Un arbre,

juste un arbre dans la lumière,

et déjà tout vacille.

 

Je m’y tiens,

muette et nue,

avec pour seule langue

le vent qui passe entre mes côtes.

 

Le monde ne dit rien,

mais il respire.

Et ce souffle me traverse.

 

* 

 

J’écris sans attendre.

Je suis la mousse,

le sable,

le bord de l’eau

où rien ne reste

mais tout s’imprime.

 

Les mots me quittent

comme les feuilles tombent :

sans colère,

mais avec lenteur.

 

* 

 

Je n’ai plus besoin de comprendre.

L’eau coule.

La pierre écoute.

Un oiseau s’élève dans l’invisible

et emporte avec lui

la phrase que je n’écrirai pas.

 

*

 

C’est assez.

 

Un pas sur la terre,

le froissement d’un souffle,

et l’éclat d’un silence

plus vaste que moi.

 

Voilà le poème.

 

Il commence

quand je cesse

de vouloir.