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![]() oOo Une poésie urbaine dont les images dansent sur la musique. Dont les corps s’entrechoquent en musique en bastons et en skate. En skate de nuit de jour pour sublimer la ville mangeuse d’ados. Fin du millénaire on répète cool on se moque du teenmovie à la préadolescence juste avant que les mecs deviennent cons dit une fille, mais la musique emporte le skate très haut dans le béton et la ville. En skate au milieu d’une quatre voies pendant que Fourthgrade filme, dans le parc de skate un sans-abri explique, eux disent la danse la liberté le skate. Stevie le petit Stevie avec sa bouille d’enfant battu par le grand frère n’arrête pas de rire. On surfe alors avec la fumée l’alcool la bière les cachetons la mort. On déverrouille la mère de toute manière pas de père on roule sans permis entre potes et le klaxon au dernier accident. Cette illusion de grandir dans les interdits le béton et la ville et le skate et la musique. Quand le cinéma emporte tout les ados le béton les flics la ville la bêtise les blagues bêtes l’alcool et l‘illusion (On tangue tellement du fait du skate ou du fait de l’alcool, on tangue tellement sous les caméras et les musiques). On skate comme dans une vidéo se dit le petit Sunburn. Qu’est-ce que c’est qu’un Black demande-t-il avant de se faire adouber par ses pairs. Se prend des coups du grand frère de la vie du béton tombe du haut d’un toit des coups de l’ancien copain des coups dans l’accident de bagnoles des coups encore des coups mais ne les mérite pas dit le grand Noir à la fin. Danse sur son skate danse pour ne pas être battu quand la mère absente ne voit rien danse sur le skate vole de l’argent fume boit sort avec une fille rit rit encore avant l’accident. Montage tellement rapide le noir avant l’accident un visage arrêt sur image puis le noir qui dure longtemps la voiture accidentée le klaxon surtout et Sunburn dans les vapes le noir encore le visage sous oxygène à l’hôpital le noir encore. Danser en skate sur le béton se prendre des coups sur le béton se prendre la vie sur le béton la course avec les flics les mecs qui prennent du crack seul interdit dans ce monde-là tu peux tout prendre sauf le crack tous les risques en musique sauf le crack. Très peu d’adultes à part la mère soi-disant immature les hommes ils sortent de sa chambre la musique la musique des adultes on ne verra que les mains un vigile noir qu’on traite de negro de toute manière qu’est-ce que c’est un Black. La mère avec les jeunes à la fin dans la salle d’attente de l’hôpital la mort réconcilie tous les âges les ados et la mère les ados endormis sur les fauteuils de la salle d’attente et la mère et leurs visages d’enfant encore. Seul le Black explique les vies derrière la caméra les vies derrière le skate (la mère alcoolique qui boit et frappe ses deux enfants le petit frère mort en traversant la route celui qui ne peut pas se payer une paire de chaussettes mais filme et filme celui qui prend trop de drogues et d’alcool et le Black s’inquiète alors tu sais la vie des autres n’est pas plus facile que la tienne). Danse sur skate danse sur la musique la musique dans le parc la musique depuis la tête de l’enfant la violence la douceur de la musique le béton le béton et les skates les beaux skates de toutes les couleurs et l’apprentissage. Les coups l’apprentissage les figures la danse des skates. Quelque chose de Paranoïd Park en plus teenager encore. Un teenmovie blessé et mélancolique comme les blagues de potache la frime débile et les mots qui font tarlouze dit l’un avant que le Black dise qu’on peut dire merci. Et en raccord final, le film dans le film le film de Fourthgrade, sur le lit d’hôpital sur la télé de l’hôpital, le film en image ronde, même titre Mid’90, montage rapide images-choc skates et sourires entrée dans l’adolescence survivre dans la ville avec des familles d’éclopés et le raccord final un plan noir d’un coup et le générique final générique du film et du film dans le film en même temps. Mettre de l’art dans le béton et pas seulement de l’informatique dit le SDF avant la descente de flics. Blind écrit sur le teeshirt du filmeur dont tous se moquent a huit ans d’âge mental ne peut aligner deux mots pas très beau mais lui fait le film, non pas le skate pour survivre mais le film du skate, ce qui sauve le skate ce qui sauve la vie le film. On filme comme on skate par à-coups en tombant se relevant par défi par exactitude et mélancolie par longs ondoiements par slaloms en dansant. On filme avec tout ce qui bouge tout ce qui fait cinéma le corps les ados le montage la musique envoûtante exaltante le récit d’apprentissage la multitude et la détresse et les coups. On filme sur le béton on accomplit le béton on danse le cinéma on s’éclate on éclate la vie on brusque le montage on skate le montage. |
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Commentaires :
Il y a dans ce texte d’Anne Barbusse plus qu’un regard sur un film. Il y a un passage. Un transfert. Une traversée. Quelque chose qui, depuis l’image, descend dans la langue. Quelque chose qui ne reste pas à la surface, mais plonge dans la peau du film, dans ses rythmes, ses blessures, ses musiques, pour en ressortir trempé de réel et de poésie.
Le poème ne parle pas de Mid90s. Il parle depuis Mid90s. Il est une voix embarquée, une voix qui danse et tangue, une voix de témoin impliqué. Une voix qui n’explique pas, ne commente pas, mais vibre au même diapason que ce qu’elle regarde. Le regard devient matière. Et cette matière, c’est une langue fragmentée, syncopée, ultra-contemporaine, une langue qui a perdu ses points comme on perd ses repères dans l’adolescence.
Il n’y a pas de ponctuation parce qu’il n’y a pas d’arrêt. Le rythme est celui de la chute sans fin, de la caméra embarquée, du skate qui fend la ville à toute vitesse, dans la nuit, dans le flou, dans la clameur sourde de l’existence. Chaque phrase est une ligne de fuite, un cri tenu. On y entend les corps, les insultes, la musique, les silences, les accidents. On y sent les murs, le béton, les plaques d’égout, la frime, la honte, les caresses de hasard, et les amitiés plus fortes que tout.
Le poème devient lieu d’accueil du film, mais aussi lieu de prolongement. Il continue là où le film s’arrête. Il regarde ce que le cadre laisse hors-champ : les sensations persistantes, le goût âcre dans la bouche après la bière trop chaude, le silence dans la voiture après le klaxon, l’enfance à l’hôpital, allongée dans un lit sous oxygène, pendant que le film du film rejoue sur l’écran télé.
Il y a une puissance de l’empathie chez Anne Barbusse. Une capacité rare à entrer dans les nervures d’une œuvre sans la surplomber, sans la trahir. Elle suit les gamins du film comme une grande sœur silencieuse. Elle dit leur langue, leurs gestes, leurs vertiges, avec une justesse charnelle, un rythme organique qui fait du texte un second film, mais écrit celui-là. Un film-poème, brut, tendre, étourdissant, d’une lucidité tremblée.
Ce n’est pas un hommage : c’est une recréation. Un pas de côté du film, sur la même ligne sensible. On n’est plus dans la critique, mais dans la réverbération. Dans cette zone magique où l’art appelle l’art, où une œuvre en provoque une autre, comme le skate provoque la chute, la chute provoque le rire, et le rire, parfois, l’écriture.
Et dans ce texte, c’est la langue elle-même qui skate, qui danse, qui fend la page et se relève, à chaque mot.