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 Article publié le 21 février 2016.

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Dans le réel - dans ce qui en tient lieu, comme on tient rigueur à l’absent de son absence, après en avoir goûté le si forte présence, peut-être au moins dans l’enfance ou à la faveur d’une passion dévorante - dans le réel, dis-tu, discerner quelques implications qui font foi, agitent, font transpirer ou cogiter.

J’y consens, outre le fait que moi, j’agis plutôt en sens inverse : les implications qui se ramifient m’importent peu, préférant au réseau radiculaire la feuillaison, les frondaisons qui jaillissent pour mieux retomber en floraisons indécentes.

Oui, c’est un fait, je restreins le réel - ce que tu appelais il y a peu encore le réel cousu de ressentiment, le réel flétri, entaché de noirceurs malhabiles - sans aucunement le réfréner. Sa course est toujours folle, proportionnelle au mal qui nous habite.

Aucun intérêt, dans ces strictes conditions dictées par lui seul.

Non, il faut lui dicter nos propres conditions, ajuster les circonstances propices à sa venue dans les grandes largeurs, ce qu’un jour tu osas appeler la grande marée, et pour cela le petit bout de la lorgnette de l’écriture serrée comme un poing sur la francisque s’impose à notre attention jalouse.

La francisque briseuse de glace, la hache qui tranche dans le vif de l’eau solidifiée, la hache opportune du réel insoumis contenu par l’écriture, épuré, restreint, débarrassé des entraves d’une liberté trop grande et trop vaste qu’animent les possibles que nous concevons en son sein. Ils auraient tôt fait, ceux-là, de nous envahir à la façon d’une fourmilière en pleine migration.

L’ouverture ménagée dans la glace nargue le ciel. Wuhne est son nom, là-bas, en terre germanique.

Le réel, alors, se pose là dans le monde incréé qui jaillit à ta vue sous tes doigts.

C’est que le temps est double, incroyablement ductile, et c’est du fond de cette incroyance foncière que tu montes les échelons du monde jusqu’à le perdre de vue, et toi avec.

Si d’aventure il lui prenait l’envie subite de se prendre pour moi, je le ramènerais à la raison. Tu en ferais tout autant, j’en suis sûr.

Tu traces les grandes lignes d’une approche probable qui déroule sous tes yeux quelques possibles choisis par toi, ainsi une grande marée, une pluie fine, une pluie éternelle, une explosion, ce que tu voudras.

S’organise alors en toi autour de toi un monde en gestation que tu as tout loisir de conduire à ta guise ou à sa perte. Qu’il en résulte de suaves mélodies, de cuisantes blessures ou quelques ennuis de courte durée, peu importe.

Faire face est tout ce qui compte pour toi, même dans le reflux de la parole, l’aphasie des actes ou la pléthore des vertus.

 

 

Jean-Michel Guyot

13 février 2016

 

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