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Revue d'art et de littérature, musique
Revue en ligne

vendredi 29 mars 2024

Directeur: Patrick CINTAS
Timothy Leary - Image de Patrick Cintas

Dans la série [presse-livres]...

To describe externals, you become a scientist. To describe experience, you become an artist. The old distinction between artists and scientists must vanish. Every time we teach a child correct usage of an external symbol, we must spend as much time teaching him how to fission and reassemble external grammar to communicate the internal. The training of artists and creative performers can be a straightforward, almost mechanical process. When you teach someone how to perform creatively (ie, associate dead symbols in new combinations), you expand his potential for experiencing more widely and richly.

 

3 feuilletons

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La voilà encore,

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« IRREVERENCE IS A PASSWORD FOR THE 21ST CENTURY

It has been suggested that the philosophic assignment of the Roaring 20th Century was to prepare the human species for the shifting realities of Quantum Physics and Singular Steering.
Relativity means that everyone "sees" or reacts to things differently, depending upon location, velocity and attitude (angle of approach).

The relativistic insight is in essence irreverent or humorous, i.e., laughable, comical, delightful. With the law of gravity repealed, levity is the order of the day. We rise through our levity, instead of being held down by our gravity.

The word "humor" comes from the Latin word for liquid or fluid, referring to such qualities as flowing, pliable, smooth, effortless, easily changed, non-frictional, transparent, shining, musical, graceful in motion and readily converted into cash. »

 

Nouveautés chez :

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Chaque lundi - la fréquence hebdomadaire est entretenue par Daniel Aranjo, Enrique Arias Beaskoetxea, Francisco Azuela, Luis Benítez, Gilbert Bourson, Jacques Cauda, Patrick Cintas, Daniel de Cullá, Jean-Paul Gavard-Perret, Jean-Michel Guyot, Pascal Leray, Santiago Montobbio, Benoît Pivert, Stéphane Pucheu, Jesús Quintanilla Osorio, Jorge Arturo Quintanilla Penagos, Rolando Revagliatti, Stéphane Tomasso, Carmen Vascones, Pascal Uccelli, Robert Vitton - et le groupe Personæ (hétéronymes de Patrick Cintas).
Pascal Leray - Catalogue du sériographe  >>

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 Le tout un chacun
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 Un juste retour des choses
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 El castillo
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À propos de Santiago Montobbio
 La palabra del mar - por Laurie-Anne Cathala Morisset - Amics de la Unesco de Barcelona
Essais de Santiago Montobbio
 Poema y pan
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Ces auteurs ont bien voulu animer des espaces plus proches de leurs préoccupations que le sommaire de la RAL,M toujours un peu généraliste. Ces espaces constituent du même coup le coeur de la revue et leurs projets respectifs nous rapprochent nettement d'une revue qui serait pleinement assumée.
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Beware of monotheism

 

 

Monotheism is the primitive religion which centers human consciousness on Hive Authority. There is One God and His Name is (substitute Hive-Label). If there is only One God then there is no choice, no option, no selection of reality. There is only Submission or Heresy. The word Islam means « submission. » The basic posture of Christianity is kneeling. Thy will be done. Monotheism therefore does no harm to hive-oriented terrestrials (Stages 10, 11 and 12) who eagerly seek to lay-off responsibility on some Big Boss. Monotheism does profound mischief to those who are evolving to post-hive stages of reality. Advanced mutants (Stages 13 to 18) do make the discovery that « All is One, » as the realization dawns that « My Brain creates all the realities that I experience. » The discovery of Self is frightening because the novitiate possessor of the Automobile Body and the Automobile Brain must accept all the power that the hive religions attributed to the jealous Jehovah. The First Commandment of all monotheisms is : I am the Lord, thy God : Thou shalt have no other Gods before me. All monotheisms are vengeful, aggressive, expansionist, intolerant.

