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Poésie et philosophie, l'œuvre de Jacques Garelli : histoire d'un compagnonnage heureux.
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 Article publié le 14 décembre 2008.

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 Dans le volume Penser le poème qui accompagne la réédition de trois recueils de Jacques Garelli et qui est un ensemble d’essais composé en hommage au poète et au philosophe, Kostas Axelos pose deux questions qu’il estime essentielles, auxquelles J. Garelli répond ensuite d’ample manière.

La première question concerne le rapport de la pensée (philosophique) et de la poésie. [L’auteur du Jeu du monde ajoute :] …il nous faut avouer que nous ne voyons pas clair dans la problématique du lien qui unit et sépare poésie et pensée.

La deuxième question se formule ainsi :

[…] comment éviter les découpages traditionnels qui semblent aller de soi et ne parviennent pas à questionner ni ce qui est nommé le “général”, ni ce qui le tient au présumé “spécial”, ni ce qui unit et différencie les divers déploiements des dimensions spécifiques ? (PlP, 187-188)[1].

En particulier, qu’est-ce qui pourrait distinguer une ontologie qui se voudrait “générale” d’ontologies “régionales” ? On le voit, la question du lien est aussi celle de la différence ou plutôt de la différenciation ou de la distinction qui reste nécessaire, et l’inquiétude qui est celle du penseur qui commença par interroger Marx et Héraclite rejoint celle de nombreux phénoménologues : ne risque-t-on pas d’un côté une fusion qui irait jusqu’à la confusion (entre poésie et philosophie, par exemple ; ce que certains reprochent au dernier Heidegger), de l’autre un émiettement qui, en sauvant apparemment les spécificités régionales, risquerait de faire perdre la compréhension qui tente d’envisager le tout ou le mouvement d’ensemble, ce qu’essaie de nous faire tenir le terme même de “monde”, conçu alors plutôt comme un jeu que comme un système ? La longue réponse que réserve J. Garelli au double souci ainsi exprimé lui permet de reparcourir l’ensemble de sa propre entreprise, théorique et poétique, et de montrer en quoi elle échappe au double écueil évoqué, confusion ou pulvérisation, comment, de plus, elle réussit à traverser les clivages et les spécialisations mutilantes en exhumant constamment le soubassement même du “général” comme du “régional” ou du “spécial” c’est-à-dire la puissance constitutive, pour notre présence humaine au monde, de la dimension dite préréfléchie ou préréflexive (à la fois proto-ontique, préindividuelle, antéprédicative, préthématique et non symbolique) où s’originent notre dire, notre faire et notre être ; dimension dont l’œuvre d’art en son “logos” singulier préserve et manifeste l’évanouissante émergence.

Les deux voies de l’entreprise garellienne se distinguent parfaitement : la création où par le travail poétique sur les aspects phoniques, rythmiques, syntaxiques et paradigmatiques (mais aussi symboliques) du langage il fait surgir ce qui reste inaperçu et oublié dans le discours ordinaire ; la réflexion philosophique qui, par un vaste parcours de l’histoire de la pensée, quête des intuitions susceptibles d’éclairer l’accès à cet insu constituant, de Platon à Husserl, Heidegger et Merleau-Ponty en passant par Kant, et qui, d’autre part, ouvre à la lecture et à l’interprétation de multiples exemples poétiques par une méthode d’analyse qui permet de faire entendre la spécificité d’un “logos” irréductible au discursif tout comme au logique car il reste fidèle à la dimension de “legein” qui le sous-tend (en effet, le mouvement du dire se déployant peut être rapporté et à un sens verbal “legein” et à un sens nominal “logos” ; “ce qui amène la chose présente à rester étendue dans la distance” — traduction heideggérienne du sens verbal en son étymologie — restant en retrait et ne se soumettant pas à “l’énoncé propositionnel”). Toutefois ces voies s’unissent et se recroisent en chiasme sans se confondre et échangent souvent leurs voix sans les réduire à l’univoque : “certains textes poétiques incluent dans leur profération rythmée une méditation directe sur l’opération créatrice, qu’ils conduisent en se donnant eux-mêmes à entendre (cf Artaud, Mallarmé, Valéry, Ponge, Char…)” (PlP, 237) ; de l’autre côté, la méditation philosophique et la lecture des poèmes dans le sens d’une ontologie du sensible ne seraient pas ce qu’elles sont sans l’expérience de la création poétique qui a rendu perceptibles au penseur-poète des modes de connexions et d’échos qui échappent à toute réduction conceptuelle, réaliste ou sémiotique. C’est cette double expérience qui permet au poète et penseur de fonder la pertinence de son propos comme poésie et ontologie, propos ancré dans un dire et un faire qui sont aussi “être-et-penser”. Et bien que le philosophe évoque souvent sa “méthode d’approche” qui consiste à rendre compte, en les décrivant au mieux, des processus temporalisateurs et mondanéisateurs à l’œuvre dans le champ de présence poétique comme dans le champ de présence humaine au sens le plus large, il faut retirer au terme de “méthode” ce qu’il aurait de conceptualité réflexive et préétablie pour lire en lui plutôt le “cheminement” qu’indique son étymologie. Garelli parle, aussi et plus justement, de “style d’écoute”. Ce “style d’écoute” a varié tout en continuant à se centrer, résolument, sur l’analyse de la temporalité dans son rapport à la mondanéisation de l’œuvre. Jacques Garelli adopta, du temps de sa thèse, une “écoute” inspirée par l’analytique du Dasein telle qu’elle est présentée dans Sein und Zeit et il appliqua au champ de présence poétique les structures de l’être-au-monde données par Heidegger pour celles du Dasein. Puis, sous l’influence de Merleau-Ponty et de son maître-livre Le visible et l’invisible, il fut amené à considérer en lui-même le “lieu pensant” ouvert par l’œuvre, l’arrachant à ce qu’il considère désormais comme l’“ipséité” du Dasein. Prolongeant ces intuitions, explorant et exploitant également des notions mises en avant par Gilbert Simondon et Marc Richir, Jacques Garelli s’est orienté vers une conception de plus en plus radicale, de plus en plus nettement proto-ontique du champ de présence poétique qui est aussi le champ de la présence humaine, en en faisant le sol premier — précaire et mouvant bien qu’universel — de notre faculté de penser, de juger et de notre être. En ce “lieu pensant” s’harmonisent et se travaillent les règles et les actes complexes, mobiles et moteurs, d’un grand jeu, d’un “Jeu suprême” (Mallarmé), qui est celui d’un ou de plusieurs monde(s) se faisant et défaisant, d’êtres en cours d’individuation, sans qu’on puisse jamais tenir ces règles ou actes comme des préceptes, des concepts, des lois ou des recettes, sans qu’on puisse en arrêter le processus de différenciation et d’individuation ou s’y arrêter, sans qu’on puisse tout à fait réduire non plus “le doute” et la nostalgie qui, eux aussi, nous constituent.

 

L’imagination poétique “est” l’imagination transcendantale

Dans la dernière section de son premier ouvrage : La gravitation poétique, Jacques Garelli affirme, avec quelque provocation, l’équivalence dont la formulation constitue notre sous-titre. C’est d’emblée, avec déjà l’appui de Kant relu par Heidegger, conférer à la création poétique une importance cruciale du point de vue de la connaissance. Tout arbitraire et toute fantaisie gratuite se trouvent écartés de l’acte poétique puisque l’imagination transcendantale “est le fondement dans lequel s’enracine la possibilité intrinsèque de la connaissance ontologique” (GP, 135). Toutefois cette “fonction” n’est pas à apprécier comme un garant caché dans le secret de la conscience mais à éprouver comme “ce qui rend possible” un lien, assez inattendu (du point de vue de la métaphysique classique) mais actif, entre entendement et intuition :

[…] l’image poétique, loin d’être un produit bâtard de l’entendement ou de l’intuition, apparaît comme la racine qui permet à l’intuition et à l’entendement de se manifester. Dans cette perspective, elle apparaît comme la condition de toutes les possibilités de connaissance qui fait que l’homme voit, entend et, quand il parle, se comprend. (GP, 136)

En formant d’avance, comme racine de l’intuition, la vue d’un objet possible, “[l’imagination transcendantale] précède d’emblée et à tout moment toute expérience possible de celui-ci”. L’imagination ici à l’œuvre ne redouble donc en aucun cas une réalité offerte par l’intuition sensible mais elle constitue l’horizon préalable et indispensable à l’intuition sensible qu’elle préfigure et oriente et dont elle ne saurait dériver. De même elle ne peut s’identifier à un jeu de concepts, de catégories ou de thèmes prédéterminés :

Faculté intermédiaire entre l’intuition et l’entendement, l’imagination poétique est en deçà du sens, comme en deçà de l’intuition sensible, par cela même qu’elle leur donne naissance. (GP, 138)

Comme, d’autre part, selon la définition heideggérienne, “le temps n’est autre que le projet extatique de la conscience intentionnelle vers le monde des objets” (GP, 144), l’on voit le lien qui existe également entre le mouvement préintuitif qui précède toute expérience possible en en dessinant l’horizon et le mouvement de projection temporalisatrice. De fait, l’imagination transcendantale dont dépend l’image poétique est “le temps originel” et “cet enracinement de l’image dans le temps fait de l’imagination poétique la racine de la transcendance” (GP, 147).

 

 De la sorte, il vaut la peine de faire l’archéologie temporelle de l’image (même à partir du “logos”, achevé !). Jacques Garelli se tourne alors avec prédilection vers des poèmes de Rimbaud et des textes surréalistes, y lisant plus à vif le processus de constitution poétique et il étudie l’image poétique en la considérant comme “expression sonore du temps se faisant” :

O saisons, ô châteaux,

Quelle âme est sans défauts ?

Cette interrogation pure “désymbolise”, désubstantialise et dépersonnalise les étants reconnus : nos souvenirs de “saisons” et de “châteaux” sont déracinés, mais restent coprésents, “âme” et “défauts” flottent sans ancrage individualisant. Nulle concrétude, nul réalisme, nulle psychologie, nulle moralité ne sont possibles. Pourtant l’être de la question surgit et nous enlève, nous devenons la question : l’image nous ouvre une trajectoire de temps pur et nous projette vers un avenir inconnu et problématique tout en nous faisant sonder un passé oublié et indistinct. À même les mots, en leur irruption sauvage, nous vivons une extase temporelle qui est le fruit de la projection néantisante de l’image. Et pour désigner ce phénomène ou cet événement, Garelli invente le sigle de “N.I.A.S.T.V. : Noyau Intentionnel à Articulations Sonores de Tensions Variables, ces tensions n’étant autres que les manifestations explosives du temps” (GP, 198). Ce faisant, il magnifie l’image poétique et en donne une analyse stimulante mais semble réduire le poème à une succession plus ou moins ordonnée (ou même non ordonnée, quand il s’agit d’écriture automatique) de N.I.A.S.T.V. Il manque encore, en ce premier livre, la visée qui permettra de tenir le poème comme un tout.

 

Champ de lecture poétique et Dasein lisant

 Se plaçant, dans son travail de thèse, du point de vue du lecteur, Jacques Garelli envisage désormais le champ de présence poétique comme “champ de lecture” et il l’analyse en utilisant en guise de repères les structures de l’être-au-monde propres au Dasein, telles que Heidegger les a établies. Repartant également des analyses augustiniennes du temps, déjà prises en considération par Husserl dans ses Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, Garelli s’attache à la triple extase temporelle (passé, présent, futur) propre au même instant présent et à la “distensio animi” qui en résulte, “distension” de l’âme ou de l’esprit, donnée par le théologien pour le temps humain lui-même. C’est aussi cette notion de “distension” qui permet désormais d’envisager le poème comme un tout, plage unique de présent, distendue et travaillée par ses extases mais tenue par la conscience et la mémoire comme une totalité visée comme telle. Dans les deux ouvrages qui sont issus de sa thèse, Garelli met au point un “style d’écoute”, complexe et articulé, qu’il applique en détail à un poème d’André Breton et à un autre d’Eluard, mais aussi à une séquence racinienne (extraite de Britannicus) dans Le recel et la dispersion ; à Barbare de Rimbaud et un fragment des Fragments du Narcisse de Valéry dans Le temps des signes. C’est là une lecture au ralenti et d’une troublante minutie, qui peut paraître démesurée mais dont la richesse ontologique s’impose. Bien que la poésie moderne (post-baudelairienne) supporte mieux ce mode de lecture car son écriture place à son horizon (même sans le savoir par concept) l’essentiel des découvertes ci-dessus exposées, l’on peut y confronter aussi, avec profit, la poésie classique et la poésie romantique en ce qu’elles ont d’universellement “poïétique”, c’est-à-dire en ce que le “legein” affleure sous leur “logos”. Garelli résume ainsi les trois niveaux de son approche : “1) la visée intentionnelle du texte ; 2) sa structure temporalisatrice ; 3) ses processus de ‘mondanéisation’ ” (TS, 202).

 

Et nous nous proposons d’illustrer à notre tour ces trois niveaux à partir d’un poème que Garelli, lui-même, n’a pas étudié mais qui présente l’avantage de s’offrir comme un monostiche fulgurant et énigmatique :

CHANTRE

Et l’unique cordeau des trompettes marines

 

L’on sait que ce très court poème a été ajouté in extremis par Guillaume Apollinaire sur les épreuves d’Alcools (1913) et qu’il passe pour une énigme facilement réductible à un unique sens quand l’on a repéré que la “trompette marine” est, malgré son nom, un instrument de forme allongée à une seule corde et de sonorité grave. Mais le rapprochement établi avec cet étant ne nous explique pas pourquoi ce poème reste énigmatique et reste poème au lieu de se volatiliser comme le fait le support verbal d’une “devinette” quand celle-ci est résolue.

 1) La visée intentionnelle de ce texte est ouverte ici par le titre qui promeut, à la fois, une promesse de “chant” et le profil d’un “chanteur”. Ce mouvement de la conscience se projetant dans l’irréalité du texte anticipe le poème comme un tout dont le déploiement temporel doit révéler l’unité en même temps que la complexité. Cette visée peut “se remplir” tout en étant totalement ou partiellement déçue : le monostiche déçoit par sa brièveté et par l’obliquité de son rapport à la musique, il tient toutefois la promesse initiale par la bande, grâce à ses sonorités et à son rythme, et au prix d’un complexe va-et-vient temporel.

 2) La structure temporalisatrice est fondée sur un jeu interne entre le mouvement d’ouverture, irruption sonore temporalisatrice, et les extases temporelles, appelées dans la tradition d’Augustin et de Husserl, protentions et rétentions. Le “Et” réalise l’explosion initiale comme point-source, sa brutalité rompt le silence et fait déjà bifurquer l’attente ouverte par le titre. Tout ce qui le suit et qui reste en suspens faute de verbe et de ponctuation est, dans le prime élan de lecture, de portée protentionnelle. C’est une fois atteint le terme imposé que la pensée reflue sur les mots déjà lus ou prononcés et que s’éveille leur pouvoir rétentionnel, qui demeure problématique : l’apparente détermination due à l’emploi des articles définis induit une recherche et une mise en abyme des éléments les uns par rapport aux autres. Il en résulte un mouvement de balancier temporel entre les deux hémistiches de cet alexandrin, privé de rime externe faute de second mais trouvant dans les deux /i/ (syllabes 3 et 12, première et dernière syllabes accentuées), qui font assonance, un équilibre phonique et rythmique : quand l’un des versants s’ouvre vers un futur de promesse, l’autre s’enfouit dans le passé indistinct d’un monde dépassé et vice-versa.

