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Journées (Patrick Cintas) - 1ère partie
Alba serena

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 Article publié le 11 septembre 2012.

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C’est le matin que j’exprime le mieux ma bonne humeur, si toutefois c’est dans cet état que je me lève. Il me suffit de penser aux autres, aux autres en général, sans distinction de personnages. Je me dis que je ne suis pas seul et qu’après moi, ce sera comme avant moi et surtout comme quand j’y étais. Cette idée me ravit. Mon insignifiance me construit tel que je suis. Ce n’est déjà pas si mal. J’ai tout emprunté, tout donné et tout me sera repris. J’en conclus, avec ou sans amertume selon l’état de ma joie, que la vie est ailleurs. En cela, je suis bien de mon époque ! Je cherche dehors ce que je ne trouve pas dedans. Et si cette recherche m’affecte au matin, mon bonheur me titille à la place de l’intelligence. Je me désorganise non pas par éparpillement de la douleur, mais par renversement du sens. C’est un don. Une particularité que je partage avec mes voisins. Je préfère parler de voisins plutôt que de semblables, mais il n’en reste pas moins que la fraternité n’est pas éloignée de la pratique de l’extase. — Ce matin, une joie agile me conduit au pied du lit où j’ai mes pantoufles. Je me chausse. Je m’adonne à mon aspect ou plus exactement à ma représentation. Je gratte ma porte avant de sortir. J’ai un rendez-vous avec le destin. Je devrais suer d’angoisse, n’est-ce pas ? Au contraire, je suis sec comme un vieux quignon, surtout à l’endroit des yeux. Je souris aux faciès. J’édulcore une précipitation. Je tempère une appréciation. Et quand j’arrive sur les lieux de mon coup de dès sur le pif de ma croissance sociale, personne ne m’attend. Alors, c’est moi qui attends. Je ne demande rien à personne. Je ne connais personne. Encore heureux de ne pas avoir à m’expliquer ! C’est ma peau qui commence à percevoir les premiers attentats de la douleur. Je n’en veux à personne. Je suis encore joyeux, indiscret, cassant. — Ce soir, j’écris. Je ne devrais pas écrire les soirs de grande joie. Tous mes personnages sont là. Il y a la rumeur de leur présence, l’humidité des conversations, les brisures de ma joie et mes pantoufles sans mes pieds. Il y a ma solitude, l’enfant qui revient, ses brassées de jeux, leur Histoire sanguinolente et mon premier poème. Ça me rend triste, au fond, mais n’augure en rien de ce qui va se passer demain matin.

 

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