Les formes narratives connaissent les mutations du monde. S’appuyant sur lui, elles trouvent peu à peu leur chemin, grâce à une spéculation permanente. L’auteur, possédant la langue en guise d’outil et l’espace-temps comme laboratoire, procède à leur avancée.
Le repos n’existe pas. Ou plutôt, l’activité continue – l’étant constant pourrait-on dire – le relègue si loin qu’elle le fait disparaître. Qu’il devient inutile. A l’image d’un fleuve dont les différents courants se dispersent plus ou moins hasardeusement, la structure narrative fait en sorte de conserver sa mobilité.
Les genres sont remis en question, tout comme la syntaxe. L’érection d’un style succède à un autre, poursuivant la dynamique de la littérature. Ainsi, la rencontre entre une littérature du passé et une littérature projetée se matérialise, à l’instar, par exemple, de la rencontre historique entre les Gaulois et les Romains. De paisibles et disparates tribus disséminées sur un vaste territoire sans unité rencontrent des hommes d’un autre âge, bien plus avancé, des hommes en mouvement. C’est la collusion entre la vie artisanale faite de codes et l’urbanité en mouvement riche de plusieurs siècles, une urbanité qui avance et transforme, une urbanité résumée en un mot : romanité. La victoire est aisée, l’espace géographique gaulois est révolu, dissous dans l’Empire. Ces moments de rupture mettent aux prises les consciences respectives, et les plus projetées sortent victorieuses. Les cortex du passé, impréparés ou déjà dépassés, sont bouleversés.
Car l’innovation est toujours en marche …