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Poésies de Pascal Leray
Art poétique
[E-mail] Article publié le 9 novembre 2014. oOo Il faut poursuivre la perforation avec le grain de la truelle ce soir. Il faut atteindre les cervicales. Le fil électrique est bienvenu à cette fin. Pour écraser ce qui disait " je souffre " il fallait ça - ou pire. Il fallait une commission. Elle aurait réuni tous les plus grands poètes décapités et prêts à faire la guerre. Possesseurs de très bonnes recettes. La soupe à l’oignon était empoisonnée en ce temps-là. Mais il fallait exécuter ce qui disait " je souffre " alors même qu’on avait aboli la peine de mort, en bref et pas la tête de mort qui était un symbole de joie universelle en ce temps-là - qui était un temps de maintien pour des gens qui avaient une vraie connaissance de la poésie, au point qu’il aurait fallu peut-être les énucléer, ce qui les aurait amenés à dire " je souffre ", ce qui ne revient pas à un poème, vraiment et ce qui les aurait rendus aveugles à coup sûr, égaux devant le délabrement nu de cette forme de vie qui est, alternativement, de dire " je souffre " et, passé une respiration de tronçonneuse, d’écrire des vers " à la découpe ". On connaît mal l’humanité après tout. On n’est jamais certain de ce qui dit " je souffre " après qu’on l’a séquestré plus particulièrement. Pas vrai ? |
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