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un récit
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 Article publié le 12 juillet 2009.

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Un récit

Dès l’abord, le climat fut tendu entre nous.

Quand je vous ai connue, sans envie aucune de faire votre connaissance, votre métamorphose était pour ainsi dire achevée : vous étiez en passe de devenir toute entière l’œuf que vous portiez initialement dans votre ventre et qui commença par vous manger les yeux.

Dans ce récit, je le sais, vous n’accorderez aucune attention à ce que j’ai voulu dire, pour ne retenir que ce que j’ai pu dire. Pourtant, c’est bien là, dans la volonté la plus grande qui échappe à qui croit en être le maître que réside l’absence de pouvoir, l’abandon total à cette force qui va, déliée, incertaine de ses fins, mais résistante, pleine d’affirmations péremptoires et de discours.

Votre excès est là, dans ce filet aux mailles trop grandes pour laisser passer l’infime qui nous lie.

Une vie durant, vous avez été celle par qui le scandale n’arrive pas. Jusque dans votre sommeil, vous avez employé vos forces à réconcilier les extrêmes dans la trame même de votre vie, au détriment de la tension et du hasard, au profit exclusif d’une soif de sécurité qui constitue encore aujourd’hui le fond de votre être.

Nous ne pouvons pas nous entendre, tout au plus nous écouter. D’aucuns parleront de politesse du cœur. Je préfère pour ma part y voir le signe d’un désespoir qui ne se relâche pas. Pour rien au monde, vous ne voudriez de ma place. Vous dites m’envier. Vous vous ingéniez à énumérer les avantages de ma situation. Vos fioritures ne vous coûtent rien qu’un peu de salive.

Ecrit à l’encre sympathique, un récit court entre deux vies, un récit que ces deux vies ne liront jamais, trop occupées qu’elles sont à se lier pour mieux déchaîner la hargne et le ressentiment, dans une sorte de solidarité du malaise qui reste, la vieillesse venue, leur seul ciment.

Je ne bâtis pas sur un tel matériau, mais j’en use. C’est là ma ruse, la seule qui me soit permise en ces temps de disette. La mort rôde partout. Pas un mot qui ne soit un appel au meurtre, au silence, à la vacuité doucereuse d’un terme atteint, d’un lieu de repos comparable à un suaire.

C’est comme si les hommes avaient déposé une grand drap blanc sur l’aube. Un peu de sang coule de dessous le drap. Noces de sang entre l’aube fragile et la brute humaine qui a eu son plaisir…

Et dire qu’un imbécile a claironné que la femme est l’avenir de l’homme… Comment le serait-elle, si celle-ci s’ingénie à faire des hommes qu’elle élève, elle la mère absolue, des tyrans repus ?

 

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