Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
  
Phases
Navigation
[E-mail]
 Article publié le 14 octobre 2015.

oOo

et la posture se rompt - D.A.F De Sade

 

fascicule des doigts sur plaie amoureuse et la ligne de fuite et les etcetera qu’ils sont l’un pour l’autre nervures célestes qu’ils sont l’un pour l’autre à fond dans la blessure profonde à fond sortis de la tente des draps prendre part au combat lance à fond dans la chair sa colère divine de plaie l’arc tendu javelot acéré de la langue pénétrée à fond et perce la paroi intime de l’autre entrée des morts minuscules la vie dispersée sur le chanfrein des mots qui saignent rouges sens dispersé l’ouvert de la plaie la bouche ouverte et de part en part le cri l’injure amoureuse et l’acier amoureux de l’injure le trait fulgurant de l’image sarclant le sol sanglant de la chair amoureuse muqueuses de nuit sortant du bas du corps avec le cri et prend divin son pied au talon son propre bouclier transpercé transperçant à vue à voix criée avec la cuisse ouverte à l’autre cuisse ardente et souffle à ces naseaux qui ont des larmes chaudes folios de leurs doigts dans le presse-papier des cuisses aux cuissardes et l’œil dans le cheval de sueur sur le drap qui gicle sur la paume de vue les mailles de la vue clapotant du discours charnel son geignard bouclier insulté son Iliade rentrée son bouclier bouclant aux endroits protégés bouche embouchant la plaie plus amoureuse encore de dire prends ça et venge du fer et du sang son envie la lance lustrée sous l’égide d’une envie et l’éclat de sa hache assurant le discours à son gentil tranchant pieux réceptacle des mots ravalés prend le nain de la bouche le je ce géant des combats amoureux et tranche en elle en lui et mouille son Scamandre mouille le drap du sol où corps prend corps dans celui et dans celle et s’avouent ennemis jusque dans le gosier qui est couleur de rose celle de la déesse qui est la jouissance de se protéger de l’aigu bouclier du fer millimétré à la divine ardeur au mot à mot des sueurs des salives des pisses mêlées à des crinières noblement mouillées par les assauts salins et les fronts alcalins d’y être entrecuissées selon les combattants en odeur de combat de fond en comble bus et reniflés aux chairs du combat corps à corps nus de nus comme morve chues de plaies entrecuissés selon les figures décrites par les combattants ne décrivant qu’un vide énorme où s’engouffrer de lance épieu où hache au gai tranchant des plaies pliées sur ses genoux n’est que genoux à terre amoureuses des draps qui boivent mille fois la mort sous le genou meurtrier du désir de genoux que lui inflige un ennemi ardent à la massue désir de venger son désir de désir et tombe sous les coups répétés redondant donc amoureux au sol des draps profonds et déjà Olympiens où soufflent les déesses masturbant leurs dieux dont sont faits les plafonds des demeures humaines la lance retombée le fer change de main et bouclier cloués à des biceps nouveaux selon cri délicieux victime se chantant l’assaut pour qu’aussi réitère le coup dur dans l’aine l’entrée dans le suint fabuleux comme l’amble des chevaux des reins des seins des étreintes des cris et met le feu aux foudres censées protéger tel ou tel des amants du sang chaud arraché à la mamelle ouverte que le fer transperce que tête le glaive avec la bouche ouverte à force de chanter le genou déboité au sol et son boulet au ventre un coup savant qui venge un cri à peine mûr et enfantin se lâchant son Scamandre mouillant draps et sol plissé par la chute des reins se relève haletant haletante tout un les chevaux du combat ébrouent crins et écumes croupes bleuissant la face où vont les coups joués par les divins sursauts de bouclier à bouclier sur front musclés de crins et mèches éméchées d’ivresse batailleuse amoureuse contrée des mots presque crachés disons éjaculées juments de bouche et souffle genoux et naseaux et le chanfrein du glaive chaud et étrillé par la chair entr’ouverte et la couleur de rose dire un entrechat plein des férocités d’éloquence et de belle encolure le frémissement de s’éviter un coup plus dur dans le gosier le cri d’un glaive un peu grossier pour oui quand la main à la hache met la croupe en son miroir d’avoir été touchée comme vallée des rois et sentie aux naseaux jument caparaçon de cuir frotté à la caresse qui venge la peau du sacrifié bétail de l’orgueil masculin dont le talon se fait un nom mythologique la crinière emportée par un beau coup de sang qui lui prend et la sangle mise à belle épreuve par un étalon peint sur le bouclier qui reluit fait reluire la lance et le glaive et le jarret féroce amoureux au garrot