Stage 10 : Islam-Catholicism
Stage 11 : Protestant Evangelism
Stage 12 : Communist-Dulles Imperialism

It is the duty of a monotheist to destroy any competitive heresy. Concepts such as devil, hell, guilt, eternal damnation, sin, evil are fabrications by the hive to insure loyalty to Hive Central. All these doctrines are precisely designed to intimidate and crush Individualism. The process of mutating into Self-hood plunges the mutant into this cross fire of neurogenetic moral flak. Most of the freak-outs, bad trips and hellish experiences are caused by Monotheistic Morality. Again, it must be emphasized, that Monotheism is a necessary stage. Monotheism is a technology, a tool, to bring pre-civilized tribespeople and caste-segregated primitives into the collectives necessary to develop the post-hive, post-terrestrial technologies.

The major evolutionary step is taken when the individual says : « There is only one God who creates the universe. This God is my Brain. As the driver of this Brain I have created a universe in which there are innumerable other Gods of equal post-hive autonomy with whom I seek to interest. And my universe was, itself, created by a Higher Level of Divinity-DNA, whose mysteries and wonders I seek to understand and harmonize with. »

From The Intelligence Agents by Timothy Leary
deoxy.org/leary.htm

 

 

Philosophie et liberté
versus
Religion et autorisation

Article publié dans le nº 20 de la RAL,M en novembre 2006 :

La liberté d'expression étant une fois encore remise en cause par la religion, nous renouvelons ici nos critiques à l'égard de ceux qui se croient permis d'imposer leur morale aux autres sans les consulter.

Comme la plupart, je n'avais jamais entendu parler du « philosophe » Robert REDEKER avant qu'une fatoua le désigne comme victime expiatoire de la pensée philosophique. Mais j'étais, comme tout le monde, capable d'imaginer que cela devait arriver tôt ou tard à un « intellectuel » français d'« importance ». D'emblée, je signale ici que je suis signataire piétonnier de cette pétition qui s'intitule justement : Contre la barbarie, le soutien à Robert REDEKER doit être sans réserve. Le « sans réserve » vise le silence ou les atermoiements de ceux dont on attend à bon droit une réponse claire à la menace : politiciens, magistrats, religieux et intellectuels. Cependant, les mots « lâcheté » et « complicité » n'ont pas été prononcés. Et je suis moins enthousiaste sur le sens à accorder à « barbarie » : ...est barbare qui croit à la barbarie... C'est ainsi que tout commence et s'achève, hélas.

Depuis quelque temps déjà, en fait depuis que l'« Islam » occupe une bonne place dans le cirque médiatique, le vocabulaire doctrinal a changé :


Lire cet article [...]

 

 

 

Pétainistes endormis

 

En prévision du nº 83 de la RAL,M

à paraître en avril/juin 2013

 

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Dans le contexte collaborationniste qui affecte en ce moment l’opinion occidentale, le premier amendement de la constitution des USA n’a plus de sens ?

« Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, (aucune loi) qui interdise le libre exercice d’une religion, (aucune loi) qui restreigne la liberté d’expression, ni la liberté de la presse, ni le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d’adresser à l’État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis (sans risque de punition ou de représailles). »

Voltaire non plus n’aurait plus de sens ?

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire. »

La Philosophie n’aurait plus de sens ? Et la religion (la superstition) en aurait un ?

Cet esprit collaborationniste qui veut limiter la liberté d’expression n’est-il pas lié à un autre héritage occidental : le colonialisme ?

Et... collaborationnisme + colonialisme, est-ce suffisant pour parler de fascisme ? Et en France particulièrement, de pétainisme ?

Ou faut-il plutôt parler de... sieste, dans le genre :« Foutez-nous la paix ! » ?

Dans ce dessin de Daumier revisité, on voit bien à quel point le moindre citoyen se prend pour un magistrat sans avoir fait d’études conséquentes...

 

 


Essais de Patrick Cintas [...]

