Saussure, Léopold de
Linguiste et ethnologue. Marcel Granet* mentionne son étude Les Origines de l'astronomie chinoise (1930). A la fois impulsé par la combinatoire propre au symbolisme décrit, et marqué par le scientisme du début du XXe siècle, le principe de "série" est central dans la description par Saussure du système de la "pensée chinoise".
Par suite de l'association des planètes aux points cardinaux du ciel - qu'on trouve tout au moins dans le système sino-iranien - la série septénaire des astres mobiles est susceptible de se transformer en série cosmologique et de symboliser l'Univers d'après le concept fondamental du Centre, autour duquel s'opère la révolution dualistique marquée par les points cardinaux.
Dans la série des sept astres en tant que tels, la primauté appartient naturellement au soleil.
Dans la série des sept astres en tant que symboles des sept termes de la révolution cosmique, le premier rang revient à Saturne pour la raison même qui lui a fait attribuer chez les Grecs le nom de la divinité polaire, le Mas i miyan i asman des Iraniens, le T'ai yi ou Chang ti des Chinois, à laquelle la planète Saturne est associée, tant en Chine que dans l'Iran.
Peut-être trouvera-t-on dans ces deux aspects de la série septénaire l'explication du transfert, préparée par le culte de Mithra, de la journée dominicale du Samedi au Dimanche. Car, quoique dans la série syro-judéenne le Sabbat ne corresponde pas au jour de Saturne, cette série est déduite arithmétiquement de la série cosmologique, et cette dernière est implicitement contenue dans la cosmologie d'Ezéchiel, de Zacharie et de l'Apocalypse, notamment dans l'ordre des sept sceaux.
La signification sino-iranienne de cette cosmologie s'est d'ailleurs rapidement perdue, lors de sa diffusion dans l'Empire romain, parce qu'incompatible avec l'astrologie planétaire romaine, dont il ne m'appartient pas d'indiquer l'origine première. Déjà sous le règne d'Auguste, Saturni dies est considéré comme néfaste et, dans l'astrologie du Moyen âge, Saturne, qui correspond au plomb, rend les hommes lourds, gauches, malheureux. Le jour de Saturne ne saurait donc plus être celui du Seigneur suprême qui trônait précédemment au pôle entre les points cardinaux et les signes du zodiaque.