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La calbombe céladone de Patrick CINTAS
Modiano, Nobel.fr XV
[E-mail] Article publié le 12 octobre 2014. oOo
Encore une fois, le Nobel de littérature ne va pas à un grand écrivain, mais à une œuvre. Et pourquoi pas ? Certes, le secrétaire de l’Académie Nobel pousse le bouchon trop loin en déclarant que Patrick Modiano est l’égal de Marcel Proust. Mais ce n’est là que du style médiatique qu’il ne faut pas prendre au sérieux. Quand on consulte la liste des prix Nobel français, il n’y a guère qu’André Gide qui mérite le titre d’écrivain, son œuvre ayant atteint une véritable dimension littéraire qui compte dans l’Histoire. Sinon, des moralistes, des petits-maîtres et des personnalités attachantes récompensent quelquefois nos lectures, mais sans plus. André Gide, lui, change la littérature sans donner de leçons ni proposer un guide touristique ou historique. Plus heureux, les Américains ont Faulkner, Hemingway, Steinbeck… Les nobels hispaniques sont pratiquement tous de grosses pointures de la littérature universelle, des inventeurs de premier plan. Et les autres grands écrivains n’ont pas eu ou n’ont pas ce prix plus médiatique que prestigieux. L’Académie Nobel, dont le rôle n’est pas de juger du génie d’un auteur, chaque année met l’accent sur une particularité nationale que les évènements récents se sont chargés de porter au premier plan de l’actualité. L’antisémitisme a particulièrement agité les esprits cette année, n’est-ce pas ? Or, cette posture est non seulement une erreur de pensée, elle est aussi et surtout une ignominie. Ceux qui veulent en peser la cruauté peuvent lire nos historiens de tous bords et comparer en toute conscience. Mais il faut alors être doué pour les sciences. Et celles-ci sont plutôt exigeantes en mémoire, connaissances et techniques d’investigation et d’expérimentation. Hou la la ! Par conséquent, pourquoi ne pas se plonger dans les romans de Modiano ? nous propose l’Académie Nobel. On n’en sortira que meilleur. Le style est d’ailleurs parfaitement adapté à une lecture sans recherche ni casse-têtes. Et la Collaboration un véritable vice de forme de la Nation. Les amateurs de littérature iront chercher ailleurs de quoi satisfaire leur insatiable curiosité. Et ils n’ont guère besoin qu’on guide leurs goûts ni leurs exigences. Ils sont assez grands pour ça. L’esthète n’accuse pas, il refuse. C’est un réfractaire. Patrick Cintas. |
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