De loin, c’est une envergure en forme d’intervalle, de loin, c’est une envergure qui maintenant affiche ses lents et réguliers battements, rendant impossible la mesure de son étendue, alors que la tête et les serres commencent à se dessiner, le ralentissement du volatile, désormais, précédant un stationnement sans doute évalué depuis une certaine distance, un arrêt matérialisé par le déploiement des ailes en éventail et la prise, mate ou brutale, de l’une des branches de l’arbre immense perché en hauteur.
De là, le volatile voit, oui, il observe la plaine et la ville, en contrebas, la ville et ses multiples interactions, la ville et son cadre, la ville et ses informations ou flux d’ordre sociologique, économique, scientifique, historique … fantasmatique …
Son envol reprend, là, au-dessus du schéma urbain, au-dessus des tours, tandis que ses yeux absorbent ce qui se passe, procédant à une manducation qui entre en interaction avec ce qu’il est déjà. Car il est impossible d’avoir une conscience vide, absolument vide. N’est-ce pas ?
Les espaces domestiques, les espaces privés, les espaces publics et leurs configurations … le temps commun, le temps subjectif, le temps métaphysique … c’est tout cela que l’oeil du rapace absorbe.
Vol de reconnaissance, vol de connaissance, vol du doute méthodique …
Et vol de la reprise, oui, après l’association entre les divers apports cognitifs – synonyme d’autant de proies – et les sensations propres du rapace. La compacité du bec, la puissance des serres ainsi que leur cuirasse, la précision d’une vision lointainement projetée ont aisément raison des problématiques caractéristiques de ces matériaux. Le métabolisme tout entier, maintenant, fait émerger cette matière nouvelle, la matière textuelle. Les yeux de l’immense volatile, eux, restent grands ouverts …