Trésor de la langue française (CNRS)
Ce dictionnaire ne se caractérise pas seulement par son emploi de la technologie moderne. Il se distingue par sa répartition de "série" en deux branches distinctes, et par la qualité littéraire de ses citations.
SÉRIE, subst. fém.
A.
[Suivi d'un subst. plur. désignant un coll.] Série
de
1. Ensemble composé d'éléments de même
nature ou ayant entre eux une unité.
[À propos de
choses concr. ou abstr.] Ces mots, forts simples, réveillèrent
en moi toute une nouvelle série d'impressions: c'était
un souvenir de la province depuis longtemps oubliée, un écho
lointain des fêtes naïves de la jeunesse (NERVAL,
Filles feu, Sylvie, 1854, p. 593):
1. Le chemin que nous suivons est singulier: par une série de venelles, de passages, d'escaliers et de poternes, nous débouchons dans la cour du temple, qui, de ses bâtiments aux faîtes onglés, aux longues cornes angulaires, fait au ciel nocturne un cadre noir.
CLAUDEL, Connais. Est, 1907, p. 30.
[À propos d'animés
(hommes ou animaux)] Si l'on parcourt la série naturelle
des animaux, en partant des plus parfaits ou des plus composés,
pour se diriger vers les plus simples et les plus imparfaits
(LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 129). Dans la série
indéfinie d'Albertines imaginées qui se succédaient
en moi heure par heure, l'Albertine réelle, aperçue sur
la plage, ne figurait qu'en tête, comme la « créatrice
» d'un rôle, l'étoile, ne paraît, dans une
longue série de représentations, que dans les toutes
premières (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.
858).
2. Ensemble dont les éléments homogènes
qui le composent sont ordonnés selon une ou plusieurs
variables: le temps, la fonction, etc. Sur cette planche élevée,
toute une série d'énormes dossiers s'alignaient en bon
ordre, classés méthodiquement (ZOLA, Dr Pascal,
1893, p. 9). Léonard aussi retrouvait, comme en un coin
d'armoire longtemps fermée, des séries analogues de
noms classés par dates, sans souci de géographie ou de
tactique (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 79).
Série
noire. V. noir I B 1. Le pauvre gosse, engrené
dans une série noire d'accidents et de catastrophes, fiacre
emporté, piétons écrasés, foule ameutée,
police, arrestation, commissariat, toute la lyre! (FARRÈRE,
Homme qui assass., 1907, p. 135).
SYNT. Série chronologique,
la totalité ou à une partie d'un plan d'aménagement)
soumise à un même mode de traitement`` (MÉTRO
1975). On estime aujourd'hui que la surface d'une série
doit se situer entre 2 000 et 4 000 ha (Lar. agric.
1981).
REM. 1. Sériaire, adj. Qui forme, qui
concerne une série. L'exercice (...) de toutes les
représentations sensiblement durables, est donc discontinu et
sériaire dans le fond (RENOUVIER,
Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p. XXVI).
2. Sériette, subst. fém. Petite série. Je
vais essayer de célébrer dignement la mémoire de
l'auteur de tant de chefs-d'œuvre dans un sonnet qui sera le
dernier de ma sériette Dédicaces (VERLAINE,
Corresp., t. 3, 1889, p. 45).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1715 math. (VARIGNON ds Hist. de l'Ac. royale des Sc., p. 203: Suites ou Series infinies [à propos des Thèses de Seriebus infinitis de J. Bernoulli]); b) 1784 (DIDEROT, Élém. de physiol., p. 233: mais comment la liaison s'introduit-elle entre les sensations, les idées, et les sons de manière non pas à former un cahos de sensations, d'idées et de sons isolés et disparates, mais une serie que nous appelons raisonable, sensée ou suivie?); 2. 1767-68 (ID., Salon, p. 155: une série de vieilles impressions). Empr. au lat. series « file, enchaînement, suite ininterrompue (sens physique et moral) » (de serere « attacher en enfilade, tresser, lier ensemble »). Fréq. abs. littér.: 3 221. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2 541, b) 4 858; XXe s.: a) 6 516, b) 5 007. Bbg. GOHIN 1903, p. 324. QUEM. DDL t. 11 (s.v. série progressive), 12 (s.v. série noire), 14, 21.