Brioussov, Valéri Iakovlevitch
Poète russe. Le poème "Le flux vespéral" (1906) fait rimer, en russe, "séries" avec "tissus". Le fait est remarquable si l'on songe à l'absence jusqu'ici non infirmée de "série" dans la versification française même la plus moderne. Le mot, chez Brioussov, se rattache nettement à l'univers de la modernité industrielle, mais ironiquement Brioussov lui donne une dimension métaphysique.Nous donnons ici un extrait de ce poème, dans sa traduction française.
Les affiches crient, riches et bariolées
Les lettres des enseignes gémissent
Et les feux perçants des boutiques
Blessent, comme les clameurs de triomphe.
Là, derrière les vitres, dorment les tissus [materii]
Les diamants distillent leurs poisons luisants
Et sur l'étoile de l'argent - brille
Le flux vespéral des séries [serii]
La ville vit, éventrée
Par les larges puits des rues qui flamboient
Fourmillant de monstres sans nombre
Le flux vespéral festoie.