1.
Le vent essuie les vitres et les fait scintiller
tout comme, juste avant, il a briqué le ciel.
Il jette un grand frisson autour de ma silhouette.
Il m’ébroue je m’ébroue ;
sur la place animée
je cherche des yeux, au-delà des vieux toits
la lune pâle et seule qui, comme moi
tressaille.
2.
A l’ombre des vieux murs épais
et froids nous épions le ciel,
nous écoutons pulser le vent
dans la nudité crue du bleu.
Nous n’avons que cela
au coin
des salpêtres enchevêtrés :
cette âcre odeur d’effritement,
d’eau caillée dont nous reniflons
les filons sinueux, obscurs
piégés à l’intérieur des murs -
et les nuages paresseux
qui se vautrent de tout leur long
sur l’azur décharné, abrupt.
Nous les observons sans répit,
ces chamarrés de nacre et d’or
en suspens, qui prennent le ciel
pour un couffin où s’étirer
cependant
que dans l’angle aigu
sur le long rail des courants d’air
qui fusent et frisent le néant
le vol de l’hirondelle
fuit.