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Article publié le 9 juin 2013. oOo Très souvent, lorsqu’on évoque un écrivain, apparaît son histoire familiale, et aussi professionnelle, s’il a exercé différents métiers. Quant à sa vie privée, elle devient quelque peu publique à l’instigation des psychologues ou psychanalystes qui ont tôt fait d’établir des liens fortement hypothétiques entre son œuvre et la nature de sa vie conjugale ou son passé de petit garçon. Que l’écrivain en question ait deux ou trois maîtresses – serait-il atteint du syndrome du « petit écolier » ? Aurait-il un lien encore très affectif avec l’institution scolaire ? … - , qu’il aime les animaux au point de s’occuper conjointement d’un chien, d’un chat et d’une perruche, qu’il fréquente les champs de course, qu’il ait un penchant pour la bouteille, qu’il possède deux ou trois maisons ou a contrario vive dans des conditions spartiates, qu’il ait des convictions politiques … est-il vraiment utile de s’attarder sur ces agents non fictionnels ? Au détriment, justement, de ses livres. Certes, il arrive que l’on parle parfois beaucoup plus de la personnalité de l’écrivain ( Louis-Ferdinand Céline, Charles Bukowski, Alain Robbe-Grillet … ) que de son œuvre, ce qui est, somme toute, à son honneur. Pourtant, j’ai l’impression que l’on pourrait simplement se focaliser sur son travail, sur ses ouvrages, en un mot sur son style. Car il contient tout : son langage, son univers, sa vision du monde, sa subjectivité. Et c’est à partir de ce matériau que le lecteur, peu à peu, découvre la personnalité de l’auteur, c’est à partir de la forme qu’il s’approprie le fond, ce contenu unique synonyme de sens philosophique, de sens métaphysique, de sens politique … synonyme de sens … sans adjectif. Jusqu’à parvenir, dans certains cas, à l’effet troublant de miroir. Bien entendu, l’écrivain est aussi comme tout le monde : il possède un jardin, il a une vie de famille, il s’adonne à des passe-temps extravagants … Mais pendant ce temps, celui du discours, la littérature est comme étrangement ignorée. Alors qu’elle n’attend que cela : d’être saisie, considérée, envisagée, disputée … et remise en question. Ainsi, l’écrivain est avant tout la fiction qu’il met en avant, ce flux de narration énigmatique qui le deviendra moins après le passage oculaire du lecteur, un lecteur curieux et attentif. La fiction, donc, rien que la fiction. Suis-je en train de songer ? Suis-je en train de rêver ? |
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