Ce visage austère à l’ovale si parfait,
ces beaux yeux noirs qui étincelaient de douceur
comme deux étoiles dans un ciel charmeur,
ce petit nez mutin et ce rire si gai
qui brillait de l’éclat de vos belles dents blanches,
ces lèvres couleur de pomme,candides et franches,
ce menton assuré et au noble contour,
de tout cela,je me souviens aujourd’hui
comme d’une lampe d’amour qui,dans ma vie
a illuminé les bons et les mauvais jours.
Non,mère bien-aimée,je n’ai rien effacé ;
en mon coeur,rien de cela n’a été oublié.
Et quand au foyer le besoin est apparu,
votre noble front,en silence s’est ridé,
vos joues généreuses se sont alors creusées
mais pour nous ma mère,vous vous êtes battue.
Mes yeux innocents vous ont vue,le dos courbé.
Vos belles mains,au travail se sont abimées
afin de nous procurer le pain quotidien.
Non,vous n’avez pas mendié dans ces heures sombres ;
toujours sereine et pieuse malgré les ombres,
vous veilliez fidèlement sur nos lendemains.
Pour moi mère,vous étiez comme le roseau :
des soupirs quelquefois mais jamais de sanglots.
J’ai gardé de vous cette image de noblesse
et à son ombre fier,mon âme a grandi.
Aujourd’hui mère,les années vous ont blanchies,
vos yeux si radieux,sont pâles de tristesse
mais pour moi,vous avez gardé votre beauté ;
pas celle du dehors,par les ans emportée
mais bien la beauté,la noblesse de votre âme.
A mes yeux,votre rire a gardé sa fraîcheur,
Vos blanc cheveux témoignent de votre grandeur
et vous êtes le vivant portrait de la femme.
Donnez-moi votre fierté et votre noblesse !
Que j’apprenne,comme vous, à souffrir sans plainte,
à recevoir les déceptions d’un front serein,
à supporter les trahisons avec dédain
afin de pouvoir affronter la vie sans crainte.