qui fait couler ses larmes en gage d’un amour armé de pied en cap et de belle encolure la crinière offrant l’étable son parfum et l’amble et le galop la lance bien charnue de sa plaie appelant l’étalon du soleil en plein dans les naseaux l’attelage charnel bras et cuisses mêlés se font une poussière qui s’exhale d’un sol dont les plis font un houleux rehaut tout un tendre gazon lotos frais et safran tapis houleux et doux qui font un sol dardé pénétrant de rosée comme une bonne armure époumonée d’entrain la croupe safranée prise dans le soleil minuscule rosée en larmes l’attelage au sol dans le renversement divin le coup porté porte plus loin qu’est un galop rêvé qu’est la crinière au front donc revêtent leurs corps frayés du bronze ardent de l’autre le casque charmant ce temple de ses tempes brille lors que l’autre rue dans son pleuré qui perle à bout de pique à sa renverse et traverse le sein qui transperce sa voix d’un lait qui se défend de percer sous la langue et dru comme l’épis dardé du bouclier dont les naseaux reniflent fort dans les aisselles les aines le poitrail ouvert d’un rose dur et fort omniprésent aussi le parfum de la phrase nue et son odeur d’étable entre les bleus jarrets de jument l’étalon de chacun et la jument de l’une l’odeur de haha la dérobée des prises des coups d’étriers comme l’éclair du dieu entre eux le sol plissé butin des gestes tors et retors comme sueurs salives semence menu sang douceurs comme autant de poussière de hache de lance et velu bouclier aux naseaux la jument des mots leur souffle chevalin le remugle douceâtre savant et bas du combat chevalin de corps plus allongés d’être précipités dans leur infinité d’horizons chevaline la forme des larmes de cris des corps en formes de hennissement chevalin l’étalon et l’odeur de jument qui prend mouches prend le mors aux dents le train des mots d’injures douces tendrement avec l’épieu profond dans le ventre essaimé par le ventre de l’autre bouclier dardé millimétré au nombre sombre du combat amoureux le Scamandre des mots leur coule dans l’oreille et s’écroulent et prennent leurs genoux entre les dents qui mordent la douce poussière d’insultes et langue à langue poussent le long fer du cri la longue et drue prosopopée char ouvragé des longues caresses qui percent et fait choir sur le sol le sol même un qui pense aux huitres pour l’odeur d’entre les deux genoux qui donnent jusqu’à l’os leur poli de beaux casques leur douceur de naseaux et leur enfermement quand les coups les rassemblent pour faire peau neuve d’une mort de plus qui darde sa rosée mordeuse de biceps couleur de vieux cuir roux tirant le char des hontes bues la plaie ouverte par l’épieu vivant l’épis des moissonneurs d’Olympe des éclairs fascicules des doigts de roses sur la plaie quémandeuse d’ouverture au bas la tête chevaline du sol au garrot la croupe attiseuse de mouches et donc attifeuse de mouches divines de l’odeur d’étable d’Olympe fendue est torse et nue belligérance et l’autre itou aussi belligérant le nœud défait refait détruit puis reconstruit au sang mis au galop qui flaire un sol garni de rosée bouclée par les écarts menus pique déviée hache arrêtée le bouclier heurtant le genou d’un genou qui bute un velu coup de lance éparpillée en son frémissement d’encolure blessée enfonce dans la gorge la gorge de l’autre simultanément d’un cri hennissement du sol gorgé de larmes de jus tendre et donc cruellement porté doigts de rose sentant le suint fort de jument la chevaline tête des draps donc la peau sur les os déployés en gestes d’amoureux horions se traversent de part en part le sort des dieux divins minuscules engeances et prurit superbe pour pousser au dur désir de la blessure coup porté très loin jusqu’au fond des entrailles du chant de la chair commentée par ces dieux ces poussières du sol soulevées par genoux et leur fléchissement sous les armes humaines qui sont la beauté tigrée par les cinglons superbes des reprises et prises et griffes des ardeurs combattantes d’un corps à l’autre d’une armure à l’autre à percer derechef après le percement du corps par le fer d’une chair forgée puis plongée drue dans la sueur perlée d’un bouclier à l’autre bouclier cherchant l’insulte les jambières de l’esquive feinte la crinière au vent le Scamandre en bouche pour la soif intense du sang mis à feu la nef incendiée du corps de deux corps la hache haut levée qui retombe en crinière et son odeur d’étable cherche le parfum où l’odeur fait sa phrase entre les deux genoux entre les deux jarrets empoissant l’encolure pense le juron de prononcer jument dans son hennissement d’accolade féroce comme une rosée aux doigts ensanglantés