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Au pays |
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![]() oOo En aurai-je jamais fini avec la vie qu’étreint la solitude, là, dans le cœur battant des mots ? Aucun drame digne de ce nom ni aucune obscure contrainte ne pèsent sur moi, et pourtant, enfant déjà, j’attendais la venue de ce que je ne savais pas nommer, mais c’était dans une autre vie, assez pleine, assez assurée alors pour me faire espérer une issue qui serait restée là, bien au chaud, peut-être dans le jardin que j’aimais tant, avec l’amour de ma mère au cœur. Mère et jardin ont disparu pour toujours, et c’est maintenant que la solitude se tourne vers moi que les mots viennent à la rescousse, mais pour quel dialogue ? Une sérénité approche, tapie dans les buissons, le long des chemins que bientôt je vais suivre. A une chaleur détournée. La venue du dieu, la richesse abyssale de l’entre-nous, la vacuité des langues, leur parallélisme, tout cela, et plus encore qui fraye avec l’en deçà d’une parole, je l’aurai maintenu sauf pour le retourner en paroles qui s’adresse à toi. Un chant qui n’enchante pas, qui n’enfonce pas non plus qui l’entend dans l’entente obscure, voilà ce qui me tient en vie, avec pour tout témoin, cette flamme qui ne brûle pas, qui me vient de l’enfance retrouvée dans l’accord avec le pays. Enfance des mots assez mûrs, assez vieux pour enivrer même le plus blasé. N’espère pas te sauver, et ne fuis pas. Reste droit et ferme pour mieux accueillir la confiance souriante et la conscience claire d’un chemin qui ne commence qu’avec toi.
Jean-Michel Guyot |
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