 3) Les processus de “mondanéisation” du texte peuvent être rapportés aux différentes fonctions des éléments constituant l’unité de la structure totalisatrice de l’être-au-monde.

a— La dimension de “toujours-déjà-là” de la mondanéité propre au poème. Nous n’inventons pas le monde : bien qu’en apparence jeté dans le vide, le “Et” initial nous rattache implicitement à divers éléments physiques et matériels composant un monde de rapports, en particulier musicaux, mais de façon préréfléchie.

b— La dimension de “toujours-commencement du monde” ouverte par l’irruption sonore initiale. C’est encore le “Et” inaugural et brutal qui par son explosion propre nous arrache à tout ce qui le précède pour ouvrir un apparaître inouï ou inédit. Il ne cesse de commencer et de faire commencer ce que nous appelons “monde” : il opère comme une structure active de “mondanéisation”.

c— Les structures d’inhérence, d’appartenance et “d’être-auprès” propres au Dasein lisant.

• la structure d’inhérence : Elle déploie le mouvement de “surgissement du Dasein lisant vers les mots”. Porté par le rythme binaire de l’alexandrin (montée/descente se temporalisant en protention/rétention), par les assonances en /i/ jouant l’équilibre, par le suspens final, le Dasein lisant épouse l’être mesuré ou rythmique du poème. Mais ces “formes-sens” ne sont pas objectivables. Elles ne sont pas non plus seulement imaginaires : elles “ek-sistent”.

• la structure d’appartenance : Inversement, se déploie un mouvement de chute et comme de “reprise” du Dasein vers et par les mots. Il se (re)trouve pris dans un monde qui l’enveloppe, indistinct et mouvant, sans orientation ni sens déterminés : ici ce sont les qualités diffuses mais non arrêtées, proto-ontiques, des étants suggérés qui s’imposent, le “cordeau” évoquant mesure, culture et cadastre, les “trompettes” qualifiées de “marines” éveillant l’image d’un combat naval tonitruant. Le signifiant de “cordeau” peut aussi s’entendre “corps d’eau”, en écho à “marines”, et il y a “corde” dans “cordeau”, “trompe” et “tromper” dans “trompettes”… Ce halo de sens en suspens et ne cessant de se nier eux-mêmes tend vers la forme et vers la clarté mais sans se dépêtrer de ses multiples adhérences.

• la structure “d’être-auprès” : C’est cette structure qui permet de saisir comment le Dasein en vient au monde du texte. Elle constitue le lien structurel entre les deux composantes précédentes. Ce “compagnonnage” avec le monde du texte interdit d’un côté au Dasein se projetant vers ses éléments d’en réifier les “formes”. Il l’empêche également de divaguer en se contentant d’animer le poème de ses fantasmes personnels. Le Dasein lisant est ici préservé de l’engluement ou du délire par les mouvements temporel et rythmique (dont la binarité a déjà été évoquée) comme par l’opposition qu’offrent les deux hémistiches entre singulier et pluriel, singularité énigmatique et multiplicité explosive. Ces deux visées intentionnelles, opposées, ménagent un chiasme réfléchissant qui permet de tenir aussi “l’unique cordeau” pour le vers unique ici inscrit et proféré qui “se réfléchit” ainsi en lui-même comme l’un dispensateur du multiple.

d— La dimension de recel propre au poème et la question de l‘enracinement. “Le monde recèle et le temps disperse”, écrit Jacques Garelli. Le recel est l’entassement des sens hérités du monde ontique, bien qu’ils soient déracinés et déréalisés par le monde du poème (nous l’avons vu). Le Dasein y (re)trouve, contrairement à l’ordre perceptif qui est celui de son quotidien borné et “ustensilisé”, une attache à la fois mémorielle et immémoriale qui le fait remonter bien avant sa personne et la dépasser tout autant. Le temps, par sa scansion extatique, dissémine et redistribue ces éléments proto-ontiques, pour créer un être unique — ce monostiche — dispensateur d’une ouverture au monde qui tient rassemblé le multiple en une structure vivante. L’enracinement que permet ce court poème n’est pas une fixation dans l’étant, et surtout pas une fixation à la “trompette marine” ontique (dont le poème s’est ingénié à nier la probabilité), mais l’inscription du Dasein dans un “temps-et-lieu” où sa lecture a à charge de faire advenir, dans et par le chant de Chantre, le mouvement même de l’“advenir” !

 

Tels sont les grands traits du “style d’écoute” que nous pouvons synthétiser à ce moment du parcours garellien.

 

Le il y a du lieu et la chair du monde

Certes le Dasein heideggérien n’est pas un commode avatar du sujet psychologique auquel s’attache une identité distincte et une personnalité typée et limitée. Cependant la structure de l’être-au-monde, ci-dessus analysée, a encore quelque chose de systématique et presque de normatif et la notion même de Dasein n’est pas entièrement dépouillée de certaines équivoques de l’Ego ou du sujet. C’est pourquoi Jacques Garelli rejette ce qu’il appelle son “ipséité” et un retour plus radical au préindividuel et au proto-ontique, à ce qui précède l’établissement de l’étant en tant qu’étant comme du sujet en tant que tel, a commencé à s’imposer à lui, dès Artaud et la question du lieu.

De fait, mouvement corrélatif et contraire à son engluement dans le “toujours-déjà-là”, le Dasein est perpétuellement débordé par l’être. Temps et monde ne naissent pas à l’intérieur de la structure d’être-au-monde propre au Dasein mais le débordement permanent auquel se trouve soumis “l’individu” ouvre et rouvre sans cesse la dimension ontologique où le Dasein et tout ce qui l’entoure “se tiennent”, tissés, entrelacés en un seul et même monde, dans le “il y a” du lieu. Jacques Garelli trouve dans l’œuvre dernière de Merleau-Ponty les instruments pour penser cette dimension ontologique où le sensible et le sentant se confondent presque en le même “champ”, en le même pli se faisant “Topos” et s’emportent l’un l’autre jusqu’à la démesure :

[…] les échanges métamorphosants entre le “moi” et le Monde — car il y va de cela — conduisent désormais à une restructuration totale du Topos, telle que c’est désormais, de son Pli, que se pense le Monde, à même l’émergence périphérique des choses. Ce qui substitue à la pulvérisation représentative des étants, par une subjectivité murée dans le silence de sa conscience, l’ordonnance progressive d’un Lieu qui se conquiert sur lui-même, en se révélant à même l’espace investi en tant que visibilité pensante. (AQL, 126)

En ce “Topos” ou “Lieu”, s’ouvrant désormais comme “visibilité pensante” et comme zone d’“échanges métamorphosants”, les notions de sujet et de subjectivité et même de Dasein se trouvent repensées et le “mortel” qu’est l’humain devient un pli pensant pris dans le mouvement du “lieu”. L’homme (n’)est (plus) ainsi (que) le Pli mortel se déployant dans l’investissement des choses et selon les mots de Merleau-Ponty :

L’espace, le temps des choses, ce sont des lambeaux de lui-même, de sa spatialisation, de sa temporalisation, non plus une multiplicité d’individus distribués synchroniquement et diachroniquement, mais un relief du simultané et du successif, une pulpe spatiale et temporelle où les individus se forment par différenciation. (VI, 153, cité dans AQL,127)

L’individu humain, quasiment assimilé, lui aussi, à “un relief du simultané et du successif”, n’est plus un centre de référence ou une totalisation en puissance, un rassembleur mais un pôle d’échange et de partage, un (re)distributeur d’énergie sentante et pensante, pensante parce que sentante et vice-versa :

Les choses, ici, là, maintenant, alors, ne sont plus en soi, en leur lieu, en leur temps, elles n’existent qu’au bout de ces rayons de spatialité et de temporalité, émis dans le secret de ma chair, et leur solidité n’est pas celle de l’objet pur que survole l’esprit, elle est éprouvée par moi du dedans en tant que je suis parmi elles et qu’elles communiquent à travers moi comme chose sentante. (Ibidem)

Dans la dimension préindividuelle qui est celle de la “chose sentante”, l’homme et le Monde ont une seule et même “chair”, un seul et même “penser”, un seul et même “pâtir”, un seul et même inextricable. C’est, précisément, ce que dit Artaud de lui-même quand il parle de lui comme d’une “momie de chair fraîche” :

Ce sens qui court dans les veines de cette viande mystique est une manière de monde, et un autre genre d’enfantement, se perd et se dévore lui-même dans la brûlure d’un néant erroné.

Ah ! être le père nourricier de cet enfantement et de ce monde dans ses déduits, dans ses conséquences de fleur.

Mais toute cette chair n’est que commencements, et qu’absences, et qu’absences, et qu’absences…  (Absences)

Artaud nous offre ici un terrible “modèle” de notre être-au-monde en son ubiquité et en sa mouvance d’être ! Nous vivons sur le même principe, avec sans doute, le plus souvent, moins de tension(s).

 

“Rythmes et mondes. Au revers de l’identité et de l’altérité”

L’avant-dernier ouvrage théorique de Jacques Garelli (en l’an 2000), dont le titre fait, ici encore, notre sous-titre, représente une ambitieuse synthèse des travaux antérieurs en même temps qu’une triple percée : du côté de la tradition philosophique (Kant, Descartes), du côté du romanesque quand il envisage une expérience phénoménologique du monde (Proust, Sartre) et du côté de la modernité théorique, scientifique et phénoménologique (Heisenberg, Simondon, Richir, Merleau-Ponty), pour enfin rouvrir à vif et à neuf le champ de présence poétique (Verlaine, Rimbaud). Le but est toujours le même : montrer que l’acte poétique est à la racine de notre connaissance ontologique du monde.

