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Article publié le 9 juillet 2010. oOo « Il faudrait pour cela que nous fussions deux. » C’étaient là des mots, rien que des mots qu’il avait oubliés. Elle s’était rappelée à lui, et dans l’appel qu’elle lui avait adressé une voix en lui s’était faite entendre, qui, lui semblait-il, venait de tous. Tous, nous sommes liés au mystère d’écrire sous la dictée d’une voix neutre qui n’a pas de nom, mais pour que cette voix prenne la peine de se faire entendre, il faut que chaque phrase se lie en nous à ce qui est plus grand que nous… De voix en voix, de toi à moi, de moi à nous, une chaîne d’amitié tinte parfois à nos oreilles émerveillées. Je ne suis rien, rien que moi si je ne prends pas la peine de t’écouter. Une femme se tient à tes côtés, même quand tu l’ignores. Son amitié est un don précieux que te fait l’existence. Sortir de toi, pour la rejoindre, et par ce don de toi que tu lui fais, rejoindre la parole neutre qui vous ignore tous deux, c’est là merveille. Cette parole, tu ne la connaîtras jamais ; tu aimerais la dire intarissable. Tu ne peux rien dire d’elle ; c’est elle qui porte ton dire. Il y a de la place en toi pour ce qui n’est pas toi. Il y a au fond de ton cœur un espace vierge de tout soupçon où la parole droite achève de se décomposer. Ta prose n’est pas rectiligne ; tu ne courbes pas l’échine devant elle. De va en vient, tu achèves de te perdre, pour le meilleur. Toujours, autrui est plus grand que toi. C’est là merveille aussi. [...] |
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