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Salem, Lionel


Scientifique, auteur d'un Dicitonnaire des sciences.


Le paradoxe de Zénon d’Elée affirme l’impossibilité du mouvement en disant que pour se rendre d’un point à un autre il faut d’abord parcourir la moitié du chemin, puis la moitié du chemin restant, etc., de sorte qu’il reste toujours une certaine distance à franchir. En réalité, s’il faut une seconde pour faire la moitié du chemin, il en faudra une demie pour faire la moitié restante, et la somme 1 + ½ + ¼ + ... des temps de parcours, bien que composée d’une infinité de termes, reste finie et tend vers 2. Une telle somme infinie est appelée une SERIE, et le nombre 2 sa « somme.



Saussure, Ferdinand de


Linguiste. Si le Cours de linguistique générale est à l'origine de toute la linguistique structuraliste, la pensée de Saussure est avant tout une épreuve critique des catégories du langage, ce que permettent enfin d'appréhender ses propres écrits, publiés récemment.

"Série" n'a pas chez Saussure une incidence extraordinaire. C'est le terme du "vocabulaire scientifique commun" qu'emploie déjà Durkheim, qu'a généralisé Cournot, que le début du XXe siècle emploie massivement, avec cette connotation scientifique.

C'est néanmoins un terme qui lui permet de décrire - hors des catégories en cours - une grande diversité de réalités linguistiques et sémiologiques, jusqu'à la légende. Contrairement aux descriptions ultérieures de l'"axe paradigmatique syntagmatique", le terme "série" ne décrit pas seulement chez Saussure les rapports associatifs, mais aussi les rapports in praesentia.


Cours de linguistique générale


Le rapport syntagmatique est in praesentia ; il repose sur deux ou plusieurs termes également présents dans une série effective. Au contraire le rapport associatif unit des termes in absentia dans une série mnémonique virtuelle.


Tandis qu’un syntagme appelle tout de suite l’idée d’un ordre de succession et d’un nombre déterminé d’éléments, les termes d’une famille associative ne se présentent ni en nombre défini, ni dans un ordre déterminé.


Ecrits de linguistique générale


La langue consiste donc en la corrélation de deux séries de faits

1° ne consistant chacun que dans des oppositions négatives ou dans des différences, et non en des termes offrant une négativité en eux-mêmes.

2° n'existant chacun, dans leur négativité même, qu'autant qu'à chaque instant une DIFFERENCE du premier ordre vient s'incorporer dans une différence du second et réciproquement.

Une des conséquences de ce fait est qu'on ne peut jamais considérer une unité linguistique quelconque (dans la perspective par époque) qu'en faisant intervenir, explicitement ou implicitement, au strict minimu quatre termes:

1° le signe dont on s'occupe ;

2° un autre signe différent ;

3° une partie (qui sera toujours beaucoup [plus] petite qu'on ne pense) de ce qui est contenu ;

4° une partie (également très petite) [ ]


PHONATOIRE, mécanique, acoustique. Les mouvements muets ("découverts" et "couverts")

Comme le sujet parlant de se propose jamais d'exécuter "des mouvements" mais les mouvements qu'impose une série fixe de sons à réaliser, il en résulte une phonologie qui s'imagine pouvoir puiser le principe de ses distinctions et de ses combinaisons dans l'observation n'aboutit à rien et n'est pas une phonologie.


Sur la crète des Alpes, série de dialectes aussi parents du savoyard que du piémontais.

Dans un tel état, la notion de langues séparées n'est qu'une notion de distance. A petite distance, on ne sait pas si l'on [est] dans l'un ou dans l'autre. Je dis que ce serait l'idéal d'avoir encore une pareille chaîne entre les grandes unités indo-européennes.


Valeur. Ce qui est inséparable de toute valeur, ou ce qui fait la valeur, ce n'est ni

a) d'être inséparable d'une série de grandeurs opposables formant un système, ni

b) d'avoir [ ] ;

mais les deux choses à la fois et inséparablement liées entre elles.


Les mots sous les mots


- La légende se compose d'une série de symboles, dans un sens à préciser.

- Ces symboles, sans qu'ils s'en doutent, sont soumis aux mêmes vicissitudes que toutes les autres séries de symboles, par exemple les symboles qui sont les mots de la langue.

- Ils font tous partie de la sémiologie.



C'est aussi en partant de cette donnée d'une poésie indo-européenne qui analyse la substance phonique des mots (soit pour en faire des séries acoustiques, soit pour en faire des séries significatives lorsqu'on allude à un certain nom), que j'ai cru comprendre pour la première fois le fameux stab des Germains dans son triple sens de : a) baguette ; b) phonème allitérant de la poésie ; c) lettre.



