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A vingt ans
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 Article publié le 18 février 2013.

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A vingt ans, on est prêt à tout et prêt pour rien, à moins que ce ne soit l’inverse : trop bien préparé pour la vie en société, policé, formaté, éduqué, c’est-à-dire équipé d’un filtre qui ne laisse passer que l’admissible, le convenable et le décent.

Foin de la décence ! Vive l’incandescence !

Tard dans ma vie, j’ai pris Bataille au sérieux.

Je le connaissais déjà quand j’avais vingt-cinq, vingt-six ans. J’ai assisté médusé à une représentation du « Mort », texte que je connaissais fort bien. Jamais pièce de théâtre ne m’a autant fait rire, à l’exception de La Mandragore de Machiavel.

Le mort bandait, le public s’en rendit compte. Eclat de rire général devant tant de candeur et d’indécence de la part de cet acteur-gisant sur le cadavre duquel s’allongeait en pleurant sa veuve prise de folie lubrique.

Prendre un auteur au sérieux, ce n’est pas chercher à passer par les mêmes expériences que lui. Toute histoire qui se répète n’est-elle pas une farce, comme le suggère Karl Marx ?

Non, il s’agit de se mettre en situation de vivre des expériences que notre éducation rendait impossible, avec pour toute boussole le respect d’autrui et de soi-même. Ainsi, pas question d’ingurgiter de la mescaline comme Michaux qui, pour ainsi dire, nous en dispense. Inutile de rêver aux bordels qui n’existent plus, pour suivre Bataille, Leiris et Masson dans leur débauche.

La lecture de Blanchot, magnifié par Lacan, voilà ce qui m’a conforté dans une inclination qui nous est commune : tout désir digne de ce nom passe par le langage, sa mise en signifiants interchangeables : pas de signifié ultime !

C’est la fin des mots d’ordre, y compris anarchistes, et Blanchot, dès 1936, nous le disait : le dernier mot n’existe plus.

Bataille rectifié par Blanchot, comme le montre si bien Christophe Halsberghe dans son article Au prix de la béance ?, paru en 2003.

La nostalgie du vécu pré-linguistique, hors langage, finie !

Les mots ne sont pas pour autant un confortable matelas qui amortit les chocs. Dans le lit du langage, ça tangue et ça roule ! Et le sexe n’est jamais loin.

 

Jean-Michel Guyot

9 février 2013

 

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