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Nattiez, Jean-Yves


Editeur des Jalons (pour une décennie) de Pierre Boulez. Son introduction est assez révélatrice des fascinations qu'exerce, jusque dans les années quatre-vingt-dix, la dodécaphonie.


Il ne faut pas attendre de la publication des leçons de Pierre Boulez au collège de France ce que prétendrait offrir un manuel de composition à l’usage des classes. Chapitre I : comment tailler les crayons; chapitre II : comment tracer les portées ; chapitre III : comment bâtir une série ; chapitre IV : comment la transformer, etc.!



Nerval, Gérard de


Poète et écrivain. Ses réflexions sur la tragédie en font le premier théoricien du sérialisme, anticipant de plus d'un siècle la méthode structuraliste. Discrète mais fréquente dans son oeuvre, la série devient omniprésente dans Aurélia. Dès 1830, cependant, Nerval lui donne une valeur particulière, étroitement liée au style descriptif qu'il affectionne (les Nuits d'octobre, Voyage en Orient). L'emploi de "série" dans Nerval témoigne aussi bien de la férquence du mot dans le langage commun que d'une influence de Fourier sur Nerval.


Puisqu’on discute en ce moment de la gamme des sons et des couleurs, on ferait aussi bien d’accuser l’infériorité de notre gamme ... ou, pour parler selon Fourier, de notre clavier passionnel. Celui-là n’a même pas sept notes, sept nuances, sept touches primordiales bien distinctes. Sur les sept pêchés capitaux donnés par l’Eglise, il en est déjà trois qui échappent au théâtre sérieux [...]

En opérant sur ce qui reste de nos étroites passions, on abtiendra trois ou quatre séries de crimes appuyés sur des motifs peu variés et d’origine patriarcale. Quand on a épuisé toutes les péripéties de meurtres, de rivalités et d’amours entre parents du premier degré, il faut passer aux situations analogues résultant des inégalités sociales, puis aux luttes de politique et de croyances ; c’est à peu près tout, à ce qu’il nous semble... Nous devrions même en être sûrs,ayant tracé autrefois pour notre instruction personnelle un tableau complet, en vingt-quatre cases, de toutes les combinaisons possibles de passions tragiques, traitées ou à traiter encore. Ce travail terminé, nous nous sommes assurés que rien de nouveau ne pouvait plus paraître désormais sous le soleil ni sous le lustre, d’ici à la consommation des siècles, à moins, pour rentrer dans les hypothèses fouriéristes que notre planète ne passe à l’état de cardinal majeure ce qui agrandirait sensiblement le clavier de ces passions.

Nous pouvons ajouter, dès aujourd’hui un nouvel ouvrage, sinon un nouveau titre, dans celle de nos cases de la seconde série, qui pourrait s’intituler : ‘Rivalités de reine et de sujets’. Celle-là est une des plus remplies, surtout pour les époques féodales : cela commence par Brunnehilde et Chrimhilde, le grand poème des Niebelungen (...) ; puis Frédégonde et Brunehaut, Roxane, Blanche d’Aquitaine, Marie Stuart, Christine, Elizabeth, Marie Tudor, etc. : toujours deux femmes, l’une puissante, l’autre faible ou opprimée, qui se disputent un amant inconstant par ambition, ou perfide par amour. »


Les Illuminés


Ces analyses, ces biographies, furent écrites à diverses époques, bien qu’elles dussent se rattacher à la même série.

La Bibliothèque de mon oncle, p. 33


La Philosophie de monsieur Nicolas contient tout un système panthéiste, où il tente, à la manière des philosophes de cette époque, d’expliquer l’existence du monde et des hommes par une série de créations ou plutôt d’explosions successives et spontanées ; son système a du rapport avec la cosmogonie de Fourier, lequel a pu lui faire de nombreux emprunts.

Les Confidences de Nicolas, p. 132


La destinée se compose d’une série de hasards, insignifiants en apparence, qui, par quelque détail imprévu, changent toute une existence, soit en bien, soit en mal. Telle était du moins l’opinion de Nicolas, qui ne croyait guère à la Providence.

Les Confidences de Nicolas, p. 183


Pendant ce temps, l’Italie avait vu s’établir, à dater du XVIe siècle, une longue série de penseurs hardis, parmi lesquels il faut ranger Marcile Ficin, Pic de la Mirandole, Meursius, Nicolas de Cusa, Jordano Bruno et autres grands esprits, favorisés par la tolérance des Médicis, que l’on appelle quelquefois les néoplatoniciens de Florence.

Castroglio, p. 363


Les divinités placées dans les astres n’agissent pas seulement sur les diverses séries de la création, mais elles président aux destinées par les conjonctions de leurs astres, qui influent sur le sort des hommes et des peuples.

