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Son corps |
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![]() oOo Son corps balance entre deux rives. La nage impersonnelle n’est pas son fort. Quand elle nage, elle souque ferme, son corps-barque élague l’élément aqueux, roule dans les bulles et les giclées d’eau qu’elle ne tarde pas à laisser derrière elle, tant sa nage fait d’elle l’élément de l’eau qui ne la contrarie pas, mais en épouse le dynamisme formel. Ainsi l’eau qu’elle aime d’amour et son corps-barque échangent leur signe de connivence, l’un ayant besoin de l’autre pour donner sa pleine démesure. Elle empoigne le cœur, l’emporte entre ses dents, le dévore doucement tapie dans les broussailles. C’est ainsi qu’elle déploie ses ailes de bête de proie. Oiseau marin, sirène et reine des eaux profondes, nageuse invétérée et femme corps et âme, elle prend, déchire, déchiquète à plaisir l’âme des hommes, ainsi se pâme. Et de pâmoison en pâmoison, elle fait moisson d’hommes. Extase transmissible, glissandi féconds qui roulent le long de l’azur caressé, notes à portée de doigts jetés sur les harpes éoliennes de son désir écartelé entre les profondeurs et les saillies, les creux et les bosses, les combes et les collines de ces corps d’homme qu’elle tourmente amoureusement. Paumes de main fragiles, serres acérées, sourire des eaux et lèvres gourmandes, tueuse extatique, nette et précise, animale toujours, bestiale jamais, telle est l’aimée de mon cœur. Jean-Michel Guyot |
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