux-ci d’adorner l’étendue de la plaine Jusqu’au ciel ; Il y court un chemin Qui fuit à travers champ, là-bas Jusqu’aux mille tourelles de l’éternelle Camelot ; Là, passent et repassent les badauds, Les yeux tournés vers cet endroit Où s’efflorent des lys, Autour de cette île-là, en contrebas :
C’est l’île de Shalott.
Et les saules blanchissent ; Et les trembles frémissent ; Et des cendres dorées à la brune éblouissent Cette vague dolente qui, à tout jamais, glisse Contre l’île esseulée au milieu des deux rives, Où s’épanchent ces flots Qui s’en vont, là-bas, vers Camelot.
Quatre murailles solitaires, et quatre tours meurtrières, Surplombent un spacieux parterre De fleurs délétères ; Cet îlot silencieux empierre
La Dame de Shalott.
Près de la berge, qu’ombragent les saules Voguent de lourdes barges qu’entraîne l’épaule De quelque cheval nonchalant ; et la chaloupe, Inaperçue, glisse sa voile soyeuse et souple Là-bas, vers Camelot : Mais qui, qui l’a jamais contemplée ? Est-elle, le soir, à sa croisée ? Qui dans ce pays la connaît,
La Dame de Shalott ?
Sont-ce ces rares faucheurs ? Eux qui, tôt le matin, Au milieu des champs d’orge échevelés, Disent entendre sa voix claire et enjouée - Chantant depuis la rivière, et dont l’écho Voyage, au loin, jusqu’à Camelot ? Est-ce le triste berger, à la clarté lunaire, Occupé à sa tâche, au sein des hautes terres ? Lui s’arrête, dit-il, écoute et puis murmure : "C’est la Dame-fée de Shalott." |
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