Leroi-Gourhan, André


Paléontologue. Son approche structurale de sa discipline lui a permis de réfuter la plupart des conceptions antérieures de l'évolution de l'espèce humaines, calquées sur l'observation des sociétés dites primitives. L'incidence de sa démarche dépasse de loin le cadre de la paléontologie. Dans Le Geste et la parole, il tente d'appréhender l'évolution de l'espèce humaine.


Le sujet agissant oriente par conséquent la majeure partie de son activité à l'aide de séries de programmes élaborés au cours de l'évolution du groupe ethnique, que l'éducation inscrit dans sa mémoire motrice. Il déroule ces chaînes dans un état où la conscience lucide intervient pour ajuster les maillons. Plus exactement la lucidité suit une sinusoïde dont les creux correspondent aux séries machinales alors que les sommets marquent les ajustements des séries aux circonstances de l'opération. Cela est déjà caractéristique de l'intelligence des mammifères supérieurs et s'offre chez l'homme avec une intensité qui en fait un caractère décisif du comportement. En effet l'intervention lucide, liée à la possibilité de confrontation, est non seulement ce qui assure l'orientation du processus opératoire, mais ce qui permet de répondre aux situations accidentelles, c'est-à-dire de redresser le processus opératoire en y ajustant des chaînes appropriées. La possibilité de réparation, d'amélioration, dans le domaine des relations sociales comme dans celui des techniques, est le facteur de l'invention et restitue l'individu humain comme inventeur dans le déroulement du progrès. Le propre des sociétés humaines, d'accumuler les innovations techniques et de les conserver, est lié à la mémoire collective alors qu'il revient à l'individu d'organiser ses chaînes opératoires, consciemment, vers la fixation de processus opératoires nouveaux.