Au bout du petit matin d’avril,
Je regarde l’horizon des horizons,
En quête du poète qui visita ma ville
Aujourd’hui à genoux.
Au bout du petit matin d’avril,
Je revois ce jour pétrifié
Où toutes les fleurs de son île s’ouvrirent
Dans la blessure d’un long silence…
Ce jour où le soleil expira avec le dernier chant
De la terre dans son cri.
Je sais que le poète ne meurt jamais,
Que son pays natal est l’univers des mots
Et cette tour de silence qui cache ses joies…
Je sais qu’il porte toujours dans ses profondeurs
Un fleuve de tourterelles
Pour dire le printemps du bonheur…
Au bout du petit matin d’avril,
Je tends mes mains vers l’au-delà pour accueillir
La mémoire de celui qui dépasse le temps des songes,
Qui ouvre un espace plus immense que l’espace
Dans sa marche vers la lumière,
Qui affronte le chant et la souffrance de l’homme.
Au bout du petit matin d’avril,
Je salue à la fois le roc et la cendre,
Le géant et la pierre,
Celui qui bouleversa le langage avec des mots
Aux bords de l’incandescence,
La sentinelle d’une race :
Le Père de la Négritude.