Ô pères qui habitez dans nos tombeaux
que le son du clairon vous réveille
et que pour un instant on vous écoute
nous qui avons perdu le sens de la mort
Que ces tombes se couvrent d’oiseaux
et que leurs becs nous disent la parole
qui fut la vôtre au moment de mourir
sous le feu de l’injustice et du devoir
Accomplissez nos rêves aujourd’hui même
Ne partez pas sans ouvrir vos bouches
et que votre langue qui est aussi la nôtre
retrouve les accents de la sincérité
Vous ne serez pas morts pour rien
et nous ne vivrons pas inutilement
Nos enfants retiendront le temps
avec le sel de nos paroles jointes
comme des mains en prière
Regardez puisque vous le pouvez
nos visages d’un sang nouveau
et dites-nous comment le verser
pour que nos femmes y conçoivent
le meilleur de nos enfants