Eco, Umberto


Critique littéraire et romancier italien. Alors même que L'oeuvre ouverte, une des références de base du structuralisme, s'appuyait largement sur les divers courants modernistes littéraires et artistiques de l'après-guerre, l'oeuvre ultérieure d'Eco exprime un rejet du modernisme au profit d'un regard post-moderne sur les productions mass-médiatiques. Extérieur au domaine français, Umberto Eco n'en est pas moins responsable de la récente remotivation du terme "sériel".


Les concepts de sérialité et de répétition possèdent des acceptions extrêmement étendues. La philosophie de l'histoire de l'art nous a habitué à quelques significations techniques qu'il serait bon d'écarter : je ne parlerai donc pas de répétition au sens de Kierkegaard, ni de "répétition et différence" au sens de Deleuze. Et dans l'histoire de la musique contemporaine, les séries et la sérialité ont été comprises dans une perspective plus ou moins opposées à celle qui nous occupe ici. Les "séries" dodécaphoniques sont le contraire de la sérialité répétitive typique de tous les media puisque, dans ce cas, chaque suite de douze sons n'est utilisée qu'une seule et unique fois au sein d'une même composition.

Lorsqu'on ouvre un dictionnaire courant, on trouve à "répéter" : "dire ou faire quelque chose pour la deuxième fois, ou bien plusieurs fois de suite ; itération du même mot, du même acte ou de la même idée." Pour "série", le sens est : "suite continue de choses similaires". Le tout est d'établir ce que veut dire "plusieurs fois", "le même" ou "des choses similaires".


La série fonctionne sur une situation fixe et un nombre restreint de personnages centraux immuables, autour desquels gravitent des personnages secondaires qui varient. Ces personnages secondaires doivent donner l'impression que la nouvelle histoire est différente des précédentes, alors qu'en fait, la trame narrative ne change pas. [...] Avec une série, on croit jouir de la nouveauté de l'histoire (qui est toujours la même) alors qu'en réalité, on apprécie la récurrence d'une trame narrative qui reste constante. En ce sens, la série répond au besoin infantile d'entendre encore et toujours la même histoire, d'être consolé par le "retour de l'identique", sous des déguisements superficiels.