Duteurtre, Benoît
Ecrivain, fondateur de l'association Musique nouvelle en liberté, il est l'auteur d'un pamphlet, Requiem pour une avant-garde, dont les principales cibles sont les compositeurs de l'école sérielle.
L'utopie postsérielle rejoint ainsi le mouvement de progrès technique, de réforme générale et de liquidation de l'ancien monde, alors en cours dans la société tout entière : accélération de la production en série, rationalisation de l'agriculture, mise en oeuvre de folles conceptions urbanistiques inspirées de Le Corbusier. Tandis qu'à l'est Khrouchtchev (encore employé de Staline) milite pour la destruction des villages et la construction d'agrovilles ; tandis qu'un peu partout dans le monde, des sciences nouvelles entreprennent d'analyser, de quantifier l'organisation sociale, la question artistique se présente elle-même comme la recherche obstinée d'une rationalisation scientifique, toujours plus neuve, toujours plus audacieuse, qui sejette les langues archaïques pour tendre vers l'organisation parfaite.