Non mes amis je n’ai pas passé ma vie
à tenter de résoudre le problème des dés
qu’on a jetés parce qu’il fallait les jeter
ou qu’en tous cas le temps en était venu
et qu’alors qu’ils étaient en l’air
il s’agissait de les empêcher de toucher le tapis
qui dans mon cas était de la terre ordinaire
très glissante en toutes saisons
avec ou sans feuilles mais en glissant
on ne fait plus attention aux feuilles
Par contre le problème des feuilles
qui n’a rien à voir avec celui des dés
a retenu une partie de mon temps
lequel n’était précieux que de mon point de vue
ce qui explique que les feuilles ont attiré
mon attention sans prévenir ma prudence
comme le font quelquefois les feuilles
quand on joue aux dés sans elles
si jouer c’est avec les dés qu’on le fait le mieux
Je sens qu’il va manquer une conclusion
à cette métaphore du tapis avec ou sans dés
mais l’automne vient à peine de commencer
les vacances ont encore un goût de vacances
et je ne veux pas achever ce poème
sans avoir fait tout ce que je n’ai pas encore fait
car j’ai une petite idée de ma mort figurez-vous
Je compte bien mourir en faisant quelque chose
et non pas bêtement en ne faisant rien