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Dans la tourbière
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 Article publié le 5 avril 2015.

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A pas de géant
Marcher dans les yeux nains

D’une bille de bois faire un destin
Qui roule de siècle en siècle

Malgré la fragilité des sols
L’érosion se maintient
A distance tout de même des sols ravinés

Le moment est proche où du ravin
Exhalera un parfum
La fleur abruptement cueillie crie dans le bleu immanent

Trouées de lumière
Bacchanales des parfums
Sève ardente

Des résineux monte l’encens des plaines
Par où se résume le vieux dicton

La mélodie, d’un coup sec, déchire l’azur insoupçonné
Vers de mirliton et fanfaronnades font bon ménage
Au pays de Barbe Bleue

N’était une fêlure
Je soupçonnerais même la cloche de vouloir échapper
Au verdict des anges
Mais une croix badine dans le bleu

J’irai par les tourbières annoncer
La royale présence
Le défaut de la cuirasse
L’ombre du destrier
L’ossature inclinée des arbres
Le feuillage pervers
L’annonce faite à Goliath
La pierre sèche
La fronde des heures
Catapulte inspirée

Marchant ainsi dans les sphaignes
Je saluerai le rare droséra
Dans sa prison gluante, j’apercevrai l’image des dieux
Tas de mouches éberluées
Filet de bêtise aigrie
Prise au piège de sa témérité insigne

Tous les noms se tairont à mon approche
Je suis le grand sanctuaire asséché
La barque molle
Le filet de salive aux coins des lèvres de l’idiot
Le mince filet de sang qui ruine le calice
Le pain rongeur
Le vin désespérant
La fontaine rassérénée
La soif de tout en tout
La faim galopante
Le dernier coup de rein avant de poser le genou sur le muret
Une bête aux yeux doux
Le vin doux des rêves
Et ton cauchemar, bête immonde

La sainte trinité est en marche
Peste brune et choléra rouge sang font cortège de néant
Aux damnés de la terre alignés en rang d’oignons

Petite mésange bleue
Salue pour moi le printemps
Et toi, habile corbeau,
Enchante encore une fois l’oreille d’Odin

Dans la pluie aux milles griffes acérées
J’ai entendu le chant lointain
Tambours des pluies fines
Je vous entends
J’écoute dans votre rythme le souffle des iles
Pour un peu, si je n’y prenais garde,
Une grand-voile blanche envahirait le souffle
Mais, d’écume en écume,
Sur les pas d’Odin
Je salue les feuilles lancéolées,
Un sourire aux lèvres que je ne te connaissais pas
La vague hilare, l’ultime, reflue dans la bouche des étoiles
Réunies dans un même ciel

Les marches du ciel ne connaissent pas de frontières
Les gravir, les descendre revient au même
Pourvu qu’une fontaine baigne tes pensées
Accompagne l’amitié en toutes saisons
Et dispense fraîcheur, eau pure et allant aux voyageurs impénitents
Que tu es jusque dans la solitude de tes montagnes ailées

Les plaines humides ont des pudeurs de jeune fille
Bientôt, dévêtues pourtant, dans une hardiesse sans fin,
Elles te verront les approcher fièrement
D’elles monteront de grands corps fiévreux

La tourbière apaisée sonnera le glas du mal universel
Une salamandre amie dansera dans le feu des eaux noires
Il sera temps pour toi, alors, amie,
De t’enivrer de terre et de ciel
En plongeant ton grand corps noir dans l’eau de la fontaine
Et ruisselante ta peau d’ébène

Jean-Michel Guyot
30 mars 2015

 

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