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Article publié le 3 mai 2015. oOo Il fut un temps (déjà lointain) où la ville prenait un sens chaque fois qu’on en évoquait les principes fondateurs et les ressources mobiles.
Paris, Dublin, New York, Odessa… Même les fragments de monde eurent leur heure : terre d’Afrique, océans, lunes lointaines, femmes fatales.
Mais les temps ont changé. La scène ne réclame plus ces profusions de détails. Il semble qu’on soit revenu au strict minimum nécessaire pour établir la compréhension : l’objet retrouve sa valeur symbolique.
Nous revenons de loin, ô siècle présent.
Et chaque fois que je reviens l’élément impose ses instances, comme si l’alchimie n’avait pas tout perdu de ses paradoxes ni de ses formes et que j’étais pour un instant, celui de l’expression enfin assouvie, l’adepte de l’erreur et de sa sanction.
Les villes se fondent dans la masse des hypothèses. Les routes reviennent à la forge de leur nécessité. Les peuples se déshonorent facilement dans la résistance. Le confort atteint les limites d’un possible impossible.
Faut-il rendre compte de la médiocrité des profiteurs ou revenir aux sources du langage pour en vivre ?
Faut-il satisfaire les miroirs que la foule promène comme des chiens ou les traverser en vitesse pour ne pas les prendre pour ce qu’ils sont ?
Villes crevées qui n’avez plus de poésie à vous seules, et vous, routes aux sémaphores idoines, et vous donc, que j’allais oublier, peuples faciles à confondre avec l’utile, nous n’en sommes plus à un cadavre près.
Qui n’a pas de souvenirs à partager passé le seuil de soi-même ? Mais que partage-t-on quand on se tait encore ?
Une ville met ses pieds dans l’eau. Une autre se retire de l’existence. La mer est en conversation constante avec le rivage qui la retient.
Les forêts de symboles ont brûlé. Arbres calcinés qui n’ennuieront plus personne. Ô joie d’une victoire de l’emploi sur le travail ! Toutes les villes se ressemblent même si le thé se distingue du thé ou si les visages ne sont plus visibles en cas d’appartenance, ou si le temps n’a pas le même prix.
Joie du songe-creux aux interstices des vitrines qui peuplent son imagination ! Aucune route ne mène dans ces endroits de rêve, mais toutes y promettent.
Dans les villes où j’ai perdu ma semence, la surpopulation accroit les richesses des uns et rend la vie impossible aux autres. Le pittoresque en prend un coup. Même la bagnole d’occase perd son sens. On ne part plus en voyage sans un billet en poche, aussi loin qu’on veuille aller. Billet tranche de vie troqué contre l’équivalent en droits.
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