Quintus Aucler, p. 414



Les Nuits d'octobre


Il y a quelquefois, du côté de Clichy, d’énormes tuyaux de gaz préparés pour servir plus tard, et qu’on laisse en dehors parce qu’ils défient toute tentative d’enlèvement. Ce fut le dernier refuge des vagabonds, après la fermeture des grandes carrières ; ils sortaient des tuyaux par séries de cinq ou six. Il suffisait d’attaquer l’un des bouts avec la crosse d’un fusil.

p. 175


Que m’apprends-tu là ! Les nuits de Londres sont délicieuses ; c’est une série de paradis ou une série d’enfers, selon les moyens qu’on possède.

p. 180



Les Filles du feu


Moi, je m’étais brodé sur toutes les coutures. -- Du moment que j’avais cru saisir la série de toutes mes existences antérieures, il ne m’en coûtait pas plus d’avoir été prince, roi, mage, génie et même Dieu, la chaîne était brisée et marquait les heures pour les minutes

« A Alexandre Dumas », p. 12


Que répondre à un substitut qui s’écrierait devant le tribunal : « Le comte de Bucquoy est un personnage fictif, créé par la romanesque imagination de l’auteur!... » et qui réclamerait l’application de la loi, c’est-à-dire un million d’amende ! ce qui se multiplierait encore par la série quotidienne des numéros saisis, si on les laissait s’accumuler ?

Angélique, p. 108


Le lendemain, à la même heure, la sonnette retentit de la même manière avec une longue série de carillons

Angélique, p. 122


Tels étaient les tragiques préambules de la grande passion qui devait précipiter la pauvre Angélique dans une série de malheurs.

Angélique, p. 135


Mon regard parcourait vaguement le journal que je tenais encore, et j’y lus ces deux lignes : « Fête du bouquet provinciel. -- Demain, les archers de Senlis doivent rendre le bouquet à ceux de Loisy. » Ces mots, fort simples, réveillèrent en moi toute une nouvelle série d’impressions : c’était un souvenir de la province depuis longtemps oubliée, un écho lointain des fêtes naïves de la jeunesse.

Sylvie, p. 15


Aurélia

Je n’essaierai pas de décrire ce que j’éprouvais ensuite dans une série de visions insensées peut-être, ou vulgairement maladives.

p.12


La seule différence pour moi de la veille au sommeil était que, dans la première, tout se transfigurait à mes yeux ; chaque personne qui m’aprochait semblait changée, les objets matériels avaient comme une pénombre qui modifiait la forme, et les jeux de la lumière, les combinaisons de couleurs se décomposaient, de manière à m’entretenir dans une série constante d’impressions qui se liaient entre elles, et dont le rêve, plus dégagé des éléments extérieur, continuait la probabilité.

p. 15


Mon guide me fit gravir des rues escarpées et bruyantes où retentissaient les bruits divers de l’industrie. Nous montâmes encore par de longues séries d’escaliers, au-delà desquels la vue se découvrit.

p. 22


L’état cataleptique où je m’étais trouvé pendant plusieurs jours me fut expliqué scientifiquement, et les récits de ceux qui m’avaient vu ainsi me causaient une sorte d’irritation quand je voyais qu’on attribuait à l’aberration les mouvements ou les paroles coïncidant avec les diverses phases de ce qui constituait pour moi une série d’événements logiques.

p. 25-26


Je voulus fixer davantage mes pensées favorites et, à l’aide de charbons et de morceaux de briques que je ramassais, je couvris bientôt les murs d’une série de fresques où se réalisaient mes impressions. (p. 31)


Des circonstances préparèrent, longtemps après, une rechute qui renoua la série ininterrompue de ces étranges rêveries. (p. 38)


Je compris, en me voyant parmi les aliénés, que tout n’avait été pour moi qu’illusions jusque là. Toutefois, les promesses que j’attribuais à la déesse Isis me semblaient se réaliser par une série d’épreuves que j’étais destiné à subir. (p. 76)


La mort elle-même ne peut les affranchir. Car nous revivons dans nos fils comme nous avons vécu dans nos pères -- et la science impitoyable de nos ennemis sait nous reconnaître partout. L’heure de notre naissance, le point de la terre où nous paraissons, le premier geste, le nom, la chambre, -- et toutes ces consécrations, et tous ces rites qu’on nous impose, tout cela établit une série heureuse ou fatale d’où l’avenir dépend tout entier. (p. 81)


Toutefois, je me sens heureux des convictions que j’ai acquises, et je compare cette série d’épreuves que j’ai traversées à ce qui, pour les anciens, représentait l’idée d’une descente aux enfers. (p. 98)


De cette époque date une série de jours plus calmes. Après une légère rechute, j’avais été transporté dans la maison de santé de Montmartre (Fragments d’Aurélia, p. 109).


Les ordres ont le secret -- transmis des pères aux fils. C’est la sympathie humaine. Les esprits sont étagés dans les mondes et se correspondent. La l (oi) inv (isible) qui s’occupe des destinées des h (ommes) à différents degrés -- sur le rapport de chaque série et sans rien changer.



Nicot, Jean


Lexicographe, auteur du Thesro de la langue française (1606), mentionne un homonyme de "serie" (plus d'un siècle avant que n'apparaisse le mot). Julien-Michel Gandouin* en mentionnera un autre dans son Dictionnaire universel français et latin.


Seri, Serenus. Temps doux et seri.

La mer tranquille et serie.

Il se tient coy et seri.


Serie, Vigilia, Peruigilium. Il vient de Serum.