par l’aurore archivée des esquives des passes des genoux mêlés puis re-désaccordés à l’os des mots plus durs quand se dérobent à la chair des genoux doux et voulus conciliants au coup porté par l’autre que l’un soit genoux pour l’autre genoux doux mais se retirent brefs et porte un coup de grâce à la gorge noyée par le Scamandre qui lui bave le menton qui tremble et coule aux commissures et bave sa mousseuse entente de porter ses coups en toute feinte haine avec le coup de hache de la croupe ouverte aux écartés naseaux en son désir de mouches déesses et dieux scarifiant l’air ambiant mêlant le velu doux au rêche carnassier et les armures qui répandent leur airain comme une urine aimée pour sa blondeur d’élan tout froissé par son propre écu tombe et met la renverse aux calendes un temps bref puis la lance siffle un autre merle s’approchant sa grive en touffe plaie moquée d’un dur et doux sourire de guerrier casqué de l’autre dans sa tête geint d’un cri de hache béante et offerte au miroir de sa plaie festoyée par sa propre péroraison sa beauté dévastée lui fait ployer les jambes et le poil de ses jambes et la jambière avec et ses lanières dures enserrant la chair rose empâtée par l’ardeur potelée duveteuse s’offrant à la lance au casque front à front à la torsion des bras tatoués par la force et les pinces des musculeuses et fortes étreintes pour que ploie le corps et s’étende en longueur en tête chevaline en naseaux frémissants et geigne lentement de lente relecture du coup savamment porté jusqu’à l’amour trouant le bouclier brillant le ventral galopant le suint irroré pour irrumer son suc à langue de jument l’étalon jusqu’au fond des fonds hennit son rot gluant son jeune sang pas encore épandu mais au bord du Scamandre que l’autre répand potelée est l’estafilade pas-de-deux follement à l’encontre l’un l’autre boucle et boucle en heurt éblouissant le bouclier des bouches se heurtant de front les crinières mêlées leur étable écartée leurs cuisses bottelées par l’encens des humeurs lancées jusqu’au sourire énormément fendu le sol entame un chant de char attelé bas et renversant sa charge de hennissements pieds et poings garrottés par une ardeur de fer un débridé féroce et voulu d’attelage fou d’être assiégés l’un par l’autre et s’enferrent l’un l’autre les genoux ployés jusqu’à la genouillère des paumes en suées par le combat sublime prononcé bavé entre les poils des bêtes nues qui l’envahissent toute de la tête aux pieds toute en remugles doux l’autre sentant le suint d’étable la jument du transport fougueux et sa lance émouchée à la plaie de coté qui ressort en gluau contre le bouclier qui crie son cri de fauve amant de bouc guerrier et facétieux lutin hache levée le ciel de son éclair tranchant fait une feinte et lui dérobe un émouchet sur l’un des seins de son armure toute en peau sigillée le Scamandre noyant les aines les entrées mouille le corps à corps et côte à côte et main à main qui gagnera qui bien malin qui le plus loin d’aller profond donner la plaie le monde au fer et au genou mis à genoux les pierres dures de la joie d’enfoncer de casser de rompre à tout casser la posture rompue s’étreignent sans façons mais de toutes façons possibles vers un impossible combat dieux à dieux déesses à déesses se mythologisent d’un ciel chair et os d’une étable Olympe l’infinie torsion de soi dans la torsion de l’autre sa lance épointée dans le cuir d’approche de la conjonction des deux qui font les dieux risibles et le talon bon bougre pour la prédiction du coup qui va le perdre un temps sur le tapis des mots sous quoi s’insultent d’amoureux combat pour affirmer la joie de l’autre son jargon pour se prouver le monde vrai qui se soulève mouches et poussières contre le faux monde tout en tendres fables sans cuir aux patins ni graisse à la pointure ni chevaux sentant l’urine et le sabot se touchent au plus bas de l’autre se divulguent par lance glaive et hache et bouclier le coudrier des muscles bandés et le chacal des vœux voyeurs des plaies futures à bâtir entre l’aine et le cœur ou les os comme des temples d’or d’acier d’airain bruni à la graisse haletante à la crinière pleine de cette vermine éblouissante et chaude cherche l’un la plaie qui sent la plaie qui jure l’autre la plaie qui sans rien d’autre que et qui et s’étripent à coups de chair pleine de crasse d’un savoir tatoué à la pituite d’arme qui flaire la gorge nue le poitrail blond le follet clair gazon sentant le char graissé à la tendresse brusque et passent sous les roues du char de chair et muscles de moyeux musqués à la belle endurance à bouter et blesser à sentir sur l’armure entre chair et la chair le