 

 

 

L'art des drapeaux

Alphonse de Lamartine
Qu’on appelait aussi Cucul-la-Praline
Parce qu’il avait le vin mauvais
À cause d’une mauvaise cuvée
Eut raison de la Révolution
En imposant aux passions
Les trois couleurs de la liberté
Héritées
Respectivement
Des curés, des rois et de la famille régnant
Aucun art ne guida sa pensée
Et il fut suivi par la majorité
Ce drapeau est couvert de sens
Il y a aussi pas mal de sang
Versé
En apnée
Comme le vin
Qui met fin
À l’art de composer des drapeaux
Dans le pays de la poule au pot

 

 

En Amérique
Pays pratique
Le drapeau n’a qu’un sens vernaculaire
Même à l’envers
Il dit ce qu’il veut dire
Sans praline et sans soupirs
Sans une seule seconde de retard
Bien sûr ce n’est toujours pas de l’art
Il y a bien de la terre et des hommes
Avec tombée de l’arbre une pomme
Que la science de ces habitants
Dément
Un peu plus chaque jour
Parce qu’ils sont aussi champions du tour
Des choses et des vivants
Comme au bon vieux temps
Des Arabes fils du ciel
Au goût de miel
Et de sable
Arable

 

 

Plus loin sur la Terre
Peut-être au milieu
Avec ou sans dieux
Le désert
Est plus fort que la Chine
Alpine
Et plus vrai que la Sibérie
Qui rit
Elle aussi au fond de l’océan
Du temps -
Dans le désert
De terre
On s’accroche à la vie
Et le temps manque à l’envie
Aussi
Ici
On est peintre avant tout
On a les yeux sur tout
Et on voit
Que c’est là
Et seulement ici
Que la poésie
Peut sans danger pour elle-même
Ni pour ceux qui l’aiment
Faire des drapeaux un art
Et de l’art un drapeau
On y voit ou il est tard
Mais on l’a dans la peau
Et même avec des mots, des gestes ou des histoires
Leçon de chose et non pas de morale ni de science
Poésie de la conscience
C’est l’espoir
Et donc la vérité
Qui prend la place des déshérités
Et non pas des idées même véridiques
Comme en Amérique
Ou nostalgiques d’un temps pourri
Par le règne et ses épis
Symboliques
Et toujours en pratique -
Ici dans le désert et sur les plages
Dans les montagnes et les mirages
Le drapeau est un art facile
À la portée des couseuses de son fil
Et des voyages de ses fils
À la hauteur de la vie qui s’immisce
Chez le voisin
Qui n’est chez lui
Que chez les autres
Mer et océan, montagnes et jardins
Sahara à portée de main
Ici
L’homme libre n’a que la couleur de la vie

 

 


Poésies de Patrick Cintas [...]

Travaux d'approche d'un T&P 81 et d'un RALMag 6 (à paraître — en numérique — en janvier)

« Acid is not for every brain - only the healthy, happy, wholesome, handsome, hopeful, humorous, high-velocity should seek these experiences. This elitism is totally self-determined. Unless you are self-confident, self-directed, self-selected, please abstain. »

 

ÉDITO

L'Etat, la poésie, la société...
Pascal Leray

La poésie, en France c’est quoi aujourd’hui donc ? Qu’est-ce qui s’énonce comme poésie et doit être pris en compte ? Car il est évident, tout de même, qu’il faut délimiter l’objet dont on cause.
 
— D’une part il y a une sphère éditoriale subventionnée (et oui, au fait...) avec des auteurs bien identifiés : je me contenterais de renvoyer au site du CIPM. Ces auteurs, excellents pour les uns, médiocres tâcherons pour les autres (c’est la vie) ne rencontrent qu’un succès d’estime, ce qui pose question. Réellement, la valeur n’est pas en cause dans cette interrogation. Deguy ou Prigent sont des auteurs tout à fait estimables, pas forcément difficiles d’accès d’ailleurs (ça dépend des textes, ça dépend des humeurs, ça dépend des jours).
— D’autre part il y a une myriade de « sociétés de poésie » qui regroupent des cercles d’amateurs, organisent des concours, etc. La SPF est la plus illustre d’entre elles. Il n’y a aucune communication entre ces deux sphères, il faut le noter.
— Un tiers espace est constitué par des entreprises pas ou peu soutenues (le Chasseur abstrait, par exemple) et des groupes informels, qui ont gagné en visibilité avec l’internet et en capacité d’action grâce à l’impression à la demande. A mon humble avis (et très personnel), si l’on recherche « la poésie », c’est de ce côté qu’on se tournera avec le plus de profit. Ben oui. C’est là qu’elle est libre et il paraît qu’elle a besoin de liberté, la poésie. Donc, il est logique qu’elle apparaisse en-dehors des lieux dédiés, non ?


