Michaux, Henri
Poète. "L'Ether" assimile avec beaucoup de force la série à un phénomène de récursivité, éprouvée sur le plan de la conscience.
Des pensées en écho déferlent en lui. Mais même à ces échos il ne peut faire face. S’il a froid, il pense aussitôt qu’il pense avoir froid, puis il se voit penser qu’il pense qu’il a froid; à peine s’est-il émerveillé de se voir penser toute cette série qu’aussitôt il se voit s’en émerveiller, puis assiste au spectacle de se voir s’émerveiller de voir qu’il pense qu’il se voit penser qu’il a froid et ainsi toujours en retraite, jamais plus lui, mais derrière lui, à s’observer, il peut enfin se croire perdu.
La série des retraites, des replis des postes d’observation de la pensée première est telle que, quoique représentant l’avenir par son contenu, et, en son passage loin d’être du passé, au contraire et presque excessivement actuelle, à en perdre la respiration, elle est loin d’être une compagne comme sont les pensées en général.
L’éther et l’amour sont deux tentations et deux attentats de l’homme contre le temps. Le temps est chassé durant les saccades de la jouissance. La série précédente est coupée, on peut donc recommencer à partir de 1. .