fascicule rose des doigts de l’autre étant soi même étant la fleur qui sent les deux la bataille perdue donc à gagner encore et toujours doigts de rose aurore plaie venue plaie d’airain dont les armes sanglotent que l’armure soit plus tendre que la pêche ou le fruit qui sent fort comme un bonze ou une mouche émue par le sol du combat et butine les suints des plaies joyeuses mues lance perçant la joue son pétale ajourné dans le soleil brulant des lourdes évidences que débusquent les armes aux jolis genoux qui sont parmi les fleurs gaillardes à faire éternuer l’esprit trop sain d’esprit s’entrechoquent de coups mais ce sont coups sans brute qui les donne très brutalement supplie l’un l’autre coup pour coup et mentent vrai de vrai quand l’insulte les complimente et les affirme et perce à fond menant le cheval hennissant de l’odeur de crinière écarte les genoux met des sabots aux beaux orteils crispés de joie sangle les beaux harnais musclés d’un musc-bouc-fort et parle par saccade à plaie venue de loin et qu’on ne trouve pas sous les sabots d’un gail plaisante l’un ou l’autre égorgeant son rot gras et subtil néanmoins moule un bronze qui fend la fente ébouriffée du harnachement gras et glissant qui mousse et le fer est hilare en cherchant son fourreau dans la matrice chaude et hôtesse fendue dans la gluante empoisse sublime opéra du fer dans l’épigraphe de sang qui piaffant rue dans l’autre brancard qui flanche des genoux entre les deux genoux rotules de jument plus lente aux entournures depuis l’éventrée l’un l’autre font le sol sont le sol dessalé par les plis suppliants le nœud de se refaire et resserrer les liens profonds au potelé follet d’aurore à se raser les poils follets pense l’un comme avant au pet vite étouffé inodore étranglé par le bruit des ressorts du char démantelé par l’ardeur du galop écrasé par les larmes blanches et lui fend la tête d’un regard qu’émouche son regard répliquant au sublime coup par un à-coup et vlan dans les jarrets les genoux font le sol musique et genou fou d’être l’autre genou contre ventre et marée engeance de genou contre l’os du genou brise non l’os mais l’âme qui est un genou avec une jambière que l’art d’esquiver articule esquiver pour vouloir le beau coup dans la poussière nue qui sent l’huitre perlière et le pet inodore de vague brisée dans le flot de Scamandre de son vœu baveux bouche et sa plaie s’ouvrant volontaire à la lance érodée par l’attente qu’elle ose et pénètre c’est tout en surface que le profond dit sa joie profonde jusqu’à l’os de sèche de son absolu des deux pris au filet la pelote des nerfs à vif roule aux parfums de la peau déjantée son char démantelé roule à des vaux étranges et tangue à corps perdu sous la main renversante et dans les plis plus sombres va de ci de là sur le sol fait le sol traine un corps donc le sien traine le char en gorge d’où crisse un pardon une insulte amoureusement voilée par sa roue qui récite son vide rotor lui cogne un front qui sue d’un bronze étourdissant coule le geste en bronze son vœux éternel son miel de soleil de cérumen flatté par l’insulte insulaire au gout salé de temps passé à s’échauffer se palper se coincer dans muscles et peaux chauds remugles dans l’étable où meugle le désir sous le soleil qui rue son foin touche à la mer qui sent le petit coin intimement intime le poil de cahots dans les salines joutes s’étreignent au mors le bouclier entre eux qui est leur chant d’amour le bouclier bouclé dans l’empois de leur deux le nombre convolant leur convoi ventre à ventre pour le ventre à terre vers le beau et grand vide immense du tout dans l’étreinte infinie l’un sa déesse mère lui susurrant sa lance à pleine bouche humide l’autre son dieu père la perçant d’un doux haha mouillé donc les armes mouillées le sol mouillé de larmes mouillées par le regard de l’autre hache aux yeux ouverts béants de l’abyssal néant aux jambes nues de ciel béant devient idiot l’un l’autre coup par coup se donnent se défient la lenteur de l’éclair par le nombre et le réitéré parfum qui cingle la crinière s’offrent la vermine énorme de la joie d’encolure au garrot son odeur alezane contre son remugle deviennent idiots bellement renversés l’un l’autre fluctuant entre prise et reprise et déprise se prisent se cherchant le vide en plein dans son entier arsenal de horions savamment surdosés ventre à ventre et frontaux se broussaillent d’épines s’entrent dans la baie de l’autre toutes voiles dehors le sein nu comme un poisson sorti de la mer l’un pour l’autre offert aux cormorans de leurs ardeurs d’embruns furtifs et décalés pour feindre se donner en fait pour se reprendre à l’un l’autre devenir

