Chemins menteurs
Voués à l’oubli tenace, toute mémoire ouverte
A ce qui chemine en vérité
Abus de pouvoir, abus de mots
Lente blessure qui approfondit la donne
Le donné préalable, cartes sur table encore inconnues des fiévreux joueurs
Fièvre d’un jour, fièvre de tous les jours, vite oubliés
La ronde recommence, reprend sa chasse effrénée au pays des menteurs éhontés
Coups de dés, infortune des astres sidérés
Sidération appropriée, égale en ampleur aux plus beaux poisons
La fascination creuse de larges ornières dans le sillage des petits salauds,
Des fiers de l’être sans avoir l’air d’y toucher
Bourbeux, fangeux, boueux, comme vous voulez,
Les voilà tout crottés
Penaude, la vie affronte, renâcle, puis se cabre
Un air de déjà entendu chante une complainte lascive
Le bleu du ciel attendrit la mésange qui n’en voit pas la couleur
Elle ne joue pas, vole pour sa survie
Sacrée tu fus en des temps reculés
De branche en branche,
De chemin forestier en chemin de campagne
La même attente, le même élan
La terre sourit, regarde,
Undveilchenblau die Erde, alsZeichen der Liebe
Frênes et hêtres traduisent le chant profond dans la langue natale
Qui l’a vue naître
La murmurent aux chênes alentour
La forêt entière reprend en écho la phrase amoureuse
Et bleue de violette, la terre, en signe d’amour
Au levant d’antique provenance,
Je n’entends pas hennir les chevaux dionysiaques,
Je laisse le fier quadrige à ses rêves inachevés,
Je leur préfère les forêts d’ici et de là-bas,
En Germanie
Odin savoure sa revanche sans ressentiment aucun
Il chemine dans la hêtraie toute proche,
Et là, et là-bas aussi bien
Dans les runes amies qui forcent le destin
Jean-Michel Guyot
17 septembre 2014