Jacques Garelli médite à nouveau les œuvres de Kant et de Descartes pour y discerner les esquisses, vite oubliées ou reniées, d’une visée préphénoménologique proche de ses préoccupations. Chez Kant, c’est dans l’opposition entre jugement déterminant et jugement réfléchissant qu’il lit une intuition de ce type. L’importance accordée au jugement réfléchissant dans la Critique de la Faculté de Juger dessine au revers de l’entreprise critique kantienne un continent potentiel encore à explorer. Kant est l’un des premiers à accorder toute sa dignité à la “connaissance” esthétique. Descartes, et c’est plus surprenant, touche lui aussi à une intuition de portée ontologique et débordant ses principes comme sa méthode quand il établit le Cogito et quand il questionne le morceau de cire. Ce ne sont là toutefois que des amorces aussitôt enfouies mais exemplaires pour le phénoménologue dont les meilleurs alliés sont encore les écrivains. Lorsque Proust déploie l’expérience de la petite madeleine qui est au principe de toute sa Recherche, il vit et revit, par l’écriture, une entreprise de connaissance ontologique qui passe tout entière par le travail complexe de la remémoration faisant surgir un monde proto-ontique et vivace qu’il éprouve comme premier et essentiel. La méditation de Roquentin sur la racine d’arbre, dans La Nausée, ouvre un rapport au monde analogue (bien que le parti-pris de Sartre soit, en bien des points, opposé à la perspective ici ouverte).

C’est sous le signe de la “transindividualité” que se rassemblent les références à la science microphysique et aux conceptions de Simondon comme de Richir. Garelli explore les possibilités ouvertes dans la théorie de la matière par les réflexions de Heisenberg et de la physique quantique : il en vient à considérer le quantum de matière et/ou d’énergie comme un “eon” (ni étant, ni néant) microphysique, ancrant ainsi toujours plus loin ce qu’il met au jour dans le domaine esthétique. À Simondon, il emprunte la notion de “système métastable” et il considère que notre expérience sensible en sa mobilité constructive commence avec le déphasage introduit en cet équilibre, faisant naître alors formes et individuations par une expansion informatrice (donneuse de formes) de proche en proche (ce qu’il appelle, à la suite de Simondon, “transduction”). Nous pourrions d’ailleurs voir le petit poème Chantre comme un système métastable en équilibre autour du fléau que représente sa césure mais sur le point de se déphaser, chacun des deux mouvements contraires étant contenu en germe dans chacun des deux hémistiches. Marc Richir suggère, lui, la notion d’“eidétique transcendantale sans concept” où l’acte par lequel l’imagination envisage les diverses actualisations possibles d’une essence (ou eidos) ne sera plus rapporté à un a priori individualisé et déterminé ou déterminable. Enfin Merleau-Ponty fournit, une fois de plus, à Garelli, et dans le prolongement des analyses évoquées ci-dessus, les bases d’une vraie ontologie (du) sensible.

Et le pluriel désormais s’impose : il y a plusieurs rythmes et plusieurs mondes possibles quand l’on se situe résolument “au revers de l’identité et de l’altérité”, dans une dimension autre qu’unité et qu’identité, échappant aussi au principe du tiers-exclu. À la racine de notre connaissance ontologique. Mais cela les poètes le savaient, depuis longtemps déjà !

Elle est retrouvée.

Quoi ? — L’Eternité.

C’est la mer allée

Avec le soleil.

 La question, ici aussi, est “pure” : elle nous arrache à toute détermination préétablie, elle nous déphase absolument. Et la réponse, si brutale ? Elle nous laisse avec la seule “éternité” dont nous soyons capables !

 

L’individuation, désir d’éternité et nostalgie

Mais quelle éternité ? Le tout dernier ouvrage théorique de Jacques Garelli : Introduction au logos du monde esthétique, (De la chôra platonicienne au schématisme transcendantal et à l’expérience phénoménologique de l’être-au-monde), nous tourne vers une image possible de celle-ci. Il y scrute à nouveau, en interpellant les philosophes (Husserl et les tensions non résolues de sa phénoménologie comme sa relecture par Fink, Kant à nouveau, Platon et son mythe de la “chôra”, les présocratiques) et en interrogeant les artistes (Bruegel, Ronsard, Proust, Tzara, Mallarmé), la zone d’irradiation qui est celle de notre “espace primordial”, qu’on l’appelle “lieu pensant” ou dimension proto-ontique de notre présence au monde. Et la voie d’accès à ce “il y a” préindividuel est fondée sur l’ouverture du “sujet”, se dessaisissant de son mode d’entente quotidien, à la dimension d’abord “pathique” de son être-au-monde. C’est retrouver là la teneur étymologique du terme “esthétique” et qui est le ressenti, l’affect, le sens qui naît par les sens, voire l’affectivité (à condition toutefois de la bien distinguer de la sensiblerie et du subjectivisme sentimental). L’affect ainsi défini et saisi est un “existential” c’est-à-dire l’un des constituants fondamentaux de notre présence au monde, antérieur à toute individuation et à tout partage psychologique. Et J. Garelli a raison de reprocher à Heidegger d’avoir élu, à l’exclusion de tout autre, “l’angoisse” pour seul affect susceptible de nous faire “entrer en démesure” ; il ajoute :

[…] on ne voit pas pourquoi la joie, la mélancolie, l’amour, la haine ne révéleraient pas, sur un mode anté-prédicatif, d’autres dimensions pré-individuelles du monde” (ILME, 497).