FORUM
Pour participer, voir en bas de page>>


Commentaires :

  Les déboires sexuels d’Achille par Patrick Cintas

Tinbad nous signale que ce récit de Gilbert Bourson ne peut figurer dans sa collection fiction car « il part d’un fait mythique » : les déboires sexuels d’Achille. Ce texte devient donc une « épopée » ou plus justement un « chant ».

Publiant ce texte fabuleux dans la RALM en octobre 2015 (vous y êtes), j’avais considéré que cet Achille est un autre. Aussi avais-je cru à une histoire : celle-ci commence en cours, comme une tragédie racinienne (avec ce que cela suppose de passion) ou à l’instar de celle que jeta en pâture notre Claude Simon national.

Pourtant, voici que je reviens sur mes considérations héritées (je n’en doute pas) d’une de ces interminables conversations que Gilbert et moi avons pris l’habitude d’entretenir en dehors des jardins de Pomone.

Phases est un effet un chant, comme extrait d’une Iliade relue et surtout rejouée sur le fil de l’âge et du temps. Faut-il chercher ailleurs dans la colossale rubrique de Gilbert Bourson les autres chants de cette… aventure ?

L’œuvre entière de cet auteur (et interprète) est contenue dans un seul élan scripturaire. Revient-on ainsi à la notion de roman (Ulysses) ? Est-ce le tout qui conseille le roman plutôt que le chant ? Comme le compositeur dépose de la musique sur les mots (ou le contraire), c’est de la poésie que Gilbert Bourson dépose sur son histoire. Que celle-ci se joue au théâtre (comme cela arriva) ou dans une collection éditoriale (espérons dans les meilleures librairies).

