Lamarck, Jean-Baptiste
Naturaliste. Prétendant faire du tableau des espèces naturelles une "véritable série", il scelle l'association du signifiant "série" avec une taxinomie dont l'influence sera considérable sur toute l'épistémologie du XIXe siècle, et dont le structuralisme même n'est, dans une certaine mesure, qu'un avatar.
Philosophie zoologique
Comme l'homme est condamné à épuiser toutes les erreurs possibles avant de reconnaitre uné vérité lorsqu'il examine les faits qui s'y rapportent, on a nié que les productions de la nature, dans chaque règne des corps vivants, fussent réellement dans le cas de pouvoir former une véritable série d'après la considération des rapports, et l'on n'a voulu reconnaitre aucune échelle dans la disposition générale, soit des animaux, soit des végétaux.
Je ne veux pas dire pour cela que les animaux qui existent forment une série très simple et partout également nuancée ; mais je dis qu’ils forment une série rameuse, irrégulièrement graduée, et qui n’a point de discontinuités en ses parties, ou qui, du moins, n’en a pas toujours eues, s’il est vrai que,par suite de quelques espèces disparues, il s’en trouve quelque part .
Ainsi se forment, dans l'organe de l'intelligence, différents actes physiques qui donnent lieu aux phénomènes des comparaisons, des jugements particuliers, des analyses d'idées, enfin, des raisonnements ; et ces différents actes ne sont que des opérations sur des idées déjà tracées, qui s'exécutent par des mouvements moyens qu'acquiert le fluide nerveux, lorsqu'il en rencontre les traits ou les images dans son agitation ; et comme ces opérations sur les idées déjà tracées, même sur des séries d'idées comparées, soit successivement, soit ensemble, ne sont que des rapports recherchés par la pensée et à l'aide du sentiment intérieur, entre les idées de quelque ordre qu'elles soient, ces mêmes opérations sont terminées par des résultats qu'on nomme jugements, conséquences, conclusions, etc.