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Article publié le 9 avril 2017. oOo J’ai endossé mon lourd duffel- coatanthracite Est-ce l’automne Les dessous de la Mère Eiffel Hier si légers pèsent des tonnes
Mes opéras pièges à rats Du Garnier du Chagall de l’Ott Plus ça ira moins ça ira J’entends les chœurs des sans-culottes
Et tous ces gens qui crient raca Qui crient raca sur la racaille Tous les Faut-qu’on tous les Y’a-qu’à Qui sauteraient la Butte aux Cailles
Le boulevard des Italiens N’en croit ses mains ni ses oreilles Dans des murmures éoliens Girls et gondoles s’appareillent
Paris Paris n’ai-je plus rien Plus rien à dire ni à faire Qu’à rimer comme un galérien Qu’à m’occuper de mes affaires
Mes pas crissent sur le gravier Des allées du Père-Lachaise Ceint d’une branche d’olivier Cent fois j’y fis fi des fichaises
C’est l’Atelier de Delacroix Sous les catalpas de la place Furstenberg au pied de ma croix S’agenouille la populace
Le carrefour de l’Odéon N’y dansions-nous les olivettes Fifres tambours accordéons Les munitions à la buvette
Je n’ai plus l’âge où le sang bout Mais ma paluche est volubile Dans ma retraite de hibou S’échouent quelques automobiles
J’attends Kafka dans son Château Pourquoi compter les tours d’horloge Pour finir Dieu devient Artaud Et la Patrie fait mon éloge
La Seine charrie des bouquins Des siècles de littérature Et les quais dans son saint-frusquin Crochètent des pans de lecture
Paris Paris tu perds mon temps De La Villette à Montparnasse De Montmartre à Ménilmontant Dans tes embrouilles je finasse
Paris Paris aurai-je l’heur De plaire à toutes tes caboches A tes jeteurs de sorts de fleurs A tes ballets de rigolboches
Paris tes assassinateurs Dans l’ombre chaussent leurs cothurnes Toujours en quête d’un auteur Dans tes pamphlets dans tes nocturnes
Paris où sont tes music-halls Tes rengainards à manivelle Cervoise ou gueuse sans faux col Tes morts me donnent des nouvelles
Paris Paris qu’elle heure est-il L’heure de prendre la marée J’étais heureux dans mes quintils A table avec Saturne et Rhée
Je troque le Trocadéro Contre les faux tableaux du Louvre Ravel est à son Boléro La ferme La ferme Je l’ouvre
Je déplace sur l’échiquier Des pions les tours de Notre-Dame Des fous des rois des perruquiers Des violons qui n’ont plus d’âme
J’ai lu Ronsard au coin du feu Colette et Sand dans les latrines J’ai lu Marivaux dans son jeu Et Mallarmé sur mes marines
A la soupière à l’oreiller Tout le monde se raccommode Moi j’écris pour vous effrayer Et mettre ma tripe à la mode
Parie j’écris dans tes garnis Dans tes combles dans tes mansardes Dans tes galetas dans tes nids Sous tes vieux ciels qui se lézardent
Et ces amours de rien du tout Avec vue sur les Tuileries Sur les chevaux verts de Coustou Sur les Halles sur les tueries
J’ai cru Zoé à Robinson Entre deux pierrots de guinguette De derrière les noirs buissons Est-ce la Folie qui me guette
Est-ce le jour est-ce la nuit Tu vois ma muse je débloque Je te rends les clefs de ton huis Dans mon Paris qui se disloque
Robert VITTON, 2007 |
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