Texte court (de la longueur d’un Cid ou d’une Phèdre), il se présente d’un trait, sans ponctuation ni saut de ligne ni de page. Nous voilà invités, le temps d’une soirée (ou d’une matinée), à lire le tout sans actes et à tomber nez à nez avec la fin à la dernière page, puisqu’elle n’a pas lieu. En cas de fatigue ou de doute sur notre capacité à apprécier les bienfaits de l’impatience sur l’attente, on fera lire ce chant par une voix de synthèse, féminine ou autre selon son idiosyncrasie en matière d’écoute. Hortense, par exemple.

Voilà un texte (heureusement court) qui se prête à une lecture à la Vico : une première pour prendre la mesure, une seconde pour en situer les actes (avec une précision de l’ordre de l’année-lumière toutefois) et une troisième pour se poser la question (et y répondre) de savoir à quoi il sert. Car l’art doit servir à quelque chose, comme au Mexique. Je ne saurais trop vous conseiller de vous armer d’un crayon et de la gomme qui va avec. Ne vous fiez d’ailleurs pas aux chapitres ici proposés : je ne me souviens même plus si cette mise en scènes est de Bourson ou de moi… En tout cas, j’ai fait ce que je vous conseille de faire.

Bien sûr, une fois assumées ces considérations de forme et de temps, le contenu hautement sexuel de l’objet prendra toute la place. Ce n’est pas qu’il ne saute pas aux yeux dès la première secousse, mais l’aspect tellurique des coups de reins mettra en sueur le moindre comédien chargé de porter cette histoire à l’écran ou sur la scène. Cette beauté héritée de Sade, Gilbert Bourson nous en éclaire quelques parcelles jusque-là inexplorées. Il y met le paquet. Ne ménageant pas la citation, l’allusion, la révision ni l’invention verbale où les mots, ou plutôt leurs fonctions, se télescopent avec autant de talent que la machine à coudre et la table de dissection, sauf que la machine en question relève des mécanismes de la turgescence et la table du lit et de ses draps ou de ses herbes folles. D’où la nécessité (peut-être) d’un seul souffle et (n’exagérons rien) la dimension tragique (dans le sens théâtral) de cette verve ni fictive ni vraisemblable. La poésie née d’un chant se distingue toujours du chant imité de la poésie.

Patrick Cintas.

 


  Belle lecture de ‘Phases’ par Gilbert Bourson

Merci Patrick pour ta belle lecture de ‘Phases’. J’ai écrit ce truc sans chapitres ni décrochements d’aucunes sortes. Une fois le premier mot lu, la phrase toujours déjà commencée doit se dérouler sans entracte ni pause jusqu’à son impossible fin ; nul coït qui, comme dit Beckett, nous baiserait par son final mesquin. Tragédie ou comédie, peut-être aussi vaudeville. Le théâtre est ici aussi plat que le bord de la falaise qui n’est que la scène où l’on joue le roi Lear. C’est un texte sadien pris dans l’interminable question du désir non pas attrapé par la queue, mais bien par son talon d’Achille le bouillant, foulant notre occident. Et quant aux comédiens qui pourraient s’y coller ils seraient dans l’obligation de haleter, selon les survenues des brouillards Olympiens, ces divins capitons. Merci également pour avoir accueilli ce texte dans la RALM il y a des années en croyant que l’Achille était un personnage du texte en question, alors qu’il est le texte talonnant l’auteur, lequel est à la fois les deux belligérants Achéens et Troyens, le glaive entre les doigts de rose de l’Aurore de son écriture.


  L’amour et la guerre (in Les Lettres Françaises) par Jean-Claude Hauc

Phases,
de Gilbert Bourson. Tinbad Chant, 80 pages, 13 euros.
Melancholia,
de Philippe Thireau. Tinbad Fiction, 52 pages, 11,50 euros.