Lire la suite [...]

 

Patrick Cintas :
En quelque sorte : une noblesse, un clergé et un Tiers-État... Beaucoup de morts pour rien, mais on ne va pas recommencer, n’est-ce pas ?

Voici l’article de Xavier Person et Philippe Beck qui s’intitulent respectivement « écrivain et critique » et « poète et écrivain », formant ainsi un chiasme intéressant...

Redonnons sa place à la poésie

Ces prolègomènes à une « bonne place » de la poésie, sans doute aussi bonne que celles qu’ils occupent tout aussi respectivement, n’ont pas attiré beaucoup de lecteurs et un seul commentaire qui remet les choses à leur endroit. Mais monsieur Beck a paraît-il des relations chez Libération où quelques esprits, qu’on peut compter sur le bout des doigts, vont jusqu’à le « vénérer », du moins en paroles. Tout s’explique. *

Rosebb, unique commentatrice de l’article en question, écrit, pour résumer sa pensée :

« Si la poésie n’était pas en danger, elle ne serait pas... donc, laissons-la errer hors des bouches ministérielles. »

Tout y est et c’est l’essentiel : danger, liberté. Soit, en termes philosophiques : action.

Mais enfin, messieurs les ronds-de-cuir, d’où vous vient-il, pour reprendre les mots de Pascal Leray, « qu’il est important que la poésie soit un objet de considération pour la puissance publique » ? Et que vient faire ici cette « conviction » d’ordinaire en usage dans des lieux moins élégants et mal ou pas arbitrés : les tribunaux et les lieux de culte ?

La seule poésie ne peut entrer dans des moules aussi naïvement construits !

Certes, que vous rêvassiez, non loin de l’Académie et autres chancelleries, à une poésie rondement étatique est votre droit. Je vous signale toutefois que l’État ne vous a pas attendu pour entrenir une poésie officielle qui fait l’objet de ses célébrations. Les vôtres sont sur le chemin, mais il est semé d’embûches, comme dit le cliché. Vous en parlez d’ailleurs fort savamment et nous vous en remercions.

Vous me permettrez toutefois, puisque Pascal Leray s’exprime dans mes colonnes et que Philippe Beck m’adresse des provocations ampoulées, de vous rappeler quelques principes :

1) Principe d’anarchie — La poésie étatique a une place par la force des choses, surtout en France où l’État est central, — au milieu de tout et surtout vachement peuplé ! Fragile démocratie —, mais elle n’est pas la seule à s’intéresser à l’existence et à ses oiseaux. Autrement dit, la poésie appartient à tout le monde et peut-être même à personne — en tous cas à personne en particulier. Un des corollaires de ce principe est exprimé par Ramuz : « Plus la supériorité d’un homme est fictive, plus elle est uniquement sociale, je veux dire plus il la doit uniquement à la place qui lui est assignée ou qu’il s’assigne dans la société, plus il est (cet homme) dans la nécessité de l’afficher. » Plus loin : « ...règne de certaine petite bourgeoisie, pire que la grande... »[1]

2) Principe de liberté — Il ne revient pas aux poètes, — à ceux qui se prétendent tels ou qui le sont parce qu’on le dit —, de décider du sort du lecteur, mais à celui-ci de faire son choix, évidemment en fonction de ses racines et de son tempérament, ce qu’il n’est pas bête d’appeler son ghetto, mot particulièrement adapté à la société française telle qu’elle se pratique aujourd’hui. Soit dit en passant, Claude Mouchard s’est encore trompé d’ami : Manuel Valls ne vaut pas mieux que Claude Guéant. « Fachos ! » avait-on encore le droit de dire à l’époque de Marcellin, mais comme on n’a plus le droit, on ne le dit pas. Logique, non ? Liberticide, mais logique, même sans papiers.

