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Article publié le 31 août 2014. oOo Heureux qui mettra sa cocarde Au bonnet de Mimi Pinson ! Alfred de MUSSET
Ce n’est pas pour une piécette Qu’elle ravaude caleçons, Chemises, tabliers, chaussettes, L’aiguille de Mimi Pinson.
Beaux prometteurs de fleurs d’orange, Donneurs de bons points, de leçons, Petites frappes qui se rangent Du parti de Mimi Pinson…
Pipeurs de dés, gens de rapine, Batteurs d’estrade et de buissons, Tous se souviennent des épines Des roses de Mimi Pinson.
Quand des farfelus l’enlevèrent Pour une minable rançon, Que la secousse fut sévère Dans l’entour de Mimi Pinson !
Chose promise, chose due. Ficelée comme un saucisson, Les ravisseurs nous l’ont rendue Intacte, la Mimi Pinson.
Besogneux, ouvriers, notables, Tous entonnent à l’unisson, Quand elle grimpe sur la table, Les refrains de Mimi Pinson.
Assoté de la bistrotière, Je ne me prends plus de boisson. Je songe aux bas, aux jarretières, Aux jambes de Mimi Pinson.
Landerira, landerirette, Je suis ferme sur mes arçons. Risquez-vous de conter fleurette A la chaste Mimi Pinson !
Je détaille la clientèle, Le fumiste et son hérisson, Le vieux croque-note à bretelles, Le logeur de Mimi Pinson…
Le mercier sale comme un peigne, Le mécanicien, le maçon, Le gindre, la gueule d’empeigne Du chausseur de Mimi Pinson…
Les forfantes de la fourrière Que je laisse pour ce qu’ils sont, La verdurière au gros derrière, Le tiffier de Mimi Pinson…
Les deux figures de carême Qui ne sont ni chair ni poisson, Qui tètent sur le café-crème, La goutte de Mimi Pinson.
Dans mon effrayante voiture Je l’embarque pour Robinson. Il a son jour de fermeture, Le troquet de Mimi Pinson.
Montmartre avait rangé ses toiles. Je le sentis le doux frisson, Toute une nuit claire d’étoiles, Dans les bras de Mimi Pinson.
Joueurs de rami, de belote, Vous qui m’épiez, mais passons… Sachez qu’un jour sur sept, je l’ôte La robe de Mimi Pinson.
Quand elle a sa male semaine, Je prêche sur le Jurançon Et je geins, pauvre énergumène, En mal de ma Mimi Pinson.
Cependant que l’on baguenaude, En boule sur le paillasson, Elle ronronne, elle minaude, La chatte de Mimi Pinson.
Vous qui donnez votre farine, Dans peu, vous vendrez votre son. Garces, lécheuses de vitrines, J’en pince pour Mimi Pinson !
Je torchonne la République, J’enterre mes vies de garçon. Il est temps que je me rapplique Dans le cœur de Mimi Pinson.
Alfred de Musset me brocarde Dans quelques tours de sa façon. Je l’aurai piquée ma cocarde Au bonnet de Mimi Pinson.
Comme jadis mes ingénues, En croupe sur mon canasson, J’emporte par-dessus les nues Mon espiègle Mimi Pinson.
Le patron l’a mise à la rue, Son trousseau tient dans un chausson. Dans ma troupe, j’ai deux recrues, Une bête et Mimi Pinson.
Vous avez le bonjour d’Alfred, Un baiser de Mimi Pinson, Avant que je vous porte raides, Déguerpissez de ma chanson.
Robert VITTON, 2014 |
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