Les éditions Tinbad viennent de publier deux petits livres dont les sujets voisins font copuler ensemble Éros et Thanatos ; mais ce en des époques bien lointaines. En effet, Phases, de Gilbert Bourson, est à lire comme une réactivation de la violence guerrière qui se déploie dans l’Iliade, survitaminée par Sade, Guyotat, Quignard et quelques autres. Tandis que Melancholia, de Philippe Thireau, évoque la mort d’un soldat pendant la guerre d’Algérie, alors que sa fiancée restée en France lui écrit une lettre d’amour qu’il n’aura jamais le loisir de lire. Ces deux textes sont encore jumeaux dans la mesure où chaque auteur use d’une même prose déponctuée ; puis intervient dans l’ouvrage de l’autre : le premier par une préface, le second par une postface.

Dans l’Iliade, Achille dit de sa colère qu’elle est"douce comme le miel". Gilbert Bourson nous montre quant à lui que celle-ci peut également être âpre comme l’amour. Son texte est plein de corps-à-corps, de sang, de sueur et de sperme."...lui porte le fourreau en plein dans le dur glaive son enfermement lèvres serrées retient le long hennissement le long chant de la plaie ouverte consentante humide de rosée..."Combats, mêlées furieuses. La hache et le glaive se mêlent à la crinière des chevaux éventrés, tandis que les boucliers sont percés par"un dard brutal et délicieux". Le dieu-fleuve Scamandre sort de son cours, furieux contre Achille qui vient de tuer profusion de Troyens. Gilbert Bourson en vient même à suggérer le viol d’Hélène par le chef des Myrmidons. Odeur de la terre en rut et divin cloaque. Épopée endiablée."Du sang et de l’encre jaillissent dans la souillure et dans le meurtre, écrit Pascal Boulanger à propos de Phases. Du virus de la transe, l’écriture témoigne dans un ramassé des corps-à-corps."

Si le livre de Gilbert Bourson relève ainsi de l’exaltation maniaque, Melancholia, de Philippe Thireau, en constitue l’avers. Son narrateur est un jeune homme étendu près d’un oued algérien, fauché par une rafale de o pistolet-mitrailleur. Sa voix traverse la Méditerranée afin de s’adresser à sa fiancée :"...écoute-moi toi là-bas femme bébé écoute l’histoire toi mon histoire enfants nous jouions dans une grange avais peur de toi petite fille de tes yeux interrogateurs..."Cette sorte de nouveau dormeur du val, charogne chantante et pensante, se souvient des cheveux roux de l’aimée qui au même instant est en train de lui écrire une lettre évoquant leur bonheur réduit désormais au seul souvenir :"...nous étions blottis l’un contre l’autre dans le grand lit les vagues déferlaient sur nous à chacune d’elles qui enroulait nos membres nous volions des baisers (baise-moi) baiser de proue baiser de poupe de mât de misaine des baisers partout..."Un grand oiseau venu de nulle part plane au-dessus du corps du jeune soldat mort. Sans doute figure du destin qui se moque aussi bien de l’amour que de la guerre, mais qui également"... ferme prestement l’espace restreint de la faille le rouvrant comme le ferait le diaphragme d’un appareil pho-tographique..."

L’éditeur a été particulièrement bien inspiré de publier en même temps ces deux livres qui constituent les deux faces d’une même médaille et évoquent par là une sorte de"double postulation simultanée"faisant coexister violence euphorique et affliction du deuil.?


  Note de lecture par Pascal Boulanger

(Note de lecture) Phases, de Gilbert Bourson, par Pascal Boulanger


  Entretien avec G. Bourson par Jean-Paul Gavard-Perret

Présentation et entretien réalisés par Jean-Paul Gavard-Perret pour lelitteraire.com.


  Fantaisie militaire par Olivier Rachet

Fantaisie militaire.


  Ne pas laisser finir le “comme ça” par Jean-Paul Gavard-Perret

Ne pas laisser finir le “comme ça” ou retour amont


  Votre livre... par Daniel Jeanneteau

Effectivement votre livre m’attendait bien à l’abri dans une pile de documents accumulés en mon absence. Je viens de le lire.


  Phrase - phases sans emphase ni anaphore par Jean-Paul Gavard-Perret

Phrase - phases sans emphase ni anaphore : Gilbert Bourson.


 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -