Thimonnier, René
Linguiste et pédagogue, auteur d'une étude sur le Système graphique du français.
L'étude des homonymies partielles suppose une définition préalable de la série analogique. Deux mots ne peuvent avoir rigoureusement le même son, le même sens et la même forme graphique. La notion d'identité totale exclut celle de la multiplicité. Mais la contradiction disparaît si les deux mots n'ont qu'une partie commune. Rien n'empêche que chacun d'eux conserve son individualité.
On réservera le nom de série analogique aux groupes de mots qui possèdent un élément commun (affixe, désinence ou radical) de même valeur phonique, sémantique et graphique. Appartiennent par exemple à la même série, tous les mots qui ont pour préfixe mono- (monocorde, monoplace, etc.), ou pour radical -terre- (terroir, déterrer, etc.), ou pour suffixe -able (ouvrage, supportable), ou pour désinence -er (marcher, chanter, etc.) En revanche, a(p)pesantir et aplatir, sonore et son(n)erie, remontoir et promontoire(e), il cour(t) et il cour(e) seront classées dans des séries différentes, dites séries homonymes.
On aboutit ainsi à quatre types de séries analogiques : les séries préfixales, les séries suffixales, les séries verbales et les familles de mots régulières. A ces quatre types de séries analogiques correspondent quatre types de séries homnymes, ou plus précisément quatre types d'homonymie partielle : les homonymies préfixales, les homonymies suffixales, les homonymies verbales et les familles de mots irrégulières. On fera provisoirement abstraction des séries formées sur des désinences non verbales (type clous, filous, trous, etc. et bijoux, cailloux, joujoux, etc.) puisqu'elles sont déjà clairement codifiées dans les grammaires. Par contre on assimilera aux radicaux et affixes, les éléments grecs et latins utilisés notamment dans la terminologie technique. Il n'y a guère entre les seconds et les premiers qu'une différence d'abstraction. La formation par préfixe et suffixe et la composition proprement dite ne sont que deux aspects d'un même phénomène. (Inemployable n'est pas formé autrement que microphotographie).
En prenant pour base le Dictionnaire de l'Académie (35 000 mots environ), on aboutit à un total de 4.484 séries analogiques (267 préfixales, 346 suffixales, 163 verbales, 3 708 familles de mots régulières.) En revanche les formes irrégulières représentent à peine 4% du total.