C’est pourquoi Garelli est amené, dans l’ultime partie de son dernier ouvrage intitulée “Les chantres de l’obscur”, à privilégier la nostalgie. Elle est, en effet, l’aiguillon le plus méconnu, le plus dérobé de l’entreprise esthétique. Sentiment douloureux éveillé par le désir du retour, elle est à traiter comme l’un de nos affects primordiaux car cette contrée où l’homme souhaite revenir n’a ni feu ni lieu, elle n’est ni une patrie ni un substrat identitaire. Elle s’associe à la tonalité foncière de la mélancolie sans être, plus que cette dernière, réductible à la psychologie voire à sa pathologie. Il ne s’agit pas d’un regret personnel concernant “le temps perdu” par chacun non plus que d’un désir de retour à une prétendue authenticité, effacée par l’histoire, estompée par l’oubli. Non, la nostalgie dont l’artiste se sert, qu’il sert et dont le philosophe nous donne à entendre le pouvoir constituant, apparaît surtout “comme intrinsèque aux processus de temporalisation et de spatialisation individualisants, que met en œuvre le déploiement rythmique des œuvres de création” (nous soulignons). Elle est ainsi :

dans sa liaison aux mouvements de transduction, la mémoire immémoriale de l’être pré-individuel, coextensive au surgissement des individualités ancrées, à titre de “rayons de temps” et de “rayons de monde”, dans une expérience proto-ontique de l’être qui se “réfléchit” en œuvre. (ILME, 504 ; nous soulignons le second terme)

Il ne faut donc pas traiter la nostalgie seulement comme un thème poétique ou artistique dont l’expression serait plus ou moins convaincante, plus ou moins aboutie, plus ou moins suggestive. Il faut être capable, grâce au “style d’écoute” que J. Garelli ne cesse de mettre à l’épreuve des œuvres, de se rendre sensible :

à [cet] horizon affectif qui accompagne en filigrane l’adieu donné au monde par les formes et les instances individualisantes, qui, du même mouvement où elles structurent l’œuvre, la voilent d’une certaine tonalité signifiante qui n’est autre que la mémoire immémoriale de l’être proto-ontique auréolant de son adieu les individualités naissantes. (ILME, 507 ; nous soulignons)

Dans cette perspective, l’individuation ou l’individualisation des formes et des êtres est vécue comme une perte irréparable excepté en ce reflet ou cet écho que l’être proto-ontique laisse au cœur des œuvres même les plus achevées et construites, en cette dimension de “legein” sous-jacente au “logos” accompli. Il ne peut en résulter, si l’on considère, outre les œuvres individuées ou en voie d’individuation, l’individu humain envisagé en sa dimension esthétique (aux deux sens du terme), qu’une déchirante ambiguïté : l’individu ne s’arrache qu’à regret à sa dimension nourricière préréfléchie et colore son avènement comme individu d’une mélancolie qui le renvoie à ce qu’il perd sans qu’il puisse faire mieux qu’en perpétuer un reflet ou un éclat fulgurant. Le “monde” ainsi ouvert comme champ opératoire d’individuation, et qui n’est qu’un des mondes possibles, toujours parfaitement apte, en son automouvement, à se métamorphoser, conserve ainsi des propriétés qui appartiennent à son matériau premier. C’est pourquoi il reste “métastable” (voué à un équilibre approximatif, jamais figé, sans cesse remis en cause), chargé de potentialité vive (rien n’est encore tout à fait arrêté dans l’étant), lié à l’énergie de “transduction” qui le meut (c’est-à-dire à la propagation d’une forme inséparable de son matériau et ordonnée à ses capacités) comme aux résonances internes (d’agrégation et/ou de dispersion, de confluence et/ou de résistance) que suscite le processus d’information toujours actif et agissant, seul donneur de forme. On peut constater alors que l’individu (être humain, production esthétique) n’est jamais achevé, qu’il est toujours saisi en une phase précaire, transitoire, de son individuation et que, comme le monde qui le nourrit et l’enveloppe ne cesse de se mondifier, l’individu n’en finit pas de s’individuer ou de s’individualiser, écartelé entre son désir de forme stable, sensée, symboliquement gratifiante et éternisante et sa nostalgie pour la démesure de ses origines. L’éternité promise par l’œuvre, par le poème, “le pur, le traître”, de Rimbaud ou tout autre, tient en elle, en la mouvance de son rythme assimilable à celui de la mer ou au cycle nycthéméral, l’improbable possibilité, la possible impossibilité de notre éternisation : — ô saisons du doute ! ô châteaux de notre finitude ! — ce séjour inhabitable, “retrouvée”, elle nous y “projette” et nous en “rejette”, en même temps :

Ouvrir un monde, c’est se projeter par le regard ou la lecture d’une feuille sur un ciel, d’un ciel sur une brique, d’une brique sur un pont. Circuler. Rebrousser chemin. Croiser. Se tapir. Puis se prendre du désir écarlate de se pendre. Dans chacune de ces démarches, l’essentiel est, du mouvement, la part qui échappe à toute dénomination. Le poème ordonne, sculpte, compose par son rythme matériel, l’imbrication concertée des sons et des sens, en deçà de tout dire positif, le parcours masqué de ce chemin : Verbe sans nom.