Saussure, Léopold de


Linguiste et ethnologue. Marcel Granet* mentionne son étude Les Origines de l'astronomie chinoise (1930). A la fois impulsé par la combinatoire propre au symbolisme décrit, et marqué par le scientisme du début du XXe siècle, le principe de "série" est central dans la description par Saussure du système de la "pensée chinoise".


Par suite de l'association des planètes aux points cardinaux du ciel - qu'on trouve tout au moins dans le système sino-iranien - la série septénaire des astres mobiles est susceptible de se transformer en série cosmologique et de symboliser l'Univers d'après le concept fondamental du Centre, autour duquel s'opère la révolution dualistique marquée par les points cardinaux.

Dans la série des sept astres en tant que tels, la primauté appartient naturellement au soleil.

Dans la série des sept astres en tant que symboles des sept termes de la révolution cosmique, le premier rang revient à Saturne pour la raison même qui lui a fait attribuer chez les Grecs le nom de la divinité polaire, le Mas i miyan i asman des Iraniens, le T'ai yi ou Chang ti des Chinois, à laquelle la planète Saturne est associée, tant en Chine que dans l'Iran.

Peut-être trouvera-t-on dans ces deux aspects de la série septénaire l'explication du transfert, préparée par le culte de Mithra, de la journée dominicale du Samedi au Dimanche. Car, quoique dans la série syro-judéenne le Sabbat ne corresponde pas au jour de Saturne, cette série est déduite arithmétiquement de la série cosmologique, et cette dernière est implicitement contenue dans la cosmologie d'Ezéchiel, de Zacharie et de l'Apocalypse, notamment dans l'ordre des sept sceaux.

La signification sino-iranienne de cette cosmologie s'est d'ailleurs rapidement perdue, lors de sa diffusion dans l'Empire romain, parce qu'incompatible avec l'astrologie planétaire romaine, dont il ne m'appartient pas d'indiquer l'origine première. Déjà sous le règne d'Auguste, Saturni dies est considéré comme néfaste et, dans l'astrologie du Moyen âge, Saturne, qui correspond au plomb, rend les hommes lourds, gauches, malheureux. Le jour de Saturne ne saurait donc plus être celui du Seigneur suprême qui trônait précédemment au pôle entre les points cardinaux et les signes du zodiaque.



Sesmat, Alain


Scientifique. L'extrait sélectionné est caractéristique des la littérature scientifique de la première moitié du XXe siècle.


Une série d’unités identiques qui s’ajoutent une à une de façon à constituer des sommes croissantes, chacune contenant une unité de plus de façon à constituer des sommes croissantes, chacune contenant une unité de plus que la précédente, telle est dans sa régularité idéale la série numérique en construction, série dont les nombres représentent les divers degrés d’avancement. Une série d’instants distincts qui se suivent, chacun existant seul, pour la pensée, à son tour et une seule fois, voilà l’ordre temporel dans sa pureté intelligible, avec ses caractères essentiels : succession des termes, unicité et irréversibilité de la série. Une série de points extérieurs les uns aux autres, mais qui pour la pensée existent tous ensemble, de telle sorte qu’on puisse parcourir la série une fois construite en deux sens opposés : voilà l’ordre spatial primordial, à une dimension, avec ses caractères de simultanéité et de réversibilité ; caractères qui rendent possibles, d’ailleurs, des séries autres, liées à la première comme les éléments de celle-ci étaient liés entre eux : et c’est l’ordre spatial multiple, avec les 3 dimensions que lui attribue la géométrie classique, parce que la perception les exige et s’en contente, et celles, plus ou moins nombreuses, de mondes possibles différents du nôtre.



Sicard, Michel


Criitque littéraire. Définit une "littérature sérielle" à partir de la démarche de Michel Butor *.


Il est temps de le dire, cette façon d'écrire appartient à ce qu'on pourrait appeler une littérature sérielle. Déterminer une structure, des matériaux, des règles de fonctionnement, et laisser le système se déployer, exploitant l'ensemble des possibilités, sans critère de sélection de type esthétique, ou philosophique, ou même acoustique. [...] Mais l'ensemble de ces strophes produites, variant lentement, l'effet itératif retournant perpétuellement le même matériau, n'engendrerait-il pas la monotonie? La répétition, le retour réglé du même, avec d'infimes différences est une des lois fondamentales du désir et de la jouissance: cette poésie répétitive, cette avancée régulière dans la conquête, est bien ce qui caractérise la mécanique donjuanesque. Il ne s'agit pas pour autant, lecteur, d'épuiser le programme: on se contentera de quelques prélèvements, de l'échantillonnage. Comme le texte de La Chanson est lui-même fait de fragments, la lecture n'est nullement en chasse d'exhaustivité, elle doit jouer sur l'écart, viser à travers telle réalisation l'ensemble du système. » (p.42)