3) Principe de marginalité — La littérature est « ...consommée par une partie restreinte de la société, elle ne porte pas une universalité, mais seulement une expérience et un divertissement... » Remarque de Roland Barthes[2] qui figure au pied de notre blog, tandis que celui de nos numéros porte la trace d’André Gide et de ses paludes et autres polders. Ceci pour dire que vos tentatives de restreindre le sujet, à la manière des fort anciens (maintenant) rétheurs, n’ont aucune chance d’aboutir à l’éparpillement de la connaissance de la poésie qu’on effeuille, mais peut-être, j’en conviens, à la reconnaissance de vos ébats par un ministre ou un de ses commissionnaires baveux. Chance que je vous souhaite, si c’est la vôtre.

Le poète est un anarchiste libre comme le vent de ses semelles et squatter d’office. Au contraire votre socialisation de la poésie se résume à peu de choses :

1) L’État constituant d’autorité les corps de la nation (Général, nous voilà !).

2) Les poètes choisis par lui selon vos critères douteux.

3) Le faux élitisme qui s’ensuit et la chute de la culture française dans le monde.

Un nouveau Port-Royal ! La poésie aux Colonies ! Distinction du droit et du fait ! Un Ordre nouveau ! L’esprit français aux abois : on ne pardonne pas à un Allemand de pardonner à Hitler, mais ici on a le culte de Napoléon malgré les analyses pertinentes de Goya. En gros, vous vous foutez de la gueule du monde. Vous me direz : « C’est pas grave. Personne nous lit. » Et je vous réponds : « D’accord avec vous, mais pas dans Libé ! »

Cependant, Pascal Leray, dont je connais l’intelligence et le talent, s’en tire d’avantage. Et nous le suivons, quelquefois allégrement, dans ses pérégrinations d’un printemps à l’autre, idée qui ne lui appartient pas puisqu’elle est d’Emmanuel Hoog, aujourd’hui relayé par Jean-Pierre Siméon, mais qu’il est en mesure d’approffondir alors que vous, messieurs, n’avez l’intention que de racler les fonds de tiroirs — en tout bien tout honneur, cela va de soi... selon le principe qui veut que l’honneur est un bien grand mot et que le bien n’est pas toujours acquis dans l’honneur comme tout le monde le sait.

Le problème épineux posé par votre idée de la place à accorder à la poésie, c’est qu’elle aboutit forcément à une injustice : avec vous, on prend le risque de mettre en place des décideurs-poètes, — sous la forme de directeurs, de secrétaires, d’autorités tout aussi honorables et bien mis que vous l’êtes vous-mêmes —, mais ici ou là (suivez mon regard) de médiocres poètes forcément doublés de piètres décideurs, de vengeurs hystériques, de jaloux dangereux, voire d’escrocs enclins au favoritisme et autres petites douceurs du relationnel en politique. Mais n’est-ce déjà pas le cas ? En partie seulement... rassurons-nous ! car la plupart des poètes sont irréductibles., n’est-ce pas ?

Alors qu’est que c’est que ce « Printemps des poètes » ?

Ne serait-ce pas au fond un pastiche des réseaux et des places-fortes que l’Internet a de bien meilleurs moyens de créer — et depuis belle lurette ? N’y est-il pas question que de cette nostalgie de l’homme de Lettres et des reconnaissances qui s’y attachent encore aujourd’hui avec un goût inouï pour l’élitisme et l’intérêt personnel, paravent secoué derrière lequel toute une profession éprouve des remontées testiculaires ? Et jusqu’où y est-on capable de pousser le bouchon du populisme bourgeois ? S’étonne-t-on d’ailleurs qu’Amazon soit la librairie préférée des Français, comme au cinéma[3], après avoir été la cible d’une justice empoissonnée, une fois de plus, par des intérêts privés élévés au rang de puissance publique ?[4]

C’est à voir. Et nous verrons bien, sans doute, car nous avons le goût des illustrations fidèles et des noms exacts. En attendant, à la plume ! Le temps presse et certains ont déjà vingt ans !

