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Écos des tatanes (Patrick Cintas)
La poésie habite

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 Article publié le 23 mars 2014.

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Il s’agit de vivre en poète, plus que d’écrire des poèmes... Jean-Pierre Siméon.

S’en tenir à la tradition, passe encore, mais la réduire à sa plus simple expression nous éloigne de la poésie. Gratignus aimait la poésie. Il ignorait pourquoi il l’aimait, mais il n’en savait pas plus sur sa compagne Marelda et il l’aimait quand même. Un dimanche, il entrèrent dans la Maison de la Poésie, ensemble. Jusque-là, ils n’étaient guère entrés que dans des livres de poésie. Ils ouvraient les livres et les lisaient, chacun de son côté, dans une maison qui n’avait rien de poétique. Ils aimaient ou pas ce qu’ils lisaient et ils en discutaient quelquefois, ce qui ne changeait rien à leurs impressions. Ça ne les empêchait pas de s’aimer, comme un lecteur aime la poésie. Ils entrèrent dans le Hall. Il y avait des poètes et des non poètes. Il y avait aussi de tout. « C’est le Monde, » dit Gratignus à Marelda. Elle le pensait aussi. Un poète s’approcha. « Aimez-vous la poésie ? » leur demanda-t-il. Ils répondirent que non. Le poète s’éloigna et dit à un autre poète : « Qu’est-ce qu’ils foutent là ? » La nouvelle se répandit. Les regards se froissèrent. Le Directeur se montra : « Qu’est-ce que vous foutez là si vous n’aimait pas la poésie ? » Gratignus sortit sa grosse bite de sa culotte et encula Marelda. On appela la police. Heureusement, la bite de Gratignus était une fausse bite et la culotte de Marelda était à sa place. Dehors, le policier ne voulut pas faire d’histoires : « Si vous n’aimez pas la poésie, leur dit-il, n’entrez pas dans la Maison de la Poésie ! » On ne discute pas avec un policier qui n’est pas fait pour ça. Gratignus encula Marelda un peu plus loin, à l’abri des regards, « car c’est sans les autres qu’il faut aimer la poésie, » décréta-t-il. « On ne fait pas de la poésie devant les enfants, » dit Marelda qui suait à grosses gouttes. « Et on ne fait pas des enfants à la poésie, » conclut Gratignus qui bavait.

 

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