Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Auteurs invités [Forum] [Contact e-mail]
AUTEURS INVITÉS
Depuis avril 2004,
date de la création
du premier numéro
de la RALM.
RAL,M & L'ANCRAGE : L'étranger
Navigation
[E-mail]
 Article publié le 9 juin 2005.

oOo

RAL,M & L’ANCRAGE : une affaire à suivre...

Par Nacer Khelouz

« J’ai ramassé dans la rue un de ces êtres sans lendemain (un enfant). Il tuait le temps gaspillé par son père ou sa mère, je ne sais plus. »

 

Cliquer pour lire L’étranger

Voilà de ces phrases qui vous sautent aux yeux. Elles vous arrêtent et vous forcent à mimer le geste de se baisser pour cueillir. Ramasser, mais quoi ? (Un enfant) nous dit Patrick CINTAS. Et n’allez pas imaginer que le reste de la phrase n’est pas de lui. Je vous le rappelle seulement si vous l’avez déjà oublié. Entre parenthèses, (l’enfant). Est-il donc prisonnier ? On peut le penser en effet. Mais moi, je me suis plu à y voir les bras de dame Poésie qui enlacent, mais dont on se douterait bien qu’ils étouffent autant qu’ils protègent. Pas de temps à perdre, je me suis à mon tour penché sur le trottoir de Pittsburgh pour ramasser un poème. Tuer le temps, puis gaspiller ce qui en reste. La poésie promise par Patrick CINTAS a intérêt à tuer le temps. Mais tout de même, quelle idée d’aller ramasser des poèmes (pardon des enfants mais c’est quand même pareil) dans la rue !

De toute façon, poursuit Patrick, « sa mère [l’enfant ? le poème ?] et son père ne faisaient qu’un. » Un autre enlacement sidéral. À moins que ce ne soit pour tromper le littérateur parasitaire. Celui-là il faudra s’en méfier, lui qui arrive toujours avant l’incendie. Prendre tout et pétrir la pâte. Malaxer les mots, et en organiser le roulis continuel ; qui aspire. Les blessures aussi. L’art n’est-il pas un peu blessure à froid ? Et le poète d’errer dans la rue pour ramasser des brindilles de génie au milieu des poussières aériennes. Ce plongeon sans filet m’a plu. Et je ne vais plus citer Patrick car vous êtes intelligents et vous sentez ces choses-là. Autrement, gardez-vous bien d’être poètes si vous osez vous déchausser de peur de salir les moquettes des salons mondains. O Poète ! Songe seulement qu’il est des moquettes plus sales encore que la semelle de tes chaussures. Il m’est d’avis que tu devrais hanter les cimetières ; ces lieux où l’on creuse. Demandez donc à Nerval ! Ou plutôt à Baudelaire. Celui-là refuse de décolérer depuis que sur la literie de la Divine, il y a de la soie en lieu et place des pieux qui empêchent de dormir. Ô chevelure !

Patrick ne sait plus ; moi non plus tant qu’à dire.

J’étais là le jour où la RAL,M a ramassé cet enfant dont le père et la mère ne faisaient qu’un [1]. C’était le premier numéro et j’y suis allé de mon numéro de saltimbanque : un voyage politique chez les romantiques, y compris Hugo car celui-là a toujours droit de réponse. Patrick, promis c’est la dernière fois, m’invita à pousser l’idée au plus loin. Alors j’ai continué. Si loin que j’ai failli oublier qu’il y avait L’Ancrage, cet autre enfant ramassé dans la rue. C’est fou ce qu’il y a d’enfants qui traînent ! Mais je sais que cela ne vous dit rien un ancrage. Vous voyez de là où vous êtes des bateaux, des marins, des putes, de la bière hollandaise et des pets. Et vous pourriez même vous croire (si, si) chez Camus ou mieux chez Brel. Pour vous désespérer tout à fait sachez quand même que tout est factice. On n’est même pas assez hardis pour fouler la côte espagnole ! Pardon de confesser cette maladresse ; on est de Pittsburgh. Pitts-bourgeois si vous avez des doutes sur notre honorabilité. Nul n’est parfait. Désolé de n’avoir aucun port à sentir les départs ; aucun bateau à vous prendre sous sa houlette. Nous sommes décidément un drôle d’équipage dont l’ancre n’est que d’encre. Notre onde est là sur la surface de la feuille ; il n’y a qu’à se pencher pour commettre des taches indélébiles (cela fait partie de votre initiation) sur vos beaux vestons. Nous avons, la RAL,M & L’ANCRAGE, décidé d’un commun accord de tracer nos premières lignes sur tous les beaux vestons, sur toutes les moquettes du monde.

Voici donc un ticket aller simple. Nous ne garantissons pas les retours. C’est notre première et dernière exigence. Ramer à la force du poignet. Audaces fortuna juvat. L’idée d’un tel rapprochement, un précédent entre deux revues des deux côtés de l’Atlantique, peut sembler étrange. Et bien justement. Nous traitons ici de l’étrange, de l’étranger. (Victor Grauer et Patrick opteront pour l’idée d’Aliens.)

De sorte que le moment ne pouvait pas être plus propice à l’aventure. ¡La aventura comienza con el hombre !

Peu à peu l’oiseau n’a pas fait que son nid ; il s’installe tout doucement. La collaboration avec la RAL,M nous a tous rajeunis. L’Ancrage a vu le jour il y a de cela quatre années et la RAL,M a un an ; tandis qu’aujourd’hui RAL,M & ANCRAGE ensemble, le temps d’une escale sont en train de naître sous vos yeux. On a toute la vie pour apprendre.

Rejoignez-nous, l’aventure appartient à ceux qui se penchent et ramassent des enfants dans la rue. Pour les tirer de l’oubli ? Cela, il est plus prudent de demander à Patrick CINTAS s’il l’a dit.

Nacer KHELOUZ
Université de Pittsburgh


 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -