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L'Un qui respire en nous
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 Article publié le 12 octobre 2025.

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Tout commence par un souffle qui n’a ni commencement ni fin. Ce souffle est la matrice invisible où le monde se tient, comme un corps immense traversé de rivières de feu et d’océans silencieux. Chaque chose qui respire y trouve sa place, chaque pierre muette y a son éclat secret. Au cœur de cette respiration cosmique, une parole se répète en écho : tu es cela. Tu n’es pas séparée de la source, tu en es la vibration fragile et l’éclat vivant.

 

L’univers n’est pas une mécanique déserte, mais un organisme unique, traversé par une âme indivisible. Les arbres, les vents, les animaux et les astres sont des membres d’un seul corps. Regarder le ciel, c’est lever les yeux vers un visage qui n’a pas de contours, mais dont la présence palpite dans la chair même de l’air. Chaque étoile y brûle comme une cellule d’un être plus vaste, qui nous contient et que nous contenons.

 

Tout émane d’une unité première. Avant les formes, avant les pensées, il y eut ce centre absolu, cet Un sans second, dont la puissance se répand en cascade : d’abord l’intelligence, puis l’âme du monde, et enfin la matière vibrante, où nous prenons place. Nous sommes les échos multiples d’une origine unique, et tout en nous, même nos faiblesses, aspire à remonter vers cette source qui nous a enfantés.

 

Le nom de cette source importe peu. Certains disent Nature, d’autres Dieu. Mais ce n’est ni une figure lointaine ni un maître extérieur. C’est la substance même du réel, infinie, indivisible, qui se déploie sous nos yeux et en nous. Elle n’est pas hors du monde, elle est le monde lui-même, jusque dans nos veines, jusque dans nos songes. En elle, rien n’est étranger : même la pierre la plus opaque et le souffle du plus humble insecte appartiennent à la même étoffe.

 

Et parce que l’univers est infini, l’esprit s’ouvre sans cesse à la vision de mondes sans nombre. À chaque battement de cœur, un ciel nouveau s’allume, un sol nouveau s’invente, un voyage infini commence. L’éclat de l’infini ne nous écrase pas : il nous dilate. Nous comprenons soudain que notre destinée n’est pas de posséder un coin de terre, mais de nous reconnaître habitants d’un horizon sans fin, parcelles d’une immensité qui ne se lasse jamais d’enfanter.

 

Une force secrète infuse tout. Elle est invisible, mais elle relie les herbes, les mers, les nuages et les songes. Elle traverse nos gestes les plus modestes, nos silences, nos larmes. C’est une présence si intime qu’elle est déjà là dans l’émerveillement de l’enfant, dans la stupeur du vieillard, dans le cri de l’animal blessé. C’est une âme universelle, une surâme, où chacun de nous se reconnaît.

 

Il est des instants où cette présence surgit, claire comme l’eau d’une source. Dans le tremblement des feuilles, dans le flux d’une rivière, une force plus profonde se révèle, qui nous enveloppe et nous porte. On ne peut la nommer, car tout nom la rapetisse. On ne peut que la sentir, lorsqu’une joie immense se lève en nous, disproportionnée à ce que nos yeux voient, et pourtant accordée à l’harmonie des choses.

 

Alors tout se rassemble : le divin n’est plus ailleurs, mais ici, dans l’ordre secret des planètes, dans la sève des racines, dans la respiration de notre poitrine. L’homme qui croit être seul découvre qu’il est inséré dans un tissu d’une beauté vertigineuse, tissé de correspondances invisibles. Chaque pensée devient une fibre de ce tissu, chaque regard une lumière.

 

Certains disent que la science nous éloigne du sacré. Mais quand elle dévoile l’harmonie mathématique des lois, quand elle fait résonner le silence des galaxies, elle retrouve la même émotion que celle des sages. Voir l’ordre du monde, c’est encore contempler le visage de l’infini. Il n’y a pas deux langages : celui du savant et celui du mystique se rejoignent dans un même émerveillement devant l’unité.

 

Ainsi, je marche au bord de la mer, et je sens que la vague qui se brise est en moi, que le sel qui m’éclabousse coule aussi dans mon sang. Je tends la main vers le ciel, et c’est ma propre respiration que je rencontre dans le vent. J’ouvre les yeux sur la lumière, et c’est le feu premier qui m’habite depuis toujours.

 

Tout est un. Tout vient d’une même source et retourne à elle. Nous ne sommes pas des étrangers dans l’univers : nous sommes l’univers qui se regarde, qui se pense, qui s’émeut. Et quand viendra l’heure de notre dissolution, nous ne perdrons rien, car nous serons rendus à l’océan dont nous étions les vagues éphémères.

 

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