Proust, Marcel


Romancier. Sa notion de "série" intéresse particulièrement le personnage d'Albertine, et l'on y retracera sans difficulté la marque de Bergson*, dont l'influence sur le romancier est notoire. Encore ne faut-il pas exagérer cette donnée, d'une part parce que Proust emprunte à Bergson des éléments de théories auxquelles il ne saurait se résumer ; d'autre part parce que, d'une manière générale, l'emploi classificatoire de "série" est un des poncifs de la philosophie postive (voir, entre autres, A. Comte, A.A. Cournot, J.P. Durand de Gros, E. Littré, A. Sesmat...)



A l'ombre des jeunes filles en fleur


Dans la série indéfinie d'Albertines imaginées qui se succédaient en moi heure par heure, l'Albertine réelle, aperçue sur la plage, ne figurait qu'en tête, comme la « créatrice » d'un rôle, l'étoile, ne paraît, dans une longue série de représentations, que dans les toutes premières


La Prisonnière


Je ne songeais plus à Mlle Vinteuil, le nom de Léa m'avait fait revoir, pour en être jaloux, l'image d'Albertine près des deux jeunes filles. Car je ne possédais dans ma mémoire que des séries d'Albertine séparées les unes des autres, incompètes, des profils, des instantanés ; aussi ma jalousie se confinait-elle à une expression discontinue, à la fois fugitive et fixée, et aux êtres qui l'avaient amenée sur la figure d'Albertine.