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« Sait-on ce que c’est qu’écrire ? »

Hormis le fait que l’on attend généralement d’un conférencier qu’il nous fournisse des réponses bien plus qu’il ne nous adresse de questions, Mallarmé pose d’emblée le rapport à l’écriture en termes d’ébranlement des positions consacrées par l’habitude. De nouveau, le poète ouvre la voie au doute. Pour lui, le questionnement (qui a ici les allures d’une posture rhétorique) précède le sens. Moi, poète, je viens vers vous, non point pour vous dévoiler les mystères insondables de l’écriture mais pour poser mon incertitude comme substrat essentiel à ma quête de la vérité poétique. Alors, cette phrase « Sait-on ce que c’est qu’écrire ? » serait somme toute banale si elle ne puisait sa force (son forçage tout aussi bien) de la structure générale de l’œuvre. Autrement dit, c’est à partir d’une telle question que l’on peut objectivement amener le constat à venir d’autant plus sûrement qu’elle (cette interrogation) aide à maintenir le rapport à l’interpellation de l’auditeur. En effet, c’est le propre d’une interrogation de tracer la ligne de l’audible aussi longtemps qu’elle permet de suspendre le jugement. Mieux, elle exige du poète qu’il décide de ne pas décider l’indécidable, si l’on peut dire la chose ainsi. Son jugement à lui (qui n’en est donc pas un) est d’une certaine façon antéposé à l’interrogation elle-même. Il y a déjà réfléchi et d’aucune manière ce constat de l’indécidabilité quant à la définition de l’écriture, ne saurait être le fruit - ou pour être plus clair- consécutif à la disparition de l’ami. L’écriture était déjà là « ancienne et vague » et elle le demeurera sans nul doute après cette oraison et après tous les hommes présents et futurs, l’orateur inclus. Ce que la phrase « Sait-on ce que c’est qu’écrire ? » sous-entend - adressée aux autres et à soi - c’est cette expression du doute « Sait-on [vraiment]ce que c’est qu’écrire ? » introduit par l’adverbe demeuré en l’état de latence et que nous nous permettons de restituer au corps de l’interrogation. D’où l’on peut tirer la remarque suivante : celui qui vient nous éclairer sur l’écriture dont il n’a de cesse d’en faire le lieu (de sa naissance et de sa mort) n’en sait pas plus - ou peut-être moins tant de ce non savoir, il tire sa raison d’écrire - que ceux qui sont venus réclamer de lui du sens.

« (...)une ancienne et très vague mais jalouse pratique, dont gît le sens au mystère du cœur. »

Nacer Khelouz - Stéphane Mallarmé : fragments

Cahier Nº 17 - Mallarmé
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

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