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Dans Séville endormie
Sybille marche à perdre haleine
Perd le fil ténu de sa parole
Rencontre le sosie de son mystère
Se plaît en lui, y étale sa peine
Puis trempe timidement un orteil rougi, puis deux, puis tout le pied
Dans la fontaine de jouvence
L’été est mûr
La chaleur étouffante rajeunit à chaque battement de ses cils
L’ardente fraîcheur de la fontaine
Qui passe dans son corps dédoublé
Elle s’y baigne longuement avant de se liquéfier
Elle et son sosie mêlent leurs eaux
Deux roseaux, alors, poussent de conserve
Dans l’eau rajeunie
Le miroir sans tain des eaux ne reflète plus rien
Pas même le ciel céruléen
Ainsi vont les images exténuées qui ne parlent plus
Il faudra les mains joueuses d’enfants insouciants
Pour rebattre les cartes de l’eau
Remettre au goût du jour la sonorité pure de désirs insondables
Qui, plus tard, bien plus tard, feront images
Dans le souvenir ému du vieillard brusquement ragaillardi
Aux eaux mêlées les sottes rimes d’antan
Engoncées dans les images vivantes qui rappellent la mort
Ni l’enfant ni la fontaine ruinée ne ressuscitent la belle Sibylle
Le vieillard proche de sa mort entend dans le bruissement de l’eau
Une parole à venir
Et tout alors est à recommencer
Indéfiniment
Sibylle saute aux yeux de qui accorde un regard
Au miroitement de l’eau frémissante