Ca ne dure jamais très longtemps,
Mais ça ne vous aura pas échappé
Ce n’est pas une question de poids ou d’envergure
Ni de volonté
C’est vrai, faut le vouloir, le vouloir très fort
Et quel meilleur vouloir que le désir ?
Avec la meilleure volonté du monde, on ne fait pas mieux que le désir
Le désir qui transperce les mots
Fier javelot qui vibre dans l’air avant de traverser les chairs
Bulles de champagne, ivresse sainte et tutti quanti,
Si vous voulez
Pas trop mon truc, ça
Plus sobrement, je dirais, moi, que ce n’est qu’une affaire de temps bien comprise
Prendre le temps, tout est là
Enfin, pour moi qui vous parle de ce que vous savez déjà
Ceux qui me rétorquent qu’ils n’ont pas le temps,
Je leur réponds qu’ils ne le prennent pas,
Qu’ils le prennent pour autre chose que ce qui nous occupe
Ceux qui se disent débordés, je leur dis simplement
Qu’ils feraient bien d’être débordés par moi,
Au moins de temps en temps !
Enfin, par ce qui nous occupe
Mais ils sont trop préoccupés pour y réfléchir sobrement
Ils préfèrent agir,
S’agiter serait plus injuste
Si l’on y regarde de près, de vraiment très près
Ce qui palpite entre nous
Sans jalousie aucune
C’est peut-être la sobre volonté vouée à l’ivresse,
Voilà le secret sans foi ni loi que je partage
Avec quelques-unes
De plus en plus rares, il est vrai,
Tant le nomadisme amoureux est éloigné de moi
Je ne parle pas de convictions ni de sacro-saints principes
La bagatelle exige ordre et discipline,
Pas pour moi ça
Ni bagatelle ni discipline
Damer le pion aux mythes demande du temps
Echec au roi, je sauve ma reine
J’exaspère l’ennui,
J’aime à la folie les petits riens
Qui nous font le plus grand bien
Je ne parle pas d’une tasse de thé au jasmin
Ni de relaxation high-tech,
Ni de tout un farfouillis onirique
Je ne bride pas l’espoir de m’envoler au-dessus de l’intense mêlée
Je vous parle d’amour sans un traitre-mot pour le dire
Face à face
Avec une femme sans adjectif
Riche de tout ce qu’elle veut bien laisser transparaître d’elle
Prenez le temps d’y réfléchir,
Ne tardez pas
L’amour n’attend pas
C’est une auberge espagnole
On n’y trouve ce qu’on y apporte, et plus encore
Tous les chants du monde y sont les bienvenus
Pourvu qu’à l’aube les amants se sourient
De la musique plein les yeux
Petite musique de nuit qui n’appartient qu’à eux deux
Lente à venir, presque un soupir d’aise
Comme une fanfare encore lointaine qui processionne par les rues ensoleillées
Un matin de grand bonheur
Et qui va de l’avant par les rues tonitruantes
Pour enfin éclater en fanfare sonore
Jean-Michel Guyot
25 octobre 2014