 

L’œuvre poétique, étrangère à toute interprétation thématique, est l’itinéraire masqué, le pur, le traître, seul chemin visible, donc pensable, mais travesti, du vide se mouvant.

* * *

Répondre à Axelos avec Garelli ? Oui. D’abord que ce qui unit et sépare poésie et pensée, ce n’est pas un principe commun ou un centre agissant de l’extérieur, mais l’unité d’une source à partir de laquelle croissent et divergent divers modes du “logos”, les uns allant radicalement vers l’énoncé propositionnel, les autres préservant la dimension du “legein”. Ensuite que “les découpages traditionnels” sont tous ancrés dans cette dimension préréfléchie, proto-ontique, qui pourrait bien tenir lieu de “l’ontologie générale” recherchée (s’il en fallait une !), concert concerté et déconcertant, concertant et déconcerté où la dimension ontologique ainsi mise au jour serait la basse continue d’une partition en croissance, basse au-dessus de laquelle s’élèverait le contrepoint de toutes les autres voix ou tenues (métaphore spatialisante et musicale car cela reste une énigme que de prendre essor à partir du vide et que faire musique du silence !). Et pour répondre à Axelos, après Garelli, nous avons tenté de retracer les grandes lignes d’un compagnonnage en définitive heureux, entre poésie et philosophie, d’un cheminement de conserve, c’est-à-dire où chacun garde l’autre à vue, et qui n’a frayé sa voie qu’en marchant.

 

BIBLIOGRAPHIE des Œuvres de Jacques Garelli

Poésie :

Brèche, Paris, Mercure de France, 1966.

Les Dépossessions, Mercure de France, 1968.

Lieux précaires, Mercure de France, 1972.

Brèche, Les Dépossessions, Lieux précaires, repris dans le tome I de De la création poétique, autour de l’œuvre de Jacques Garelli, Fougères, La Versanne, Encre Marine, 2000.

L’Ubiquité d’être suivi de Difficile séjour, Paris, José Corti, 1986

Archives du silence suivi de Récurrences du songe, José Corti, 1989.

L’Entrée en démesure suivi de L’Écoute et le regard et de Lettre aux aveugles sur l’invisible poétique, José Corti, 1995.

Fragments d’un corps en archipel, suivi de Perception et Imaginaire, Réflexions sur un poème oublié de Rimbaud, José Corti, 2008.

 

Philosophie :

La Gravitation poétique, Paris, Mercure de France, 1966. (cité GP)

Le Recel et la dispersion, Paris, Gallimard “Bibliothèque des Idées”, 1978.

Artaud et la question du lieu, Paris, José Corti, 1982. (cité AQL)

Le Temps des signes, Paris, Klincksieck, 1983. (cité TS)

Rythmes et mondes, Au revers de l’altérité et de l’identité, Grenoble, Jérôme Millon, 1991

Introduction au Logos du monde esthétique, Paris, Bibliothèque des Archives de Philosophie, Beauchesne, 2000. (cité ILME)

De la création poétique, autour de l’œuvre de Jacques Garelli, Tome II, Penser le poème, Fougères, La Versanne, Encre Marine, 2000. (cité PlP)

De l’entité à l’événement : la phénoménologie à l’épreuve de la science et de l’art contemporains, Milan, Mimesis : L’œil et l’esprit, 2004.

La Mort et le Songe, Milan, Mimesis : L’œil et l’esprit, 2007.

 

 

Articles de Serge Meitinger sur Jacques Garelli

« Poétique et ontologie », à propos de l’œuvre théorique de

Jacques Garelli et avec une analyse du « Sonnet en –yx » de

Mallarmé, Critique, n° 455, p. 353-375, avril 1985.

 

« Du Lieu nomade : proposition et réception du poème de Jacques Garelli »,

Œuvres et Critiques, XV, 1, "Poètes français contemporains," p. 51-70,

Paris/Tübingen, 1990

 

« La phénoménologie de Jacques Garelli, Du champ de présence poétique »,

L’Art du comprendre, n° 9, Paris, p. 116-133, janvier 2000.

 

« Trois poèmes critiques. En hommage à Jacques Garelli, poète », De la création

poétique (autour de l’œuvre de Jacques Garelli), tome II, Penser le poème,

éditions Encre marine, La Versanne, p. 89-101, septembre 2000

 

Article « Jacques Garelli », Dictionnaire de Poésie de Baudelaire à nos jours,

sous la direction de Michel Jarrety, p. 285-286, P.U.F., Paris, février 2001.

 

« Les chantres de l’obscur. Réflexions sur le logos du monde esthétique selon

Jacques Garelli », Littérature, n° 124, “Histoires littéraires”, p. 109-121, décembre 2001.

Serge MEITINGER



[1] Voir les références à la fin de cet article.

 

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