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Le retour au pays
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 Article publié le 7 septembre 2015.

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Je m’en retourne à l’ordinaire
Avant d’être sur mon penchant
J’ai toujours mes soleils couchants
Des fées rafistolent mon chant
Mon valet valétudinaire
Peine à me suivre à travers champs

Je vous laisse à tâche mes cliques
Mes claques et mes cortégeants
Dans ce monde où les pauvres gens
Sont le bois l’airain l’or l’argent
De nos ingrates républiques
J’en suis tout ire en y songeant

Je vous laisse à la barricade
Vous qui reprîtes mes flambeaux
Mes armes mon hymne en lambeaux
Et mes désespoirs les plus beaux
Pensez à mes sauts de Leucade
A mes descentes au tombeau

Je n’ai plus rien dans ma musette
Je suis au bout de mes écus
Ereinté par tous ces vieux culs
Qui ne s’avouent jamais vaincus
Et broutent mes brins de causette
Sans jamais être convaincus

On n’a plus rien pour une livre
Ni pour un pénible penny
Ni pour un rouble roublard ni
Pour un chiche as Suis-je fini
Dans les ramages de mes livres
Je trouve encor des pies au nid

On n’a plus rien pour des pépites
Pour des pitoyables patards
Ni pour du picaillon bâtard
Nous étions de fieffés fêtards
Que rien ici bas ne dépite
Pour qui rien n’est jamais trop tard

Quand j’étais cousu de pistoles
J’avais le prendre et le laisser
Et j’imposais sans me lasser
Mes façons de voir de penser
Sur les bords dorés du Pactole
Je n’ai vraiment fait que passer

On n’a plus rien pour une maille
Pour un sou vaillant ou tordu
Pour une corde de pendu
Ni pour un rouge liard fendu
Trouverai-je un linceul qui m’aille
Je pars sans réclamer mon dû

On n’a plus rien pour une obole
Sur les rives de l’Achéron
Pas même un cornet de marrons
J’entends d’ici le vieux Caron
Ce n’est pas de la rocambole
Sa garce se fait du mouron

On n’a plus rien mes camerluches
Plus rien pour un quart de teston
Plus un canif plus un toton
Plus une figue de Caton
Plus rien à portée de paluche
Plus rien plus rien pour nos cartons

On n’a plus rien pour une maine
De kopecks de maravédis
C’est du moins ce que l’on me dit
Nous attendions dès le lundi
Poches vides notre semaine
Nous les enfants du paradis

On n’a plus rien pour une thune
Ni santon ni fève au gâteau
Ni à la cour du roi Pétaud
Dans ses chiffons dans ses métaux
Où nous faisions jadis fortune
Un lingot d’or ni un manteau

On n’a plus rien pour un sourire
Pour un mot doux pour une fleur
Pour un bécot ni pour un pleur
Mon style a perdu ses couleurs
Je n’ai plus de voix pour écrire
Mes embarras et mes douleurs

 

Robert VITTON, 2015

 

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