Patrick Cintas.


1. Taille de l’homme.

2. Le degré zéro de l’écriture.

3. En 1917, 391 constatait que le cinéma français était d’un ennui profond et qu’il le resterait... à part quelques... exceptions.

4. 451 pros viennent de se mettre au service de l’industrie du livre pour qu’elle conserve ses marges bénéficiaires exhorbitantes et ses privilèges moyennageux à l’instar de son modèle pétrolier. Prétentieux, cupides, retardataires, hypocrites, faux-culs et compagnie, ils illustrent leur combat par une anecdote dans le style bobo employé par les collectivités de l’État :

« Un ami paysan nous racontait : — Avant, il y avait la tomate. Puis, ils ont fabriqué la tomate de merde. Et au lieu d’appeler la tomate de merde « tomate de merde », ils l’ont appelée « tomate », tandis que la tomate, celle qui avait un goût de tomate et qui était cultivée en tant que telle, est devenue « tomate bio ». À partir de là, c’était foutu ? » Aussi nous refusons d’emblée le terme de « livre numérique » : un fichier de données informatiques téléchargées sur une tablette ne sera jamais un livre. » - 451 pros.

Cette anecdote, sans doute recueillie par un bobo qui ne connaît rien à l’agriculture, contient les signes mêmes de sa bobonnerie et de sa duplicité : la preuve, ce que je lis sur ma tablette en ce moment, c’est bien le livre de Baudelaire et en plus je dispose de quelques outils bien pratiques pour mes notes, mes recherches et ma correspondance. Ma lecture s’est donc améliorée. Que ce soit au détriment des charrettes du passé m’importe peu. J’imagine que les libraires les plus doués pour ce métier tirent déjà leur épingle du jeu — à condition qu’on les aide, bien sûr.

Ce que veut dire le bobo qui raconte cette (fausse) anecdote de la tomate, c’est que l’industrie du livre va devoir céder un peu de place à cette nouvelle manière de lire... qui date quand même de 1971, année qui vit le jour du projet Gutenberg. Le texte continue d’exister et dispose même d’outils d’écriture et de création. L’Oulipo n’a pas attendu ces 451 pros pour explorer la nouveauté avec toute la sincérité et la culture que cette activité ancestrale (l’écriture) réclame encore de nous.

La seule chose que je reproche aux tablettes et autres liseuses, c’est de s’être complètement éloignées de l’esprit humaniste qui animait Michael Hart en 1971, comme d’ailleurs le livre numérique ne répond plus que de loin aux exigences de Ted Nelson. J’avais 17 ans et je découvrais l’Internet. Il faut protéger nos librairies, certes, mais l’occasion est bonne pour laisser tomber les vieilles chaussettes. Cultivez-vous, pros, avant de donner des leçons à la noix à ceux qui travaillent votre pain avant de vous le livrer tout chaud : les écrivains.

* Cela me fait penser à Jean-Paul Sartre qui écrivait à Malcolm Cowley, l’agent de William Faulkner : « Dites bien à Faulkner qu’ici (en France) Faulkner est un dieu. » Et Faulkner de rire, toutes proportions gardées, bien sûr, car il commit malgré tout l’insigne insulte à la littérature d’accepter de figurer dans l’Ordre de la Légion d’honneur et d’écrire les plus grosses conneries qu’on ait jamais écrites sur le pantin de Gaulle. Le primat des Gaules est encore à la fête. Passons. Call me Patrick Cintas.

« Two Commandments for the Molecular Age :

1. Thou shalt not alter the consciousness of thy fellow men.
2. Thou shalt not prevent thy fellow man from altering his or her own consciousness. »

 

 

 

 

 

   

 

 

 


 

« Pour respecter l'idiosyncrasie de chacun... » André Gide - Paludes.

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