La poésie des bergères manque de berger
aujourd’hui
Bergère dans la voix
ou fileuse de mauvais coton
l’une et l’autre se trouvent seules
assise sur une veille souche
toujours aussi belle
et prometteuse mais
seules comme des mortes
De ma fenêtre je les vois
et bien que je sois poète
je ne sors pas pour éprouver
le fil de ma poésie
au cuir de leurs oreilles
exercées depuis longtemps
Ce n’est pas que je fuie l’amour
Au contraire je le poursuis
Mais ces bergères sans moutons
sont aussi sans pitié
dès qu’il s’agit d’elles
et de leur influence
sur l’inspiration des poètes
Pourquoi ne pas préférer
l’ouvrière qui descend
de sa petite auto
et qui d’un air complice
m’invite à prendre un pot
À moins que la bourgeoise
qui fait ses courses
ait aussi bien compris
que je veux être moderne
et que je ne suis pas un mouton