Un grand squelette, d’abord, autour duquel sont répandus les muscles en faisceaux, un grand squelette vertical dominé, pour la partie supérieure, par le thorax. Une démarche droite, ensuite, qui se dirige sans hésiter, comme mécaniquement. Un, deux, trois pas, la foulée est réflexive, tout comme le sens de l’orientation, qui semble inné. Dans le cortex, la géographie de l’espace est étendu.
Maintenant, un squelette de moindre envergure, aux formes plus arrondies, avec surtout une largeur de hanches ou de bassin conçue pour l’enfantement. Les pas sont plus rapides et l’espace intercalé plus réduit. Le pragmatisme irrigue le cortex, un cortex criblé d’intentions et de possibilités d’actes à la fois distincts et simultanés.
La combinaison ou agrégation des deux espèces animales s’opère naturellement, en fonction des différences morphologiques respectives. Plaisirs personnels et plaisirs communs se déploient, donnant des indices intimes sur l’identité de chacun. Et sur le degré de complicité de la jonction.
Maintenant, le cortex masculin est devant le ventre du monde, devant cet arrondi épidermique, un arrondi circulaire, de plus en plus circulaire.Les multiples cellules déjà existantes se multiplient donc, pour engendrer une copie différenciée dont le sexe est dévoilé par la contingence. Fillette ou petit d’homme …
Au sein de l’espace domestique, les anatomies se conforment sans cesse à leurs particularités, tout en étant occupées à des tâches individuelles ou communes. Tandis que l’un investit telle pièce, l’une évolue ailleurs.
Devant le miroir, devant la surface réfléchissante, la barbe clairsemée de quelques jours et les cheveux bruns et courts en apparent désordre se regardent, à travers des yeux droits et inflexibles. Puis, l’une des mains se lève et glisse sur l’une des joues.
Devant le miroir, des mâchoires plus fines entre lesquelles des lèvres étendues demeurent refermées ou superposées opèrent une rotation à gauche, une rotation à droite, alors que les yeux, eux, se mirent sans lassitude, exposant maintenant leurs paupières et leurs cils noirs, en éventail, qui occupent désormais la totalité du champ, la totalité du miroir ...