|
Navigation | ||
[E-mail]
Article publié le 9 novembre 2015. oOo Le vent se recommande à vous qui passez. Sa force est délicate malgré sa brutale injonction d’imiter sa bonne dépression. Soyez le messager diligent de vous-même. Agitez le feuillage de la nostalgie pour la semer dans le présent qui se trémousse de la dépasser. Le vent est plus rapide quand on le précède. Il ne dit pas ce qui s’en va mais il prend les devants en arrêtant les mots dans la gorge qu’il ferme comme un dictionnaire. On peut aller vers lui poitrine contre poitrine ou c’est lui qui plaque son dos égyptien contre l’hébreu exode de nos omoplates. Dire est le vent sans le vent est image du vent. C’est lui qui ébouriffe les perdrix des robes sur le corps des femmes qui seront des mots qui les soulèveront. Ni discorde ni lutte en lui qui le décoiffe. Son ressac sur l’épaule il court sa prétentaine sur les nerfs mortels des passants en cheveux. Il flaire de son groin distraitement la rue tout en entretenant l’anxiété des antennes et en passant la serpillière sur les voix. Quel vacarme désordonné et qui rend fou disent certains du vent avec un ton haineux comme lorsqu’ils se déchainent sur la poésie.
Ah que salubre est le vent
Arthur Rimbaud |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |